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Les paysages défilent devant ses yeux caramel vides de toutes émotions. La tête ballottée contre la vitre de la Mercedes, Thomas laisse son esprit vagabonder librement. Les même pensées reviennent souvent dans sa tête.
La demande en mariage qu'il doit effectuer aujourd'hui, l'entreprise de son père qui lui revient de droit, ses rêves à répétition, et le goût sucré de fines lèvres roses se posant sur les siennes.
Même 10 ans plus tard, il n'a pas oublié. Il n'a pas oublié son baiser avec le garçon blond du Pays des Merveilles. Ça avait l'air si réel. Son coeur a vraiment battu la chamade. Il a vraiment sentit les lèvres de ce blondinet sur les siennes. Ce fût, bien entendu, un baiser d'enfant de 10 ans, lippes fermées, bouche contre bouche. Quelques secondes tout au plus. Mais ce fût assez pour que Thomas s'en souvienne et conserve ce souvenir durant toutes ces années.

Il est maintenant âgé de 20 ans et doit demander en mariage Teresa Paige, la fille d'un ancien collègue de son père. Un mariage qui arrange tout le monde, promettant aux deux familles encore plus de richesse et de puissance.
Mais Thomas n'a aucune envie de se marier.
Il est trop jeune pour ça. Il n'a que 20 ans. Et il devrait avoir le droit de choisir qui il veut épouser. Teresa est peut-être très jolie et très riche, il n'en reste pas moins qu'elle est insupportable et qu'il ne peut pas la voire en peinture. Alors se réveiller à ses côtés chaque matin reviendrait à exécuter une descente aux enfers.

- Tu es encore dans la lune, Thomas.

Ledit Thomas tourne sa tête vers la voix qui vient d'interrompre ses pensées. À côté de lui, sa mère le regarde avec lassitude, comme si elle était habituée à voir son fils ailleurs que dans le vrai monde.
Habillée d'une très chic robe rouge, elle a relevé ses cheveux bruns en un chignon compliqué et laqué le tout avec un gel brillant. Elle étincelle. Thomas ne peut pas nier que sa mère est belle. C'est une femme remarquable qui l'a élevé toute seule en lui donnant l'amour qu'il mérite. Mais Thomas ne sera jamais proche d'elle comme il était proche de son père. Trop de choses les séparent. Leurs philosophies respectives sont complètement opposées.

- Les rêves sont un moyen de s'évader, alors laisse-moi m'en aller loin de cette voiture qui me conduit tout droit à un futur conditionné, dit simplement Thomas en regardant ses mains se tordrent entre elles.

Kate Edison fait la moue, fronçant les sourcils. Elle sait très bien que Thomas ne veut pas que l'on lui dicte sa vie, mais ce mariage avec Teresa est un excellent moyen de gagner plus d'argent et d'obtenir un empire plus puissant. Il arrange tout le monde et ouvre de nombreuses portes. Alors ce que veut son fils dans tout ça n'est qu'un problème mineur qu'elle a écarté d'un geste de main parfaitement manicurée.

- Je sais que tu ne cautionne pas ce mariage, Thomas. Mais, sincèrement, je ne vois pas de quoi tu te plaints ! Teresa est une fille magnifique et très intelligente. Elle est grâce et délicate. Tout ce qui fait d'elle une excellente épouse. Et arrête de parler des rêves comme s'ils servaient à quelque chose. Les rêves ne sont qu'un ramassis d'idioties causés par notre esprit. Ils sont inutiles.

Thomas tire automatiquement sur sa veste de costard noire pour essayer de se calmer et d'oublier la douce chaleur propre à l'agacement qui monte en lui. Il n'aime pas la philosophie de sa mère. Il n'aime pas Teresa. Et il n'aime pas qu'on le force à faire des choses dont il n'a pas forcément envie.

- Papa dit qu'il ne faut jamais arrêter de rêver, que les rêves sont là pour nous libérer de la réalité quelques instants.

- Ton père est mort, réplique durement Kate en détournant le regard. Ce qu'il disait n'importe plus grand monde, Thomas. Et cesse donc de parler de lui au présent.

La colère bouillonne dans le ventre du brun, pour de bon cette fois. Il déteste la manière qu'a sa mère de lui rappeler que son père n'est plus de ce monde depuis un bout de temps. Il se met dos à sa génitrice et repose sa tête sur la vitre de la voiture, regardant le ciel se teinter d'orange et de rose au fur et à mesure que le soleil descend pour se cacher derrière l'horizon. Il sait que sa mère est dure car son maris lui manque. Elle n'a jamais vraiment finit son deuil. Et même si les apparences sont quelques peu trompeuses, elle était très amoureuse de lui et le restera pendant encore longtemps.

Thomas ferme les yeux, souhaitant retourner à ses pensées sans que personne ne le dérange, souhaitant se couper du monde quelques instants. Les limbes du sommeil lui ouvre peu à peu ses portes, et, bercée par une voix qui ne lui est plus inconnue, une voix grave à l'accent anglais très sexy, il s'endort contre la vitre de la Mercedes.

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Le chauffeur se gare quelques instants plus tard dans une grande allée entourée d'arbustes. Une foule de gens se presse à l'intérieur d'une immense maison blanche, traversant le grand parc qui l'entoure.
Thomas descend de la voiture sans attendre le portier et inspire une grande goulée d'air frais. Une odeur de fleurs et de pelouse fraîchement tondue lui chatouille le nez et la chaleur de l'été le plonge dans une sensation de bien-être. Sensation qui disparaît aussitôt quand il se rappel que, dès ce soir, il sera marié.

Kate Edison s'approche de lui et prend son bras de ses mains gantées, sortant Thomas de ses pensées.

- Teresa et ses parents nous attendent à l'intérieur, l'informe sa mère.

Thomas se retient de lui dire qu'ils peuvent attendre encore longtemps, car il ne se mariera jamais avec Teresa. Mais il ne le dit pas. Il le pense très fort, comme une promesse faite à lui-même.
Sa mère et lui traversent le parc qui entoure la bâtisse, Kate n'arrêtant pas le flot de compliment qui sort de sa bouche quant à l'entretien des tulipes et à la symétrie des fontaines, et ils arrivent rapidement devant l'immense porte en chêne. Thomas à l'impression d'être à Poudlard. Sauf que rien n'est magique, tout est vantardise et égocentrisme.

Un majordome leur ouvre la porte et Thomas doit plisser les yeux pour distinguer l'intérieur de la maison tant la lumière est forte. Une fois qu'il retrouve une vue convenable, il faillit s'évanouir en voyant le nombre d'invité présent.
Plus de 300 personnes parlent et dansent au milieu du grand hall.
Les dames portent toutes des robes magnifiques et très chères, tandis que les hommes se sont munis de leur plus beau costard.
Il n'y a pas que les invités qui sont magnifique. La décoration est raffinée et superbe à souhait. C'est une grande maison moderne remplie de mobilier high-tech et de tableaux de grandes valeurs. Une immense baie vitrée donne sur le jardin où l'on peut apercevoir une piscine et un jacuzzi.
Le cliché des familles aisées.
Cela n'empêche que la chose qui frappe le plus Thomas, c'est le nombre d'invités. Autant de gens qui vont assistés à sa demande en mariage. Qui vont être témoin de la fin de sa liberté.
Thomas sent comme un gros coup dans sa cage thoracique. Il ne peut pas se marier ce soir, c'est impossible. Pas avec Teresa. Pas avec elle.

Et d'ailleurs, quand on parle du loup, la voilà qui arrive. Thomas ne peut pas nier qu'elle est quand même très belle. Sa robe moulante bleu marine met en valeur ses courbes délicates, et ses cheveux bruns attachés en un chignon natté sur le haut de sa tête lui donne en maturité. Un fin collier argenté brille autour de son cou et ses bras rayonnent de bracelets en tout genre. Elle marche vers eux de sa démarche planante, affichant un sourire blanc à faire pâlir une pub de dentifrice.
À ses côtés, sa mère, Ava Paige, tient par le bras un grand homme avec une moustache fournie. Sa mère aussi est très belle, mais elle est complément l'inverse de sa fille. Ses cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules dévoilées et sa robe blanche cintrée à la taille la fait briller d'une aura de puissance. Elle ne possède qu'une seule et unique bague et a pourvu ses oreilles de grosses créoles.

Dans un concert de compliments et de niaiseries, les deux familles se saluent. Thomas fait la bise à Teresa, respirant une grande gorgée de son parfum à 3 zéros. Il sert simplement la main de l'homme à la moustache et laisse Ava le prendre dans ses bras. Sa mère paraît aux anges tant elle sourit.
Lui aussi sourit et essaye de montrer qu'il est très heureux. Mais jamais son sourire n'a été aussi faux et dépourvu de sens.
Il croise les yeux bleus électriques de Teresa et détourne le regard, sentant toute la pression qui tombe sur lui d'un seul coup.

Ce soir, il se maris.

Thomas In Wonderland Où les histoires vivent. Découvrez maintenant