Chapitre XVII.

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PAUL

-Tes parents sont au courant toi? 
Léonard me regarde intensément, ses yeux verts pétillent. Il me sert contre lui et je dois avouer que je me sens vraiment bien là en ce moment. Ses doigts de pianiste caressent mes cheveux. Nous sommes chez lui, comme d'habitude. Ses soeurs et son frère sont quelque part dans la maison mais à aucun moment ils ne viennent nous déranger. Alors, je crois qu'ils savent. Les choses vont de mieux en mieux entre nous. Il y a deux jours, lorsqu'il a dormi à la maison, ont été des instants mémorables que je ne suis pas prêt d'oublier. De plus, je suis vraiment content que Lena l'apprécie autant.

-Bien sûr. Depuis toujours. Je m'attendais à une énorme confrontation. Ma mère m'a simplement dit de préserver mon coeur parce que les garçons étaient compliqué. Mon père s'est contenté de me dire qu'il le savait. Qu'il attendait que j'en parle. J'ai demandé comment ils avaient su, ils m'ont dit qu'en CM1 j'avais dis que j'avais un amoureux. A vrai dire je me souviens pas de ça. Bref j'ai jamais ramené aucun mec à la maison sauf un. J'étais amoureux. Il est parti sans jamais redonner de nouvelles. J'ai jamais su pourquoi il était parti. C'est ce qui m'a fait le plus de mal
-Et il te manque?
-Je suis passé à autre chose. Tu es rentré dans ma vie et il n'y a plus eu que ça qui comptait

Ses lèvres trouvent doucement les miennes. Il m'embrasse le cou et se redresse avant de me regarder dans les yeux. Je n'ai pas pu m'empêcher de poser cette question. Meme si je sais, même si je le sens.

-Et toi?
-Moi? Non ils ne savent rien. Je crois que ça reviendrait à signer mon arrêt de mort. Et ils ont connu Esther. Sinon j'ai jamais présenté personne à mes parents
-Tu es sorti avec Esther Huggins?
-Oui. En première. Pendant six mois. Avant qu'on se rende compte que ça ne pourrait pas fonctionner. Elle était amoureuse de toi. Elle savait que je ne t'aimais pas... On a mis du temps avant de retrouver notre relation d'avant
-Sérieusement... Je suis content que ça n'ai pas duré vous deux

Je souris et me détache de son emprise. Je me lève et récupère mon T-shirt.

-Oui dis plutôt que ça t'arrange bien. Grâce à elle tu sors avec le mec le plus stylé du lycée!

Il m'attrape par le poignet et me fait basculer sur son lit. Je me retrouve vite coincé sous sa carrure de nageur. Il m'embrasse fougueusement. Je sens nos coeurs battre ensemble.

-Je dois y aller

Je le repousse doucement sur son matelas, enlace ses doigts aux miens, l'embrasse une dernière fois et disparaît de sa chambre le laissant sourire seul comme un idiot.

***

-Je dois vous annoncer un truc...
-On t'écoute Paul
-J'aime un garçon. Il s'appelle Léonard. On sort ensemble depuis quelques mois...
-Et alors Paul? Tu peux mettre la table s'il te plaît?
-Mais maman...
-Tant que tu es heureux ça me rend heureuse mon chéri. Maintenant met la table. C'est prêt
-J'espère que tu rigoles Paul?
-Papa...
-Sort d'ici
-Mais papa! Tu n'as pas le droit de le mettre dehors! C'est ton fils! Hurle Lena les poings serrés
-Mon fils n'est pas un homme. Et je suis ici chez moi je fais ce que je veux! Sors de cette maison! Tu as dix minutes pour faire tes valises! Degages! Je ne veux plus te voir!

La main de mon père atteint ma joue en un éclair. Une larme de stupéfaction roule sur ma peau meurtrie.

-Aller frappe moi si tu es un homme! Vas y! Montre moi que tu peux encore être digne de cette maison!

Je ne bouge pas. Abasourdi. Choqué.

Ma mère hurle d'arrêter ça. Lena pleure et crache au visage de mon père. Elle se prend elle aussi une gifle et je ne peux me retenir. On ne touche pas à ma soeur. Mon poing s'abat contre sa mâchoire. Un filet de sang ruisselle le long de son cou. Il tente de se défendre et m'en lance un dans le nez avant de retaper sur ma mâchoire. Ma mère est à deux doigts d'appeler la police. Je lui retire son téléphone des mains et la supplie du regard de ne pas le faire. Je monte rapidement faire mes valises, emporte tout ce que je peux emporter, mes cours, mon ordinateur, quelques livres, l'intégralité de mes vêtements. Une trousse de toilettes, mes deux paires de chaussures, et le cadre photo de Val et Esther.
Cinq minutes plus tard je suis en bas de chez moi. Lena pleurant tout ce qu'elle peut en insultant mon père. Ma mère ne prenant même pas la peine de le soigner. Je ne mettrais pas la table ce soir. Ni ce soir, ni plus jamais.
Je m'attendais pas à de bonnes réactions. J'ai d'abord été surpris par la réaction de ma mère. Encore plus lorsque mon père m'a giflé. Et là, dans les rues de Brest, mon eastpack sur les épaules, un sac sur ma grosse valise à quatre roues, j'ai l'air con. Du sang séché sur la peau, des perles d'eau devalant mes joues.
Je suis arrivé rapidement chez Léo. C'est Nyela qui m'a ouvert. Elle a tout de suite hurlé à Arthur et Léonard de descendre. Elle m'a serré contre elle et je n'ai pas pu me retenir de m'accrocher à elle de toutes mes forces. Je souffrais. Tellement que j'en oubliai qui j'étais. Que, moi, Paul, n'était pas spécialement tactile avec les gens. Talita a rentré mes affaires, difficilement mais elle a réussi. Arthur appelle Lena sur le champ. Léo prend la place de Nyela et me sert si fort contre lui que j'en oublie de respirer.

-Paul calme toi et respire. Ça va aller. Je te le promet

Il me caresse doucement les cheveux. Ses lèvres touchent mon front. Et il m'oblige à relever la tête. Il sait bien avant que j'ouvre la bouche pour formuler les phrases.

-Raconte moi
-Mon père m'a foutu dehors...

Les parents de Léo rentrent et interrogent leurs filles du regard. Deliah court chercher de quoi me soigner. Léo se contient pour ne pas s'énerver. Et Arthur a disparu les clefs de sa voiture en main.

-Paul il faut que tu portes plainte m'intime le père de Léo
-C'est mon père
-Et un père n'agit pas comme ça

Je me remet à pleurer à chaudes larmes et est incapable de me calmer.

-Je suis désolé Léo
-C'est moi qui suit désolé Paul

Il ne me lâche pas une seule seconde. Ses parents sont bienveillants, ont monté mes affaires, ont demandé à Talita et Nyela de commander des pizzas.
Lorsque Arthur revient, c'est avec ma mère et ma soeur. Lena, se jette dans mes bras. Je la sert contre moi et mon chagrin s'estompe.

-C'est qu'un con. Maman a appelé les flics. Ils l'ont mis en garde à vue pour violence
-Il ne fallait pas faire ça
-Il n'avait pas à te faire ça
-Ça va toi?

Sa joue est éraflée à cause de la chevaliere de mon père. Je la lui caresse et Deliah lui desinfecte la plaie. Elle grimace avant de rejoindre les bras d'Arthur.

Je savais que la famille de Leonard était vraiment gentille. Mais pas au point d'accueillir la mienne parce que mon père a foutu son fils dehors après avoir appris qu'il sortait avec un garçon. Pendant le repas, personne ne parle vraiment. Tout le monde cherchant du réconfort dans les yeux des autres.

Talita a cédé sa chambre à ma mère. Elle dormira avec Nyela pour ce soir. Le temps que ma mère trouve une chambre d'hôtel.

-Restez à la maison! Ça nous fait plaisir de vous accueillir. Et puis nos enfants sont mieux ensemble

Ma mère sourit. Je sais qu'elle comprend ce que c'est d'aimer. Elle a toujours sincèrement aimé mon père. Mais je ne sais pas si elle pardonnera ce qui s'est passé ce soir.

Je me sentais chez moi. Entourés des gens que j'aimais vraiment beaucoup. Il ne manquait plus qu'Esther et Valentin pour que ma famille soit là.
Je me suis endormi dans les bras de Léonard.

-Tout ira bien. Je t'aime a t-il dit avant de s'endormir comme un bébé.

***

Ma mère était partie travailler. Léonard nous a déposé au lycée. Les gens ont posé leur regard curieux sur la famille Le Naour qui arrivait au complet au lycée, puis sur les deux de la famille Guyomard. Talita et Nyela discutent joyeusement avec Lena. Elle et Nyela ont le même âge.

Et la journée passe en un éclair. Mes yeux mouillés rapportant la situation à Val et Esther.
Léonard m'aidant parfois. Val s'énerve, Esther papillonne des yeux. Je sais qu'elle a toujours trouvé mon père gentil.

-Nous on est là et on t'aime. Les connards n'ont qu'à aller se faire foutre!
-On peut venir nous aussi? Demandent Awena, Loïs et Azénor.

C'est comme ça que je me suis senti étouffé. Mais que j'ai enfin compris la définition du verbe aimer.

Même Paul et Léonard rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant