08. annuaire.

399 44 39
                                    

Lorsque Matthijs De Ligt débarque dans les vestiaires du Sportpark De Toekomst deux jours plus tard, ses pensées sont toujours rivées vers Annekee. Il a rêvé d’elle cette nuit encore, revoyant ses longs cheveux blonds et ses yeux azurs rieurs, visionnant sa robe bleu marine qui sublimait son corps et son sourire amusé, repassant en boucle le moment durant lequel elle s’est enfuie en catastrophe.

Matthijs salue rapidement les quelques coéquipiers qui se trouvent dans les vestiaires avant de commencer à se changer. Il essaye de faire le vide dans sa tête pour se concentrer uniquement sur le football et l’entraînement. Mais cette tâche s’avère plus compliquée que prévue. Annekee continue d’envahir son esprit à chaque instant.

— Tiens, t’as encore ce collier ? Donny van de Beek le taquine en voyant une chaîne en or tomber de la poche de son jean. Je m’en serais débarrassé depuis un bail si j’avais été à ta place. En fait, je l’aurai même jamais ramassé.

Donny l’attrape avant que Matthijs ne puisse le faire, et se met à l’examiner en ne lésinant pas sur les commentaires.

— Ca a l’air cher et vraiment vieux, comme si c’était une sorte d’antiquité.

— Je vais pas m’en débarrasser ! Matthijs le contredit, ôtant complètement son jean et saisissant son bas de survetement. C’était à elle, et c’est pas à moi de le jeter. Tu l’as dit toi-même, il a l’air cher.

Matthijs sait qu’il n’a jamais raconté aux gars de son équipe qu’il a trouvé le collier de Annekee. Il aurait juste dû le conserver précieusement dans son appartement, et garder ses pensées pour lui. Sauf que désormais, ses coéquipiers le regardent avec intérêt, et il se sent comme obligé de leur parler d’elle. Il a déjà eu une longue discussion avec son meilleur ami—Frenkie de Jong—à son propos, mais ça ne l’a pas soulagé pour autant.

Annekee et lui ont discuté durant à peine cinq minutes, mais il a été vraiment contrarié quand elle est partie. Matthijs a cogité longtemps et continue encore pour tenter de comprendre ce qu’il avait fait de mal pour qu’elle prenne ses jambes à son cou. Ses amis ont tous ri lorsqu’il est revenu bouder à la table, seul et sans numéro de téléphone. Ils ont essayé de le faire parler à une autre fille, mais il n’a pas voulu. Seule Annekee semble compter.

— Tu pourrais le vendre, David Neres émet pensivement, saisissant et examinant le pendentif alors que Matthijs enfile sa brassière d’entraînement et son haut. Ou le donner à quelqu’un, par exemple—

Matthijs arrache le collier des mains de David et le fourre dans son gros sac de sport, les sourcils froncés.

— Ou je pourrais simplement le garder et le lui rendre.

— Mon pote, il y a des milliers de Annekee à Amsterdam, André Onana fait en posant une main sur son épaule. On sait même pas si elle est d’ici. Elle aurait pu rendre visite à quelqu’un, elle aurait pu être une touriste et venir de la Norvège ? Tu la reverras probablement jamais. Essayer par tous les moyens de forcer le destin mènera à rien.

Même si Matthijs ne veut pas l’admettre, André a raison. Les chances qu’il revoie Annekee un jour sont minces. Elle aurait pu visiter des amis ou sa famille, être en voyage, avoir un petit ami ou un mari. Tout ce qu’il sait sur elle, c’est qu’elle s’appelle Annekee—ce qui n’aide pas du tout. Il peut aussi faire une description physique ; des cheveux blonds, des yeux bleus et une peau laiteuse. Malheureusement, elle correspond à la moitié des jeunes femmes vivant à Amsterdam.

— Je suis désolé, André marmonne en notant la mâchoire contracté de Matthjis.

— Non, vous avez raison, Matthijs secoue la tête, hausse les épaules ensuite. Je devrais juste le jeter.

Il ravale ses émotions, l’air indifférent et prétendant ne pas se soucier de cette situation pourrie, avant de quitter les vestiaires pour se rendre sur le terrain où le reste de leurs coéquipiers les attendent. Peut-être que s’il fait semblant de se focaliser sur la séance, tout le monde se taira et le laissera tranquille. Sauf que son stratagème ne fonctionne pas, puisque Donny se met à le coller comme son ombre.

— De toute façon, tu peux pas consulter l’annuaire à la recherche de toutes les filles qui s’appellent Annekee, t’en aurais pour des mois ! Donny plaisante, et Matthijs le fusille du regard tandis qu’il s’étire.

—  J’avais pas prévu de faire ça, Don.

— Cool, Donny s’exclame joyeusement—il gagne toutes leurs joutes verbales à propos de Annekee uniquement parce que Matthijs n’a pas envie de se battre.

— Mais je me sentirai quand même mal si je le jette. Et si c’était un cadeau de sa mère ou de son père ? Et si ça représentait quelque chose d’important pour elle ?

— Alors elle l’aurait pas perdu, Donny le coupe, levant les yeux au ciel.

— Tu choisis pas de perdre tes affaires, justement, c’est pour ça qu’on emploie le mot “perdre”, Matthijs contre-attaque. Je vais pas le jeter. Je vais le garder à la maison, peut-être que je le donnerai à quelqu’un pour Noel.

— Tu vas donner à une personne que t’aimes un collier qui a appartenu à une fille avec laquelle t’as dansé une fois ? David lui demande, ayant écouté leur conversation, comme pour lui montrer l’absurdité de son raisonnement. C’est horrible, mon pote.

— Alors qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Matthijs hurle presque, attirant l’attention du staff technique et de ses autres coéquipiers.

Il se pince les lèvres et tente de retrouver son calme, mais les réflexions de ses amis l’agacent vraiment. Ce n’est pas comme s’il n’avait jamais réfléchi à la manière dont il comptait procéder. Retrouver Annekee se révèle déjà impossible. Donny ricane devant sa montée d’émotions soudaine, prend un peu d’élan puis envoie le ballon vers Hakim qui se tient quelques mètres plus loin.

— Je sais pas, Donny hausse les épaules. Ce genre de situation n’est pas courant.

Matthijs bougonne des remerciements avant de s’éloigner. Il n’est pas sorti de l’auberge.

KETTING┃m.de ligt (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant