Chapitre 1

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-Bon, dit-elle. Laisse-toi faire s'il te plaît.

Harold ne comprit pas immédiatement pourquoi elle disait cela, avant de brusquement se crisper quand elle releva son T-shirt pour observer sa blessure. Ouch, ne pouvait-elle pas être un peu plus délicate ?!

-C'est pas très beau, commenta-t-elle.

-Ah bon ? répliqua-t-il sarcastiquement. J'ai cru pourtant.

-Ton sang ne me tache pas, ni mes draps, remarqua-t-elle.

-Ton sang ne me tacherait pas non plus, articula-t-il, la mâchoire crispée alors qu'elle touchait les abords de la plaie.

Il grogna lorsque d'un éclair de douleur le traversa tout entier et elle recula sa main.

-J'imagine que de l'alcool et des bandages ne feront pas l'affaire ? interrogea-t-elle.

Il se retint de lui rétorquer une réplique dégoulinante de sarcasme. Les humains, toujours à enfoncer des portes ouvertes. Il détestait cela. Pourquoi s'attarder des heures quand on pouvait aller directement à l'essentiel ? Et puis, que faisait-il ici ? Sur ce lit ? Pourquoi avait-il pris la décision d'apparaître à cette humaine ? Qu'est-ce qui lui avait pris ?! Il était idiot. C'était la chose la plus stupide qu'il avait fait de toute sa vie. Pourtant, il en avait fait des choses stupides. Il aurait mieux fait de rester invisible à ses yeux. Alors, elle aurait actionné ces maudites ondes et Harold aurait enfin trouvé la paix. Au lieu de cela, il se retrouvait allongé sur ce lit qu'il ne connaissait pas, avec une humaine qui lui proposait de l'alcool pour le soigner. Il était vraiment stupide...

Il rassembla ses forces et s'obligea à se hisser sur ses coudes, pour prendre une position assise, appuyé contre la tête de lit. Il grimaça de douleur alors que sa plaie laissait échapper encore plus de sang. Si ça continuait comme ça, il dépasserait le seuil de possible guérison. Et il serait condamné à mourir lentement, se vidant peu à peu de son sang. Il plaqua sa paume contre son flanc, tentant tant bien que mal de retenir le fluide vitale dans son corps.

-J'ai besoin de sel, affirma-t-il en se tournant vers l'humaine.

Elle sembla surprise.

-Que-quoi, du sel ? bégaya-t-elle en fronçant les sourcils.

-Oui, confirma-t-il en hochant la tête.

Mauvaise idée. La pièce se mit à tourner.

-Autant que tu puisses m'en ramener, ajouta-t-il.

Elle resta indécise un moment, avant de se lever et se filer par la porte. Oh, par tous les dieux, pourquoi avait-il essayé de gravir ces escaliers ? Tout cela ne serait pas arrivé s'il n'était pas venu trouver refuge ici en premier lieu. Il laissa son regard fatigué observer la pièce. C'était sûrement la chambre de l'humaine. C'était très simple. Les murs étaient clairs, quatre meubles peuplaient la pièce : le lit sur lequel il était étendu, le bureau et sa chaise, une grosse armoire et une commode blanche sur laquelle reposait un aquarium éteint. Il entendait le filtre emplir le silence de la chambre. Oh, et il repéra une table de nuit près du lit. Cinq meubles. C'était plus ou moins rangé, autant que cela puisse l'être. Qu'est-ce qu'il disait, c'était un véritable bazar. Plusieurs cahiers – de cours peut-être – traînaient par terre, quelques vêtements, des papiers et sur le bureau, un ordinateur éteint ainsi que beaucoup de photos et de babioles s'entassaient. Il appuya sa tête contre le mur derrière lui, soupirant. Pourquoi était-il ici... Ce n'était pas sa place.

Sa réflexion fut interrompue par l'humaine, qui revint avec un bocal entre les mains. La petite sphère de verre était remplie de grains blancs. Du sel, parfait. Il s'en empara quand elle lui tendit l'objet et il enleva le bouchon, le jetant sans ménagement dans la pièce. Puis, il renversa le sel sur sa blessure. Il serra les dents et se crispa violemment quand les grains le brûlèrent plus sûrement qu'une lame chauffée à blanc, mais ne reposa la sphère en verre que lorsqu'elle fut vide.

DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant