— … puis elle m’a repoussé. Je pensais que c’était parce que je lui avais pas demandé la permission, tu vois, alors je me suis excusé, mais elle m’a dit que c’était pas ça le problème. Elle s’est levée et elle a récupéré ses affaires pendant que je la suppliais de rester, on aurait dit un gamin au bord des larmes. Elle me regardait même pas, Frenkie. Je me suis senti tellement bête quand elle a claqué la porte. J’ai compris que mes sentiments étaient pas partagés.
— Matthijs, Frenkie tente de le couper, sans succès.
— Je l’ai appelé une trentaine de fois hier soir, et j’ai encore essayé ce matin, Matthijs poursuit, les yeux rivés sur son thé.
Ils sont assis à une table, dans un petit café du centre-ville dans lequel les joueurs de l’Ajax Amsterdam ont l’habitude de se retrouver. Frenkie a été surpris lorsque son meilleur ami lui a téléphoné très tôt ce matin pour lui raconter son rendez-vous de la veille avec Annekee. Malgré l’heure excessivement matinale, le milieu de terrain a répondu présent. Matthijs paraissait tellement au bout de sa vie, qu’il n’a pas eu le coeur de lui refuser un petit-déjeuner et une séance de psychologue gratuite.
— Elle veut pas me parler, ni même me répondre, Matthijs continue, la mâchoire contractée. Elle était un peu bizarre en arrivant chez moi, donc j’ai pensé que ça pouvait avoir un rapport avec son attitude. Mais le fait qu’elle se comporte de cette façon qu’elle m’évite comme la peste, ça prouve bien qu’elle se fiche bien de moi.
— Matthijs, arrête, tu penses pas un seul mot de ce que tu dis, Frenkie le contredit.
Un sourire amer prend place sur le visage du capitaine de l’Ajax. Son meilleur ami peut lire en lui comme dans un livre ouvert. Il se sent tellement mal, la douleur d’avoir été rejeté par la femme qu’il aime le plonge dans un état indescriptible. Il a l’impression de se noyer en pleine tempête, incapable de respirer ou de réfléchir correctement, le nez enivré de tristesse et les poumons gorgés de désespoir. La seule personne capable de le mettre plus bas que terre depuis qu’il a croisé son regard à l’Escape est bien Annekee Bloembergen.
— Ouais, c’est vrai, Matthijs avoue, le regard voilé de larmes. J’essaye juste de me consoler comme je peux pour pas me remettre à pleurer.
— Matthijs, je comprends ce que tu ressens—
— Non, tu peux pas.
— Bien sûr que si, plus que tu le crois, Frenkie ricane devant son air catégorique.
Matthijs fronce les sourcils. Puis tout s’assemble dans son esprit, et il comprend.
— Est-ce que je la connais ?
— On est pas là pour parler de ça, Frenkie soupire, agacé, mais devant le regard noir que lui lance son meilleur ami, il n’a pas d’autres choix et abdique. C’est Nour.
— Nour ? Matthijs répète lentement, atterré. On fréquente qu’une seule Nour, et c’est Nour Ziyech, la soeur de notre coéquipier. Me dis pas que… Bordel, Frenkie ! Est-ce que Hakim est au courant de ça ?
— Non, Frenkie secoue la tête avec une grimace. S’il l’apprend, il nous tue tous les deux.
— Comment ça, tous les deux ? Mais tu, vous êtes ensemble ? Matthijs demande, confus.
— Pas exactement. C’est compliqué pour le moment, cherche pas à comprendre, Matt. Mais bref, on est pas là pour parler de mes histoires, mais de Annekee et toi. Pour en revenir à ce qu’on disait, tu sais très bien que c’est stupide. Elle est amoureuse de toi, ça fait des mois que vous vous tournez autour et c’est plutôt clair à ce niveau-là. Visiblement, quelque chose lui est arrivé, elle était pas bien en arrivant chez toi. Peut-être qu’elle a pris peur quand tu l’as embrassé, je sais pas, ce sont des choses qui arrivent. Laisse-lui un peu de temps, et tu verras que ça va s’arranger, exactement comme la dernière fois.
Frenkie marque un point. La dernière fois, il a attendu que Annekee se livre à lui, sans chercher à la brusquer, et elle a fini par tout lui avouer une fois qu’elle s’est sentie prête. Ce n’était qu’une question de temps. Cette constatation n’apaise cependant pas le coeur tourmenté de Matthijs. Son meilleur ami doit sans doute l’avoir remarqué car il le gratifie d’un sourire encourageant.
— Je suis conscient que ça peut être frustrant, voire même très frustrant, mais faut l’accepter. Avancer doucement, prendre en compte le rythme et les doutes de l’autre. Si tu sautes aux conclusions hâtives à chaque fois, tu vas te pourrir la vie.
— Ouais, t’as raison, Matthijs hoche la tête.
Il prend une gorgée de son thé chaud, espérant tout de même avoir des nouvelles de Annekee bientôt. Il voulait la voir, s’expliquer avec elle et pourquoi pas retenter sa chance. Soudain, une autre pensée traverse son esprit, et il lève la tête vers son meilleur ami. Frenkie est une partie de sa vie, c’est avec qui lui qu’il va faire les courses et passe des soirées jeux-vidéos endiablés. Il sait pratiquement tout ce qu’il se passe entre Annekee et lui, le conseille en permanence. Matthijs ne peut s’empêcher de lui lancer un coup d’oeil intrigué.
— Pourquoi tu m’as rien dit pour Nour et toi ?
— Je, j’étais même pas sûr qu’il y ait quelque chose entre nous avant la semaine dernière en fait, Frenkie bégaye, puis il rit nerveusement, mal à l’aise. Cette fille est tellement… Elle ressemble à son frère.
Matthijs ne peut pas le contredire là-dessus. Hakim aime souffler le chaud et le froid ; sa petite soeur a ce même trait de caractère.
— On devrait y aller, Matt, Frenkie déclare, lorsqu’il se rend compte de l’heure. On va arriver en retard à l’entraînement sinon.
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KETTING┃m.de ligt (✓)
Fanficou quand annekee bloembergen perd le collier que son père récemment décédé lui a offert dans une boîte de nuit d'amsterdam, et que le charmant garçon qui a dansé avec elle le retrouve. DE LIGT