Chapitre 7

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-Attends, elle veut vivre à la surface par amour ?! s'exclama Harold avec incrédulité.

Astrid haussa les épaules.

-C'est un peu toujours comme ça dans les films Disney, répondit-elle. Les anciens du moins.

-Mais... fit Harold, qui ne semblait pas comprendre les motivations d'Ariel, la Petite Sirène. Elle n'a fait que l'apercevoir sur un pont...

-Je sais, rit Astrid. Mais qu'est-ce que tu veux, elle est facilement influençable.

Elle avala un autre sushi. Ce n'était que le début du film et déjà, Harold avait fait des dizaines de commentaires qui la faisaient mourir de rire. Il s'était d'abord insurgé de voir que les crabes parlaient, ensuite que les sirènes filles étaient de la même taille ou plus petites que les sirènes garçons. Il avait affirmé que dans la réalité, si une ondine faisait la même taille qu'un ondin, c'était qu'elle n'était pas encore adulte. Il affirma ensuite que si les ondins chantaient bien, c'était surtout pour chasser dans l'eau, à la manière d'un sonar, et qu'ils n'avaient à aucun moment un ami crabe pour les convaincre de rester sous la surface. Ils n'avaient pas besoin de motivation pour rester sous l'eau.

-D'ailleurs, pourquoi est-ce que vous ne vivez tout simplement pas dans l'océan ? s'étonna Astrid. Je veux dire, il n'y a pas d'ondes là-bas.

-Si c'était aussi simple, railla Harold. Il n'y a presque plus de nourriture qui ne soit pas à moitié radioactive à cause des ondes de la surface. C'est justement l'océan qui récupère les déchets de vos plus gros systèmes de sécurité. C'est moins dangereux de vivre sur terre.

Il mangea à son tour un sushi. Il n'avait pas menti, il aimait vraiment ça. Astrid haussa les épaules et revint au film.

Quand il fut terminé, elle se tourna vers Harold pour l'interroger du regard.

-Il y a des tonnes d'erreurs, répondit-il immédiatement. Et en plus, on a pas besoin d'un sortilège pour avoir des jambes, ajouta-t-il. Et on perd pas notre voix. Enfin bref, ce film est plein d'erreurs.

-Je n'ai jamais vraiment aimé la Petite Sirène de toute façon, répondit Astrid en haussant les épaules. Mais je me suis dit que ce serait marrant de le regarder avec toi. J'avais raison.

-Je me demande quand même comment elle a fait pour choisir un prince à sa propre famille... commenta Harold. Si moi, j'avais encore ma famille...

Il se tut et frémit. Astrid lui jeta un regard compatissant. Ses parents devaient affreusement lui manquer.

Un silence s'installa. Ils avaient terminé leur repas et le générique du film défilait à la télé. Harold ne disait rien et à vrai dire, Astrid ne savait pas vraiment quel sujet aborder. Elle aurait bien voulu en savoir plus sur les personnages du dessin, sur Krokmou, sur Harold en lui-même mais... Elle n'avait pas l'impression d'être légitime. Certes, elle l'aidait à se soigner, elle lui offrait un abri et de quoi largement survivre mais... Elle était humaine. Et les humains chassaient les ondins comme Harold. N'importe qui d'autre aurait appuyé sur ce maudit bouton d'urgence dès qu'il aurait aperçu la silhouette d'Harold sur l'écran. Pourquoi ne l'avait-elle pas fait ? Elle ne savait pas vraiment, même si elle ne le regrettait pas. Plus.

-Où en est ta blessure ? demanda-t-elle finalement.

-Ça devrait être soigné d'ici demain, assura Harold en posant comme par réflexe la main sur son flanc. Le sel s'effrite de plus en plus.

-Comment tu t'es fait ça à la base ? interrogea Astrid avec curiosité.

-Je ne me le suis pas fait, corrigea Harold. On m'a blessé. Une équipe d'exterminateur m'avait repéré en train de chercher à manger à l'arrière d'un restaurant.

DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant