Chapitre 14

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 Tournant sur elle-même, Scyllia observa l'endroit où elle avait atterrie après sa téléportation. Il n'y avait aucun doute possible, elle se trouvait bien devant le manoir de sa famille, à Atora. Enzo était décidément plein de ressources, pensa-t-elle. Même s'il avait fait partie des mages qui avaient lancé le sort empêchant la téléportation sur tout le royaume, donc qu'il était l'un des seuls à encore pouvoir se servir de ce genre de sort, il était normalement impossible de le lancer sur une autre personne que soit dans ces conditions.

Ici, il avait non seulement réussi à contourner cette règle, mais si la bague fonctionnait comme la reine l'avait dit, il avait aussi réussi à trouver une faille qui permettait d'ouvrir un portail et faire passer une armée entière à l'intérieur. Un instant, un frisson de peur parcourut l'échine de la prétendante qui imagina ce qui se passerait si les mages de la fédération trouvaient et exploitaient eux aussi cette faille.

Si tu veux éviter qu'ils ne découvrent cette faille, tu ferais mieux de te dépêcher.

— Tu n'as pas tort, mais je sens aussi une certaine impatience dans ta voix.

Plus vite on en aura fini ici et plus vite on se retrouvera au front. Tu n'imagines pas comme je suis impatient de casser de l'Istramien... Istrien ? Istraméens... De leur casser la gueule !

Shed avait raison, mais elle ne devait pas bâcler cette mission pour autant. Vu ce que la reine lui avait révélé, sa mission était des plus sérieuses et primordiale pour ne serait-ce qu'espérer remporter la guerre.

Un problème subsistait tout de même. Elle ne savait pas vraiment comment obtenir une audience avec le roi. Heureusement, la solution se trouvait juste devant elle. Sa famille pourrait sans aucun doute l'aider dans cette tâche. La prétendante toqua donc à la porte et recula d'un pas en attendant que quelqu'un vienne lui ouvrir.

Au bout d'une minute, quelqu'un ouvrit la porte. À première vue, ce devait être une servante du manoir, mais Scyllia ne l'avait jamais vue lors de ces quelques visites.

— Bonjour, salua-t-elle. Que voulez-vous ?

— Bonjour madame. Je suis venue voir Arthur. Est-il possible de le voir ?

— Vous êtes bien arrogante pour appeler le grand inquisiteur par son prénom ! s'emporta tout de suite la servante. Repassez quand vous aurez appris les bonnes manières.

Sur ces mots, la servante referma la porte, mais avant qu'elle ne le soit totalement, Scyllia s'approcha et glissa son pied dans l'entrebâillement pour la retenir.

— Je crois que vous n'avez pas bien compris. Mon nom est Scyllia Eliar, petite fille d'Arthur et, d'après ses propres mots, je suis toujours la bienvenue ici. Sachez aussi que je n'ai pas que ça à faire, alors laissez-moi entrer ou je passe de force. Ça ne serait d'ailleurs pas la première fois que je rentre par effraction dans ce manoir.

Du calme, cette pauvre femme ne t'a rien fait.

Se faire reprendre sur son comportement pas un démon, ça c'était la meilleure ! Elle savait qu'elle avait été odieuse et hautaine avec elle, mais elle n'avait pas non plus envie de perdre un temps fou en se confondant en excuse et en explications. Elle ferait ça plus tard, lorsqu'elle en aurait le temps.

Ne te méprends pas, je me contrefous d'elle. C'est juste qu'il faudrait éviter de se retrouver en froid avec ta famille pour une histoire aussi bête alors qu'ils peuvent nous aider à finir la mission plus rapidement, donc à nous rendre au front au plus vite.

Elle-même exécrait ce genre de comportement d'habitude, il n'empêche que cela avait eu de l'effet. Abasourdie, la servante avait lâché la poignée de la porte et reculé de quelques pas. Scyllia en profita pour entrer, puis fixa la servante.

Scyllia tome 5 : IstramOù les histoires vivent. Découvrez maintenant