Chapitre XV.

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PAUL

-Je suis désolé tu m'entends? Paul ouvre moi... 

Je ne lui répond pas, assis contre la porte de ma chambre. Ça fait une heure qu'il martèle doucement contre ma porte. A me supplier de le laisser entrer. Je soupire. Je me sens perdu encore plus que la fois où il m'avait embrassé et qu'on avait passé la nuit ensemble.

-Je ne pensais pas qu'il m'embrasserait... Je l'ai repoussé. Mais tu étais déjà parti aussi vite que l'éclair...
-Ses lèvres se sont posés sur les tiennes et tu oses me dire que c'était rien?
-Tu crois que je serais là si j'avais ressenti quelque chose? Que j'aurais eu besoin de venir m'excuser?

Sa voix se brise sur le dernier mot. Je sais qu'à partir de ce soir tout sera fini entre nous. Il a sincèrement aimé Noam, ça a été sa plus grande fêlure au cœur. Je comprend qu'il veuille le retrouver. On n'oublie pas une personne qu'on a aimé. Pour qui on aurait tout donné. On n'oublie pas la personne qui faisait battre notre coeur si vite qu'on aurait pu le décrocher afin de le lui mettre dans la paume de ses mains pour qu'il le préserve. On n'oublie pas la personne qui avait des étoiles dans les yeux en nous regardant si fort qu'on se sentait fort et vulnérable à la fois. On n'oublie pas, non, on couvre ça de nouvelles histoires plus insignifiantes pour guérir.
Je n'arrive pas à retenir les larmes qui coulent de mes yeux. Je crois vraiment être tombée amoureux de Léonard. Je ne m'étais jamais senti si bien avec quelqu'un. Je n'aurais jamais pensé non plus pouvoir dire que j'aimais Léonard. Le fait qu'il soit un garçon ne me dérange pas. Je suis même plutôt étonné de si bien assumer. Mais j'ai peur, peur à l'idée de le perdre. Qu'il me laisse tomber pour le garçon qui lui avait brisé le cœur.

-Paul...

Je ne bouge pas. Incapable de savoir si je pourrais lui pardonner. Incapable de savoir si je lui en veut ou si j'ai peur. Je crois que c'est un peu des deux.

-Paul c'est ça? Écoute, je voudrais m'excuser. Si tu m'avais connu plus tôt tu aurais sûrement pensé que j'étais un gars bien. Là j'ai pas su gérer...

C'était une autre voix que celle de Léonard. Alors il l'avait amené avec lui? Il avait osé? Lena avait osé leur ouvrir?

J'ouvre doucement la porte, toujours assis par terre, les jambes repliées contre mon torse. Mes larmes ne cessent de couler. Ce n'est pas Léonard qui entre. Mais un grand brun aux yeux d'un bleu profond.

-Salut
-Salut
-Arrête de pleurer. Je ne vais pas te le piquer ton Léonard. Et il ne te quittera pas pour moi. Notre histoire appartient au passé, et ce qui caractérise le passé c'est qu'il est terminé et qu'il ne reviendra pas.
J'ai été égoïste de croire qu'il m'avait attendu. Bien évidemment qu'il a eu le temps de trouver mieux que moi. Mais je te préviens lui fais pas de mal à Léonard, il le montre pas mais c'est un fragile dans le fond

Il sourit. Et c'est à ce moment que Léonard choisi d'entrer à son tour.

-Arrête de pleurer petit marin, la pluie ça se mêle à la mer ça doit pas se mêler à la douceur de ta peau

Il s'est agenouillé et m'a embrassé la joue. Peu certain que j'accepte plus.
Léonard le poète, le garçon qui cherche toujours à s'excuser avec du français qu'il déteste.

-Embrasse moi je lui murmure

Ses lèvres trouvent les miennes et le brun sourit.

-Vous êtes mignons. J'ai peut être bien fait de partir

Léonard me regarde et je lui accorde le droit de l'embrasser en guise d'adieu. Il n'avait pas eu l'occasion de lui dire au revoir.
Léo se retire doucement, Noam rouvre les yeux. Ils sourient. Noam s'en va. Nous laissant tous les deux.

-Je t'aime Paul. Vraiment beaucoup tu sais ça?
-Maintenant oui

Il sourit, soulagé. C'était notre première crise de couple. Et je suis soulagé qu'elle ait pris fin.

-Tu restes dormir ici? Je demande
-Et tes parents?
-En Sicile. Ils rentrent dans deux jours

Il m'embrasse en souriant avant de m'amener près du lit en refermant d'un coup de pied la porte de ma chambre.

-Tu me raconteras pour Noam?
-Un jour promis mon coeur. Mais là tu vois je veux juste être avec toi

Son haleine est mélangé de l'odeur de l'alcool, du tabac, et du café froid. Cette soirée n'a pas fini comme prévu, mais ce n'est pas pour me déplaire.
Je me blotti contre lui et il ne se fait pas prier pour me laisser à peine la possibilité de respirer.

-Tu m'étouffes d'amour ça pue et ça craint surtout je grogne
-C'est de ta faute t'es trop beau pour que je te laisse partir

Nous eclatons de rire. Nous devrions remercier Noam, sans lui, nous nous serions pas retrouvés. Je ne l'aimerais pas autant, je serais resté sur l'idée que Léonard rimait avec connard. Il ne m'aurait jamais remarqué, et il serait resté sur l'idée que Paul Guyomard est un loser.

Lena ne se gêne pas pour entrer dans ma chambre sans frapper. Elle a les yeux fermés.

-Est ce que je peux les ouvrir sans me brûler la rétine?

Léonard éclate de rire. J'en profite pour remettre un T-shirt et m'éloigner un peu de Léo.

-Ouvres les tes yeux tu risques rien je dis

-Ok heu y a votre pote qui s'est endormi sur la marche de l'escalier j'en fais quoi? Je le jette en bas?

Je regarde Léo et nous nous levons d'un même geste.

C'est finalement Léo qui le porte jusqu'à notre chambre d'amis. Et Lena se charge de lui enlever ses chaussures, son T-shirt et son pantalon.

-Évidemment pas un mot de ça à Arthur!
-Compte sur nous sourit mon amoureux
-Bon aller bonne nuit vous! Ah et évidemment je dirais rien aux parents

Après un clin d'oeil dans notre direction, elle ferme la porte de sa chambre et retourne devant Stranger things.  

Lorsque l'on se retrouve à nouveau seuls, j'affronte ma peur et lance:

-Tu sais maintenant pourquoi il est parti?
-Oui.

Et c'est comme ça que je me suis endormi soulagé, triste, en colère et amoureux encore plus qu'avant.
Merci Noam, sans toi, Léonard serait resté le connard de ma vie et je serais passé à côté du véritable amour.
Don't worry, be happy.

Même Paul et Léonard rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant