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- Comment ça "à cause de vous", demande Thomas, incrédule.

Le Chapelier soupire et pose son regard sur l'horizon. Il paraît dix fois plus vieux que d'habitude et ses yeux reflètent la douleur des souvenirs passé. Thomas sent le blond bouger à ses côtés et il se tourne vers lui.

- Chapelier, dit Newt d'une voix douce, je peux raconter à ta place si tu ve-

- Non, c'est à moi de le faire, le coupe le Chapelier d'une voix éteinte. Il se met alors à parler très vite, comme si accélérer le flot de ses paroles permettait de se débarrasser de ses souvenirs plus facilement. Lors de l'annonce de la grosse tête qui disait que la Gigue-en-délire serait interdite, Newt et moi nous sommes rebellés. Le jour qui a suivit l'annonce, nous nous sommes rendus sur la place du village et nous avons dansé à nous en casser les jambes et détruire les articulations. On a dansé pendant plusieurs heures sous les regards inquiets, amusés ou même scandalisés des autres villageois. Mais la grosse tête est arrivée bien vite, accompagnée de son horrible tête de rat de compagnie, et elle s'est mise à hurler, hurler, hurler. Sa tête a gonflée encore plus que maintenant et elle s'est mise à frapper du pied par terre en ordonnant à ses sujets de nous attraper. Seulement, Newt s'est envolé en me tenant par les bras, hors de portée de la grosse tête. La Reine Rouge est alors entrée dans une colère terrible et je lui ai crié qu'elle était tombé bien bas en nous empêchant de dansé et que si elle continuait de s'enfoncer ainsi, il n'y aurait plus que sa grosse tête qui dépasserait du sol comme un radis géant.

Thomas écoute l'histoire du Chapelier avec attention, mais n'arrive pas à rire de sa dernière phrase. Les paroles de l'homme reste coincées au fond de sa gorge, comme un bouchon trop difficile à avaler. Il sait que ce n'est que le début de l'histoire, et pourtant, il se sent déjà glacé de la tête aux pieds.

- Je n'aurais jamais dire ça. La grosse tête a alors piqué un fard et elle s'est tournée vers la foule dans un élancement de rage. Les villageois se sont reculés, apeurés, sauf une petite fille de trois ans qui est restée où elle était. Avant que ses parents ne puissent l'attraper par le bras, elle s'est mise à rire en pouffant des "gros radis rouge". Tout le village a retenu son souffle et la grosse tête a annoncé d'une voix calme à ses gardes d'emmener la petite fille. Je l'ai regardé partir sous mes yeux impuissant, pleurant et frappant sur le dos du garde qui la tenait dans ses bras. Ses parents ont hurlé et gémis à la mort mais ils n'ont rien pu faire. Le soir, alors que le village tentait de s'endormir, nous avons entendus le bruit d'une lame fendant l'air et la répercussion de la hache sur un objet dur.

Thomas a l'impression d'avoir perdu sa langue. Jamais une histoire ne lui avait autant donné la chaire de poule. Le visage du Chapelier semble tellement éteint et hors de lui que ses traits en deviennent presque grisâtre et sans couleur. Il fixe l'horizon en marchant lentement, certainement assaillit par le reflux de souvenirs qui émane à l'intérieur de sa tête.

Thomas In Wonderland Où les histoires vivent. Découvrez maintenant