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Quand je me réveille, je suis totalement déboussolée, il fait nuit noire. J'allume ma lampe de chevet et inspecte mon réveil. Il est quatre heures trente du matin. Bon, je n'arriverais pas à me rendormir, c'est certain après avoir fait le tour du cadran.

Il y a un mot sur ma table de chevet, c'est l'infirmière qui me demande de l'appeler si j'ai faim à mon réveil. Ils n'ont pas osé me déranger dans mon sommeil, c'est aussi bien. Les nouvelles d'hier m'ont complétement bouleversée, et je n'aurais pas été d'humeur à les recevoir sans péter un plomb. Mon estomac me rappelle que ça ne serait peut-être pas si mal si je me décidais à manger un morceau.

J'appuie sur la sonnette. Quand l'infirmière arrive, elle me propose un petit déjeuner, vu l'heure qu'il est. Je demande un thé et l'accompagne de quelques petits pains, beurre et confiture, et de fruits frais. Le temps qu'elle revienne, je me jette sous la douche la plus chaude possible. Quand j'en sors, un plateau m'attend sur la table. Je déjeune avec appétit en observant les premiers rayons de soleil qui commencent à percer à l'horizon. Pas grand-chose d'autre à voir d'ailleurs.

Ma fenêtre donne sur d'autres bâtiments hospitaliers. Je vois du personnel en train de fumer à l'extérieur, certains rient. Je vois les lumières s'allumer de plus en plus en face. Les locaux reprennent vie, bien que l'heure soit encore très matinale. Ici, je les entends discuter plus bruyamment. Une nouvelle journée commence pour certains qui arrivent, une se termine pour les autres qui ont assuré le service de nuit. C'est la vie qui continue.

Je fouille dans mes placards pour trouver quelque chose à me mettre. Apparemment, même si je ne l'ai pas encore revue, maman m'a apporté quelques vêtements. Je veux être prête à sortir et être présentable quand le médecin passera ce matin. Hors de question de rester en pyjama une journée de plus.

J'enfile un jean et un débardeur noir, et j'y rajoute un petit gilet aux manches trois-quarts, car il fait encore un peu frais à cette heure. Je me rends compte que le tout est un peu lâche et pourtant c'est bien à ma taille. Enfin, celle d'avant. J'ai pas mal maigri pendant mon aventure. Bon, il va me falloir faire sans ceinture je crois, tant pis. Je m'installe dans le fauteuil, et continue d'observer le monde qui s'éveille. Et j'attends.

A neuf heures, le docteur Carter revient me voir. Je m'efforce de sourire, il est important de faire bonne impression. Je ne tiens pas à ce qu'il me garde pour quelque obscure raison.

— Bonjour Ana ! Comment allez-vous ce matin ?

— Bien je crois ! J'appréhende un peu, mais j'ai hâte de revoir mes parents !

— C'est normal ! Me dit-il. Vous vous êtes accoutumée à être seule. Mais cela va bien se passer. D'ailleurs, ils ne vont plus tarder à arriver maintenant.

— Donc c'est sûr, vous me laisse sortir ? Dis-je souriante.

— Bien évidemment ! Vous allez bien, n'est-ce-pas ? D'ailleurs, avez-vous réfléchis à ce dont nous avons parlé hier ?

— Oui et non ! J'ai beaucoup dormi entre temps. Mais j'ai beaucoup de mal à imaginer que tout ce que j'ai vécu ne soit que des fadaises.

— Vous m'auriez dit le contraire, je ne vous aurais pas cru ! Plaisante-t-il. Il va vous falloir du temps pour l'acceptation, ensuite seulement vous irez mieux. Mais si je peux me permettre un conseil, venez nous voir dès que la pression sera trop forte, il n'est pas dit que cela se fasse facilement. Vous pourrez aller bien pendant quelques semaines avant que le choc post-traumatique se manifeste à nouveau, et dans ce cas, nous sommes là pour vous aider.

— Promis ! Répondis-je.

— Je vous laisse, vos parents vont arriver d'une minute à l'autre ! Bon retour à la vie normale Ana ! Prenez soin de vous !

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant