Chapitre 9

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Sa punition levée par la reine et cette bonne nouvelle en tête qui était que Céline attendait un enfant, Scyllia se baladait dans le palais d'un pas léger et sautillant. Le soleil de l'après-midi traversait les grandes fenêtres et réchauffait l'intérieur tout en invitant les personnes à sortir. Il lui restait encore du temps avant de rentrer à l'académie et une idée lui avait traversé l'esprit pendant qu'elle n'écoutait pas le conte Loïde. Lise, qui s'était rendue au palais une semaine avant, lui avait parlé des jardins et du nouveau parcours de promenade qui venait d'être achevé. S'y balader lui permettrait de prendre un peu l'air et de tuer le temps.

Tu ne veux pas attendre d'être avec Alex pour y aller ? s'étonna le démon.

C'est vrai, elle aurait aimé le découvrir avec lui, mais le jeune noble ne sortait que très rarement de l'académie ces temps-ci. Il avait un peu de mal à assimiler les derniers cours et voulait absolument les comprendre pour ne pas peiner par la suite ou ralentir les autres. Elle ne pouvait malheureusement pas l'aider vu qu'il s'agissait principalement de cours sur la magie rouge. Ironiquement, sa sœur qui avait parlé à la prétendante de ce jardin avait les mêmes difficultés que lui, mais était beaucoup moins inquiète à ce sujet-là

C'est donc seule que Scyllia descendit les étages du palais et sortit par l'une des portes arrière qui menait aux jardins. Sur le parvis, la prétendante embrassa du regard l'étendue de verdure parsemée de centaines d'autres couleurs. De ce côté-ci du palais, elle n'avait pas l'impression de se trouver dans une grande ville. Pas un son des rues ne parvenait jusqu'ici, ce qui devait faire de cet endroit l'espace public extérieur le plus tranquille de la capitale.

Sans se presser, Scyllia descendit les quelques marches devant elle et s'engagea sur une portion de l'ancien chemin de promenade qui menait au nouveau. En quelques minutes, elle croisa aussi bien des nobles de la cour que de simples habitants. Le roi avait été clair à ce sujet, les jardins étaient ouverts à tous tant qu'ils respectaient les règles.

Celles-ci n'étaient pas bien nombreuses, il n'y en avait d'ailleurs que deux de vraiment importantes. La première était de rester sur les chemins, et la seconde était qu'il ne fallait pas cueillir les fleurs. C'était à cause de cette dernière règle qu'Enzo avait interdiction d'y mettre les pieds. Le directeur avait trouvé une toute autre utilité à ces jardins.

Vu qu'ils étaient bien plus fournis et qu'il y avait bien plus de variétés de plantes que dans ceux de l'académie, il avait pendant longtemps utilisé les plantes du jardin du palais comme ingrédients pour ses expériences alchimiques. Lorsque ses actions furent découvertes, le roi avait envoyé plusieurs gardes fouiller son laboratoire et lui confisquer toutes les plantes qui venaient d'ici. Au final, Enzo s'était retrouvé avec ses étagères totalement vidées et avait reçu, en prime, une interdiction d'approcher les jardins du palais.

Malgré tout, tout ceci n'était peut-être qu'une histoire. Elle l'avait entendue de la bouche d'un noble lors de l'un des anniversaires du roi, mais ni Lucas, ni Enzo ne l'avait confirmée. Dans tous les cas, si elle était vraie, cela lui ressemblait parfaitement et si elle était fausse, il aurait très bien pu le faire de toute façon.

Sur le chemin, la prétendante croisa deux nobles qui, en la voyant, firent une révérence pour la saluer. L'adolescente leur rendit cette politesse et leur sourit avant de continuer, mais cela lui rappela ce que lui avait dit le roi après avoir entendu la bonne nouvelle. En tant que sa pupille, elle était considérée dans bien des aspects comme une véritable princesse et cela se voyait dans l'attitude qu'avaient certains membres de la cour lorsqu'ils étaient en sa présence.

Princesse de Tremiss. Avoue que ce titre te plaît, rit Shed.

Pas tellement en vérité. La vie qu'elle menait au manoir de la famille Emvar était plaisante et elle s'y était faite avec le temps. Ce mode de vie devait se rapprocher de celui d'une princesse sans tout l'enjeu politique qui se cachait derrière ce titre, mais elle aimait tout autant les choses simples et n'oubliait pas le petit village presque perdu dans la campagne dans lequel elle avait vu le jour et passé la première moitié de sa vie.

Scyllia tome 5 : IstramOù les histoires vivent. Découvrez maintenant