♤.Prologue

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Thomas Edison se réveille en sursaut. Sa respiration est hachée et de la sueur coule le long de sa tempe, trempant son front et collant ses cheveux bruns entre eux. Son coeur bat vite et fort, comme s'il venait de courir pendant plusieurs heures d'affilées.
Il se redresse péniblement dans son lit, essuyant ses yeux larmoyant à l'aide de ses mains, un souffle saccadé sortant de sa bouche.

Thomas essaye de reprendre une respiration normale en inspirant et expirant lentement, tentant de calmer son coeur qui bat beaucoup trop fort et beaucoup trop vite. Il regarde autour de lui, promenant ses yeux dans sa chambre, cherchant quelque chose qui le rassurera. Pas ses dinosaures en plastiques. Ni sa gameboy. Encore moins son ballon de foot usé, tellement usé qu'il y a plus de déchirures que de cuire autour de la sphère. Son regard tombe sur son poster des Avengers. Plutôt rassurant. Les superhéros seront là pour le sauver si jamais il doit lui arriver malheur. Il n'a pas à s'en faire.
Peu à peu, sa respiration se calme et son coeur reprend une vitesse normale.
Mais les images de son cauchemars reviennent dans sa tête par flash.
C'est le même.
À chaque fois.

Thomas tourne la tête vers la fenêtre de sa chambre. Un rayon de lune est filtré par les rideaux et éclair le mur en face de la fenêtre, dessinant une barre blanche sur le papier peint bleu ciel. Le brun enlève la couverture de son corps, la fraîcheur de la nuit le faisant frissonner, et pose ses pieds sur le plancher. Il se lève doucement et se dirige vers la porte. D'un geste lent, il tire le battant vers lui, grimaçant au son désagréable que cela produit. Un faible grincement, pourtant si bruyant dans la maison silencieuse.

Il n'a pas le droit de faire de bruit. Son père lui a dit qu'il recevait des hommes d'affaires important ce soir et qu'il ne devait pas se montrer ni les embêter.
Mais les souvenirs de son cauchemars le pousse à descendre les escaliers pour rejoindre la salon. Sur la pointe des pieds, il évite la marche qui fait du bruit, et atteint rapidement le hall d'entrée. Des éclats de voix se font entendrent et une lumière vive, provenant d'une porte grande ouverte, se déverse en un arc de cercle jaune brillant sur le sol en céramique de l'entrée. Thomas inspire un grand coup et avance sans faire de bruit jusqu'à la porte ouverte du salon. Son petit corps d'enfant de 10 ans se poste devant la porte ouverte, à la vue de tous ces hommes d'affaires qui discutent entre eux. Il sent l'anxiété prendre possession de lui, la peur que lui a procuré son cauchemars se mélangeant à la culpabilité de déranger son père pour si peu. Il devient grand maintenant. Il ne devrait plus avoir peur de ce genre de chose et se relever en pleine nuit pour rejoindre la présence rassurante de ses parents. Il s'apprête à faire demi-tour, mais son père se retourne à cet instant. Son regard bleu transperce Thomas de part en part et une vague inquiétude se lit sur son visage quant à la présence de son fils dans le salon à cette heure-ci.

Son père est un homme grand et fort, avec des lunettes en écaille verte et une barbe de trois jours. Il a toujours été très proche de son fils, essayant d'être présent le plus possible malgré son travail qui lui prend beaucoup de temps. Il possède une grosse compagnie d'entreprises et reçoit souvent des gens chez eux pour diverses affaires. Affaires qui rendent leur famille très aisée. Thomas adore son père. Il l'aime de tout son cœur et profite un maximum du temps passé à ses côtés.
William Edison est quelqu'un de délicat et d'intelligent. Il est juste avec son fils, et sait être autoritaire quand il le faut. C'est lui que Thomas vient trouver quand il cauchemarde. Et si son fils se retrouve dans le salon à cette heure tardive, c'est que son esprit lui a encore joué des tours.

- Thomas ?

Le petit garçon se balance sur ses pieds, mal à l'aise.

- J'ai fait un cauchemars, dit-il en évitant le regard des grandes personnes autour de lui.

William se lève de son fauteuil et prévient distraitement les autres hommes qu'il revient rapidement. Il sort du salon en prenant la main de son fils et l'emmène à l'étage. Thomas et son père restent silencieux en montant les marches de l'escalier, évitant d'un geste machinale celle qui fait du bruit. Le petit garçon sert fort la main de son père dans la sienne, gardant ses yeux rivés sur ses pieds.

Une fois dans la chambre de Thomas, William recouche son fils et prend bien soin de le border avant de s'assoir à ses côtés. Le brun triture la couverture en regardant ailleurs, ses yeux fixant un point imaginaire.

- C'était le même rêve que d'habitude, demande William en essayant de capter l'attention de son fils.

Thomas fait oui de la tête sans pour autant poser son regard sur son père.

- Il y avait tout le monde ?

- Oui, chuchote Thomas. Le lapin blanc, la chenille, la petite souris, les deux frères, le chat, le Chapelier... Et le garçon blond.

Un sourire se forme sur les lèvres de Thomas en prononçant la fin de sa phrase, ce qui n'échappe pas à William.
Un silence passe, et Thomas tourne la tête vers son père. Il a les traits sérieux et fronce légèrement les sourcils. Puis, en articulant chaque mots, il demande :

- Est-ce que je suis fou papa ?

William lui sourit. Il caresse délicatement ses cheveux, remettant une mèche brune en place au passage, puis répond :

- Bien sûr que oui. Mais ne t'inquiète pas, la plupart des gens bien le sont.

Thomas sourit à son tour, ses yeux caramel pétillant de malice enfantine. William dépose un baiser sur son front et se lève du lit. Il s'approche de la porte et se tourne vers son fils.

- Il faut que tu dormes Thomas. Tu n'as pas à avoir peur de tes cauchemars. Ce sont tes rêves, et tu peux les contrôler. Si jamais tu vois que la situation t'échappe, pince-toi le bras. Ça te réveillera aussitôt.

Thomas acquiesce et remonte légèrement la couverture sur lui, jusqu'à son cou. Son père ouvre la porte et commence à sortir de la pièce, mais la voix de son fils s'élève derrière lui.

- Si on est amoureux, on est quand même quelqu'un de bien ?

William s'arrête dans son mouvement. Il se retourne et fait face à Thomas qui le regarde fixement. Il est prit au dépourvu, ne s'attendant pas à ce que son petit garçon de 10 ans ne lui pose cette question.

- Pourquoi cette question, Thomas ?

Les joues du petit garçon se teinte légèrement de rouge. Il baisse la tête en se mordant la lèvre.

- Je lui ai fait un bisou sur la bouche papa.

- À qui donc ?

- Au garçon blond du Pays des Merveilles.

Thomas In Wonderland Où les histoires vivent. Découvrez maintenant