Annekee esquisse un sourire devant l’écran de la télévision. Le visage de Matthijs vient d’apparaître un bref instant, et son expression concentrée le rend vraiment attirant. Le match de cette fin d’après-midi se termine bientôt, et l’Ajax mène au score deux-zéro contre le FC Emmen. Vingt minutes après avoir concédé l’ouverture du score, les locaux se sont inclinés une deuxième fois sur un tir de Frenkie de Jong. En menant au score et après avoir notamment frappé dix-neuf fois au but en l’espace d’une mi-temps, les Godozens ont ensuite levé un peu le pied, ce qui rend visiblement Matthijs en colère.
Annekee a remarqué ce trait de caractère chez lui assez récemment. Le jeune capitaine de l’Ajax n’accepte pas le laisser-aller sous prétexte qu’une tâche semble accomplie. Il faut toujours faire de son mieux, essayer de se donner à fond jusqu’au bout.
— Annekee ?
Annekee se retourne brusquement pour apercevoir Leen sortir de la cuisine, avec un paquet de chips aux crevettes sous son bras. Assez surprise, sa grande soeur la dévisage. En jupe serrée et col roulé très classe, ses beaux cheveux blonds sont attachés en une queue de cheval. Elle tient son téléphone dans une de ses mains manucurées—semblant regarder une vidéo—, et lorsqu’elle s’approche pour lui parler, Annekee remarque qu’elle est en train de visionner la même chose qu’elle.
La rencontre sportive entre l’Ajax Amsterdam et le FC Emmen.
— Je t’avais pas entendu rentrer, Leen décrète, avant de lui tendre le gros paquet entamé. T’en veux ?
Annekee acquiesce avec une certaine réserve, puis elle tend la main pour prendre quelques chips en la remerciant. C’est devenue une habitude un peu bizarre, mais assez agréable. Elles se parlent normalement depuis quelques temps. Même si leurs échanges ne durent pas très longtemps en règle général, c’est toujours une expérience particulière pour Annekee. Cette dernière se mord ensuite la lèvre inférieure, hésitant à lui proposer de passer du temps avec elle. Elle finit cependant par se lancer :
— Tu veux regarder le match avec moi ?
Leen approuve d’un hochement de tête enthousiaste. Elle s’assoit à ses côtés, en tailleur sur le tapis du salon. André Onana est en train d’effectuer un dégagement, après une passe en retrait de Joël Veltman.
— Je savais pas que tu suivais le football, Leen émet avec un sourire, ce qui provoque un haussement de sourcils chez sa jeune soeur.
— Je pourrai en dire autant de toi, Leen.
A vrai dire, Leen semble plutôt branchée fringues, maquillage et réseaux sociaux. Elle travaille dans une agence de produits cosmétiques, et préfère cent fois mieux les boîtes de nuit aux terrains de football. Annekee ne pensait pas qu’elle était du genre à passer ses soirées et ses après-midi à exulter et à râler après vingt-deux hommes transpirant et courant derrière un ballon. C’est assez surprenant, lorsqu’on connaît le personnage qu’elle est. Ou plutôt, lorsqu’on croit la connaître.
— Pour être honnête, Leen réplique, ça fait pas super longtemps que j’ai commencé à m’y intéresser. J’étais obligée de regarder les matchs de l’Ajax au début, puis j’ai fini par apprécier au bout d’un moment.
— Comment ça ? Annekee fronce les sourcils
— Tu vois le numéro six ? Leen demande, désignant un blond platine plutôt charmant que sa benjamine reconnaît comme étant le talentueux milieu de terrain Donny van de Beek. Eh bien, c’est mon copain. Ça fait cinq semaines qu’on sort ensemble. C’est grâce à lui que je me suis découvert une passion pour ce sport, il me force à suivre tous les matchs de l’Ajax, même quand il cire le banc.
Annekee, très étonnée par cette révélation, n’a pourtant pas le temps de rétorquer quoi que ce soit. En effet, la porte claque juste à ce moment-là. Il est dix-sept heures trente, Sigrid devrait pourtant sortir du travail plus tard. Même si elle sait que c’est trop tard, Annekee baisse le son de la télévision en se maudissant. Elle n’aurait jamais imaginé que sa génitrice rentre du travail plus tôt, alors elle n’a pas commencé à préparer le repas. Et d’après les claquements de ses talons sur le sol, et sa mine sombre, Sigrid Barlagen-Bussemarker n’est pas dans ses meilleurs jours.
Les cris et les hurlements ne se font d’ailleurs pas prier.
— A quoi est-ce que vous êtes en train de jouer, bande d’idiotes ? La maison ressemble à un champ de bataille, les vêtements sont toujours étendus dans le jardin, et le repas n’est même pas prêt, mais vous regardez la télévision ? Un match de football, de surcroît ? Bon sang, vous tenez bien de votre incapable de père. Dépêchez-vous de remédier à tout ce bordel avant que je ne devienne folle !
— Maman, je—
— Tu la fermes, Leen ! Je suis fatiguée, après avoir passé ma journée à courir au travail pour nourrir vos bouches ingrates, et je vous trouve ici, à glander ! Même des chiennes seraient plus utiles que vous !
Sigrid continue de s’égosiller tandis que les veines de son cou se gonflent à mesure que ses joues deviennent rouges. Annekee a le malheur de lui demander de se calmer, et sa mère vrille tout d’un coup. Elle la gifle violemment, la déséquilibrant au passage, et s’apprête à lui donner de nouveau un autre coup. Sauf que ce dernier n’arrive jamais, étant donné que Leen la pousse avec un cri de rage pour l’écarter de sa soeur. Sigrid, profondément choquée par ce que sa fille aînée vient d’oser lui faire, ne réagit pas. C’est la première fois depuis un long moment que Leen se rebelle contre sa génitrice, surtout pour prendre la défense de quelqu’un d’autre.
Leen prend Annekee par la main, qui est trop sonnée pour dire quelque chose, avant de la pousser vers les escaliers. Une fois à l’étage où se trouvent leurs chambres respectives, la plus âgée force sa soeur à lever la tête pour la regarder. Ses yeux sont brouillées de larmes, tandis que les siens brillent d’une colère trop longtemps retenue.
— On ne va plus revenir, Annekee. Prends toutes tes affaires, on s’en va.
VOUS LISEZ
KETTING┃m.de ligt (✓)
Fanfictionou quand annekee bloembergen perd le collier que son père récemment décédé lui a offert dans une boîte de nuit d'amsterdam, et que le charmant garçon qui a dansé avec elle le retrouve. DE LIGT