Chapitre XI.

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LEONARD

-J'ai couché avec Paul...
-Attends attends Léo répète!
-J'ai pas besoin de le répéter Val
C'était comment ?
-Arrete...
-Je croyais qu'il aimait les filles
-Moi aussi je croyais
-Mais Léonard toi t'aime vraiment les garçons
-C'est pas nouveau 
-Paul a toujours eu des copines. Au lycée personne n'était au courant mais il a eu quelques copines avant que t'arrive dans sa vie et qu'il tombe amoureux notre petit Polo! 

-Je crois pas qu'il soit amoureux, mais c'était magique... 

-Et aujourd'hui? Il t'a ignoré? 

-Déjà en se réveillant le lendemain de la soirée, il a cru que je lui faisait une blague, il m'a demandé si je me servais de lui. Je l'ai embrassé pour lui montrer que je me foutais pas de lui mais il est difficile à convaincre! 

Valentin se met à rire. Le métis me regarde intensément avant de se remettre à rire. 

-Sérieux Léo je t'avais jamais vu dans cet état pour un mec! Paul est hyper renfermé, t'attend pas à ce qu'il te saute dessus, je suis même pas sûr qu'il ose parler de ce qui se passe entre vous à qui que ce soit! 

-T'es sérieux? 

-Paul a beaucoup de mal quand il s'agit des autres. A part moi et Esther il ne sort jamais de sa zone de confort pour se faire d'autres amis ou simplement pour discuter. Les filles avec qui il sortait se sont lassés qu'il soit si angoissé à l'idée d'être abandonné et de tout rater. Si y avait un mode d'emploi pour l'amour je suis sûr qu'il irait l'acheter! Il panique à chaque fois qu'on parle d'amour, pourtant dans le fond, il attend juste la bonne personne. Qui sait, peut être que c'est toi l'amour de sa vie! 

-T'es con Val putain 

Il se remet à rire. Je vois Paul arriver au loin avec Esther. Je ne veux pas forcer les choses. Il a des béquilles, une attelle qui lui couvre toute la jambe. Qu'est ce qui a bien pu lui arriver entre hier et aujourd'hui? Je fronce les sourcils et le laisser passer devant moi comme si je n'existais pas, ce qui me provoque un léger pincement au coeur. La belle blonde me lance un sourire éclatant et je le lui rend. Elle sait désormais qu'il ne se passera jamais rien entre elle et moi, et je sais qu'avec elle mon secret est bien gardé. 

La matinée se trouve être très longue, je n'aime ni le français, ni l'espagnol, et encore moins l'histoire.
Paul n'a vraiment pas cherché à me parler, il a évité mon regard pendant toute la matinée. Et ça m'est insupportable. En Français, nous sommes voisins, pas une seule fois il ne m'a parlé. Ni pendant le travail commun qu'on devait faire, ni quand je lui ai piqué un stylo, j'avais encore oublié d'aller acheter des cartouches. Il ne m'a pas empêché de le faire, il n'a rien dit. Et je ne sais pas ce qui est le plus horrible. De savoir que mon voisin m'évite parce qu'on a été trop loin ensemble, de savoir que mon voisin m'évite parce qu'il me déteste ou alors parce qu'il ne sait pas où il en est. La vérité, c'est qu'avant de commencer à lui parler, je pensais que c'était un gosse de riche, intello, et trop coincé pour embrasser une fille. Aujourd'hui, ma vérité est toute autre. Et je crois que je pourrais tomber amoureux de cette seconde vérité sur laquelle je ne me trompe pas. Il est tout ce que je ne suis pas. Il n'est pas comme les autres. Il n'est pas comme mes anciens copains. Et je crois qu'avec lui, je ne serais pas comme avec mes anciens copains. Je me sens perdu, submergé par une force que je ne contrôle pas, et ça a le pouvoir de me faire peur. Rien de ce qui se passe en ce moment n'était prévisible. Si on m'en avait parlé il y a un an, j'aurais ris au nez de celui ou celle qui aurait osé me le confier. Il y a un an je pensais que Noam était l'homme de ma vie. Puis il a disparu comme dans un souffle. Comme une bulle qu'on a touché de trop près et qui explose sous le choc, s'envolant dans l'air. Noam était cette bulle de savon. Je ne savais pas où il avait pu aller, ni pourquoi il l'avait fait. C'était tellement confus... Alors j'avais cru que j'aurais pu me réfugier dans les bras de son frère, mais lui non plus on n'avait pas voulu lui dire où il allait. On pensait tout de suite au pire, évidemment. Et puis, j'avais perdu le contact avec la seule personne qui me reliait encore à lui. Et ça me brisait le coeur. J'ai mis des mois à m'en remettre. Pendant des mois mes amis m'ont entendu commencer toutes mes phrases par Noam. Mais ça ne l'a pas fait revenir. Ça ne m'a pas fait moins souffrir. Mes parents se sont inquiété de me voir si triste pour une amourette. Mais la vérité c'est que je pensais vraiment que Noam était différent. Je pensais vraiment qu'il ne me laisserait pas. Les fois d'avant, avec Colin, Augustin, et Gaspard, c'est moi qui suit parti, je ne connaissais donc pas la douleur d'une rupture. Mais Noam avait été celui qui m'avait brisé le coeur, le premier. Et je ne voulais jamais revivre ça. Et pour la seconde fois j'avais l'impression de me déchirer de l'intérieur. Qu'on avait pris mon coeur, qu'on le brisait pour en faire de la poudre afin de pouvoir souffler dessus et le rendre insignifiant, des cendres envolés dans le vent, oubliés pour l'éternité. Mais je ne voulais pas. Non, je ne voulais pas connaître à nouveau ça. Alors c'était peut être mieux d'en rester là maintenant. D'une façon ça me protégeait, je n'avais pas vraiment eu le temps de m'attacher autant qu'avec Noam. Et d'une autre façon ça m'attristait de perdre un bon ami. Parce que Paul était mon ami. Sincèrement, je ne voulais pas le perdre. Je ne voulais pas non plus m'expliquer. Pourquoi je l'avais embrassé, pourquoi on avait passé la nuit ensemble. Je ne l'expliquait pas. Je ne savais pas mettre de mots sur ce que je ressentais. Ce n'est pas comme si je l'avais forcé, il était consentent. Je lui ai plusieurs fois laissé le choix.
Après avoir sauté le repas du midi, les une heure trente de SVT et les deux heures de Physique-chimie me semblent infinies. C'est uniquement à la fin des cours que je me décide pour aller lui parler.

-Salut
-Salut
-Tu vas bien? Ta jambe qu'est ce qui s'est passé? On n'a pas eu l'occasion de se parler depuis...
-Ça va. Juste une chute dans l'escalier. Ouais. Désolé j'ai pas eu le temps... Tu vas comment toi?
-Ça va plutôt bien

Je ne sais pas comment continuer cette discussion alors qu'habituellement tout est très naturel entre nous.
- Ça te dit de venir dîner à la maison disons Vendredi?
-Heu oui

Ses lèvres embrassent la commisure des miennes. Je frissonne et le regarde dans les yeux. Alors il n'a pas tiré un trait sur ce qu'il s'est passé. Est ce que lui aussi il a l'estomac noué lorsque je suis trop prêt de lui? Y'aurait-il un mode d'emploi qui expliquerait comment on se sent avec tel ou tel genre de personnes? Il le faudrait. Que sommes nous l'un pour l'autre maintenant?

-Au fait Paul! Cette attelle ne te met absolument pas en valeur!
-Je t'emmerde connard!

Puis il est parti. Son bus l'a emporté loin de moi. En fait c'était aussi le mien, mais j'étais trop occupé à le contempler. Et merde, je vais devoir rentrer à pied. Il m'aura vraiment fait chier jusqu'au bout celui là!

Même Paul et Léonard rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant