Chapitre 5

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Est-ce que j'ai oublié de poster hier ? Oui.

Ils s'installèrent à cinq-cents mètres environ de la barrière, camouflés grâce à un virage. Dès qu'Astrid posa ses affaires, Harold se dirigea vers l'eau.

-Hey, attends, tu ferais pas mieux d'enlever ta veste avant ? le retint Astrid.

Il n'avait déjà pas beaucoup de vêtements, s'il ruinait encore plus ceux qu'il portait, jamais elle n'aurait assez d'argent pour lui en racheter des neufs. Mais il se contenta de lui adresser un sourire complice. Il étudia le rocher plus ou moins plat vers lequel il se dirigeait auparavant, avant de se mettre brusquement à courir. Astrid l'observa sauter dans l'eau en se disant qu'elle avait eu une bonne idée en lui montrant cet endroit. Elle n'était pas sûre de comprendre combien l'eau lui avait manqué.

Elle fut interrompue dans ses pensées par l'exclamation de joie d'Harold, qu'elle vit sauter hors de l'eau. Elle faillit s'étouffer avec sa propre salive. Il avait une queue de sirène. Elle qui pensait avoir tout entendu après cette histoire d'œufs, elle constatait qu'elle se trompait lourdement. Quels autres secrets Harold lui cachait-il ? Elle se rendit également compte de la confiance qu'il devait placer en elle. À tout moment, elle pouvait le trahir et appeler une entreprise d'extermination, ou même utiliser le couteau en titane qui dormait pour l'instant dans sa poche. Et pourtant, il lui en avait déjà dit beaucoup. Avec tout ce qu'elle savait, elle pourrait facilement faire en sorte d'éliminer complétement les démons de la planète en confiant ces informations à la mauvaise personne. Elle sourit d'autant plus largement quand Harold nagea vers elle, se hissant sur le rocher à la force de ses bras. Elle se promit de ne jamais le trahir. Elle ne le connaissait pas depuis si longtemps que cela finalement. Pas même trois jours entiers. Et pourtant, il lui inspirait une confiance sans faille. Peut-être était-ce une autre particularité des ondins ? Mais Astrid en doutait. Harold était juste... Harold. Et cela suffisait.

Elle s'approcha, s'asseyant en tailleur à côté de lui sur le rocher.

-Eh ben, commenta-t-elle en observant la queue écailleuse qui avait remplacé ses jambes. Tu te fais passer pour la Petite Sirène ?

-Qui est la petite sirène ? s'étonna Harold en fronçant les sourcils.

Astrid rit.

-Je te montrerai le film si tu veux, mais je te préviens, ça risque de ne pas te plaire. C'est l'histoire d'une sirène qui veut vivre sur terre.

-Alors premièrement, je ne suis pas une sirène, je suis un ondin, corrigea Harold. Ensuite, elle est bizarre, ta sirène.

Astrid rit de nouveau, avant d'observer plus en détails les nouveaux traits d'Harold. La peau et les écailles se fondaient ensemble au niveau de ses hanches et le dégradé remontait jusque sur ses flancs. Des branchies frémissaient sur les côtés de son cou. Si ses cornes étaient toujours là, identiques à auparavant, sa queue pointue avait disparu. Et à la place de ses jambes, une longue queue de sirène. Enfin, d'ondin. Des milliers de minuscules écailles rouges vibrants et noires de jais la recouvraient, scintillant au soleil. La fine membrane de ses nageoires pectorales, dorsale et caudale, laissait passer la lumière et colorait le rocher en-dessous d'un rouge doux et dansant, tout comme celles qui palmaient ses doigts. Quant à ses vêtements... Ils avaient disparu. Astrid ne les voyait pas flotter à la surface du lac, il ne les avait donc pas retirés. Mais il avait eu l'air de savoir ce qu'il faisait.

-Tu as gagné un bon mètre là, s'amusa Astrid. Tu gagnerais au concours de l'homme le plus grand sur la planète.

En effet, ses jambes faisaient très courtes comparées à la longueur de sa queue.

DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant