Summer '09

Chapitre 2

Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'arrivée d'Evanna et Ingrid sur le sol anglais. En arpentant l'appartement, elles avaient découvert une chambre d'amis dans des couleurs plus neutres que les leurs, une salle de bain commune en plus de celles attenantes à leurs chambres, et une cuisine fonctionnelle et totalement équipée. Deux portes leur avaient réservé la surprise de deux immenses dressings où leurs vêtements étaient déjà rangés. L'immeuble possédait une salle de sport et une piscine, et des gardiens veillaient à la sécurité des habitants la nuit. Leurs voitures avaient été achetées deux jours avant la rentrée : deux Mini Cooper, une rouge pour Evanna et une bleue pour Ingrid. Cela faisait une semaine qu'elles avaient repris les cours, et c'est avec joie qu'elles voyaient le week-end arriver.

Evanna était tranquillement installée dans un fauteuil devant leur télé à écran plat, attendant qu'Ingrid finisse les cours pour sortir en ville. Elles ne suivaient pas le même cursus : tandis qu'Ingrid poursuivait ses études de droit qu'elle avait entamées au Brésil, Evanna était à présent dans une des plus grandes écoles de commerce du Royaume-Uni. Toutes les modalités pour leurs transferts avaient été gérées par les parents d'Evanna avant même que l'appartement soit acheté, afin qu'elles puissent venir à Londres en toute sérénité. La première semaine s'était plutôt bien déroulée : elles avaient repris leur rythme de travail, toutes deux étant très sérieuses et investies quand il s'agissait de leurs études, et elles s'étaient liées d'amitié avec certains de leur camarades.

Contrairement au comportement qu'elle avait eu lors de son dernier transfert, Evanna ne s'était pas refermée sur elle-même. Elle avait été très ouverte et avenante avec tous ceux qui venaient lui parler, et ce soir elle devait aller en boîte avec certains d'entre eux. Elle allait bien sûr emmener Ingrid, qui avait donné rendez-vous à des camarades de sa promo. Ils seraient six, et Evanna appréhendait un peu la rencontre entre ses nouveaux amis et Ingrid.

Elle profitait pour l'instant d'un repos bien mérité, avant d'aller prendre un café avec Ingrid dès qu'elle rentrerait. En explorant la ville, elles avaient trouvé un salon de thé dont elles étaient immédiatement tombées amoureuses, et elles y allaient aussi souvent que possible. Tout y était délicieux, et l'ambiance était idéale pour se détendre après une dure journée de cours. De plus, les prix n'étaient pas excessifs, Ingrid pouvait donc se permettre d'inviter Evanna de temps en temps, ce qui la faisait se sentir moins coupable de dépendre autant d'elle au niveau de ses finances. Les parents d'Evanna avaient dû insister pour qu'elle accepte qu'ils payent tous les frais de l'appartement qu'elles partageaient. Ils adoraient Ingrid, et elle faisait partie de la famille pour eux. Elle avait beaucoup aidé Evanna à se remettre, à reprendre goût à la vie, et cela était très important pour eux. Ils avaient une dette envers elle, bien que la jeune femme soit intimement persuadée du contraire.

Lassée de la série sans intérêt qu'elle avait vainement tenté de suivre, Evanna prit la télécommande et mit une chaîne de musique. Une musique électro passait, mais touchait heureusement à sa fin. Elle fut instantanément remplacée par un clip qui ressemblait plutôt à un film, avec une vue aérienne sur les énormes lettres de Hollywood. Vaguement intriguée, elle regarda le clip pour tâcher de comprendre. Le nom de l'artiste apparut enfin : One Direction. Elle avait déjà entendu parler de ce boysband, mais elle prêtait tellement peu d'attention aux nouveaux phénomènes musicaux qu'elle ne savait pas du tout ce qu'ils faisaient.

Elle crut alors se décrocher la mâchoire quand elle le vit. Devant elle, sur son écran, en train de se pavaner avec ses amis ou collègues, faisant le show pour toutes les fans qui regardaient le clip. Souriant, plaisantant, se ridiculisant. Exactement le même que lorsqu'elle était partie. Il avait changé physiquement, c'était indéniable, mais elle le reconnaissait parfaitement. Ses mimiques étaient les mêmes, elle avait passé tellement de temps à l'observer rire et faire l'imbécile que chacune de ses expressions étaient gravées dans sa tête.