chapitre - 10

83 11 6
                                    

2 ème  rounds


J'ai prévenu Clément que je prenais le bus pour revoir mes amis et qu'on se retrouve au lycée, il m'a répondu un simple OK, j'imagine qu'il est déçu, mais je ne peux pas laisser mes autres amis pour lui, surtout quand ils me harcèlent depuis la veille pour se voir.

Et je me retrouve donc devant le bahut de mes amis à les écouter parler de tout et de rien, ne pensant en réalité qu'à Clément, je m'ennuie trop là, puis bon ça sert à quoi qu'on se voie si c'est pour qu'ils parlent juste entre eux, ne remarquant que je suis là quand je tousse, car bien sûr il a fallu que je prenne froid, et que j'attrape un rhume non mais comme si j'avais besoin de ça.

Alors j'ai dû ressortir mon bonnet et mon écharpe avant d'être plus malade encore, et là je commence à m'impatienter, surtout qu'ils parlent de personnes dont je ne connais rien de plus que ce qu'ils ont pu en dire.

- Je vais y aller moi, il est déjà 8h15 et je dois être en cours dans dix minutes, dis-je faussement attristé.

-Oh déjà, j'ai pas vu le temps passer, mais tant que j'y pense, tu comptes revoir Clément après votre petit exposé, me demande Lydia attendant une réponse attentivement.

- Oui enfin, on est devenus amis donc j'imagine que c'est fort probable, répondis-je souriant alors qu'elle ne semble pas apprécier ma réponse.

- Pourquoi j'ai l'impression que cela ne te plaît pas du tout, puis-je avoir une raison, l'interrogé-je excédé.

- Mais parce que ce mec est qu'une pauvre merde, et qu'il ne mérite pas ton amitié, me crie-t-elle alors qu'Alvin semble vouloir la faire taire en se plaçant devant elle.

- Je vais faire comme si tu n'avais rien dit et je vais aller en cours, bonne journée à vous, balancé-je avant de partir en direction de mon école les nerfs à vif.

Non mais comment peut-elle me dire ça, j'ai encore le droit de choisir qui je veux comme ami, et quand je vois ses fréquentations je me pose des questions dessus, après tout rien que son mec est pire que Clément, quand on sait qu'il a déjà failli se retrouver en prison pour racket et possession de stupéfiants.

Ai-je donné mon avis dessus, non car je n'avais pas mon mot à dire, car dans un sens j'y comprends rien à l'amour et si elle dit en être amoureuse que grand bien lui fasse, mais je ne supporte pas la façon dont elle a parlé de mon ami, il n'est pas comme elle le voit, il est même tout le contraire.

J'arrive en retard en cours, je donne mon journal à l'éducateur qui s'empresse de noter l'heure de mon arrivée et d'indiquer la raison que je lui ai donnée pour mon retard, une panne de réveil, je n'allais quand même pas dire la vérité, puis vu ma tête il a dû me croire.

Je rejoins ma classe où le prof me demande de prendre place et je le fais sans broncher, trouvant place à côté de mon ami qui me sourit en me voyant.

Il s'aperçoit que je suis de mauvaise humeur et il fronce les sourcils, n'ayant pas envie d'en parler je feins ne pas comprendre et tente de m'intéresser au cours, par chance, il ne tente pas d'en savoir plus et fait comme moi.

Pendant le cours je reçois un SMS d'Alvin m'invitant au café du coin à 15h, pour qu'on puisse parler, il me dit ne pas être du même avis que Lydia et qu'il commence à en avoir marre de devoir faire ce qu'elle lui dit de faire. 

- Tu as un rendez-vous cette après-midi, me chuchote mon voisin à l'oreille.

Je vois qu'il n'a toujours pas compris qu'on ne lit pas les messages des autres par-dessus l'épaule des gens, mais j'ai pas envie de me prendre le chou avec lui alors, j'hoche la tête en guise de réponse.

Je réponds que je serai au rendez-vous avec un ami faisant réagir le concerné qui se met à danser assis sur sa chaise sans que personne ne réagisse, je ne sais par contre pas s'il est heureux que j'en parle comme un ami ou si je le présente à mes autres amis.

Je range mon téléphone et reporte mon attention sur le cours pour le reste de l'heure, la journée est rapidement passée, j'ai fini par raconter l'histoire de ce matin à Clément, il n'a pas été blessé par les paroles de mon amie, visiblement habitué à recevoir ce genre de remarques dans la gueule.



- Si tu veux à un moment partir préviens-moi en utilisant le nom de code, sauve qui peut, me rassure mon ami en me lançant un regard protecteur qui me rassure.

- Merci Clément, oh on est déjà arrivés, remarqué-je en voyant la vitrine du café où l'on a rendez-vous.

On pénètre dans le bistrot et j'aperçois rapidement Alvin au fond, installé sur une banquette une tasse à la main.

Je m'approche et viens m'installer en face de lui tandis que Clément se place à mes côtés.

- Lydia ne va pas venir elle m'a clairement fait comprendre qu'elle n'acceptait pas votre amitié, elle se sent trahie alors qu'il lui a fait du mal, dit-il en regardant Clément un instant avant de reporter son regard sur moi.

- Je sais que j'ai pas été un ange mais je fais des efforts pour changer... ajoute Clément en fixant mon ami.

- On ne fait pas toujours ce qu'on souhaiterait faire, on agit parfois sur le coup des émotions et on finit par regretter nos actes, je peux comprendre et je ne t'en veux pas car le passé appartient au passé, et il faut savoir aller de l'avant même quand ce n'est pas toujours évident.

- Je ne te savais pas devenu aussi sage d'esprit Alvin, dis-je pour détendre l'atmosphère.

Mon voisin pouffe de rire alors qu'Alvin, lui, fait semblant d'être vexé, provoquant l'hilarité générale.

- Non mais je voulais juste dire que je n'ai rien contre toi Clément, bien au contraire, dit-il en le regardant gentiment.

- Merci à toi Alvin, tu es vraiment gentil avec moi, répond Clément.
On passe commande prenant chacun un soda, on parle de tout et de rien, de nos souvenirs d'enfance à nos conneries d'ados, Alvin nous parle de son poisson rouge qu'il avait appelé granola, car il aimait trop ça étant gosse.

Puis j'ai raconté la fois où j'avais raconté que c'était le chien qui avait cassé le vase de cristal de ma mère, alors que l'on avait pas de chien, franchement je ne sais vraiment pas mentir.

- C'est comme la fois où j'ai perdu mon gant, il m'allait pourtant comme un gant c'est si triste, lâche Clément provoquant un fou rire, alors qu'Alvin lui avale sa boisson de travers.

On s'entend bien, et mon cœur se réchauffe, avoir des amis qui arrivent à communiquer entre eux c'est mieux qu'une rivalité, qui n'aurait pas lieu d'être. Je suis détendu, appréciant chaque moment et je tente de m'imprégner de chaque souvenir pour ne pas les oublier.

- Je vais y aller moi, mon père ne va pas être content si je rentre trop tard, nous prévient Alvin en se levant et en enfilant sa veste.

Je le regarde tristement, déçu que l'on doive déjà se séparer alors que j'aurais aimé en profiter un peu plus encore.

Je viens le prendre dans mes bras, il me manque quand même ce con, il a suivi Lydia mais je mets ma main à couper qu'il l'a fait suite à sa demande, et il ose rien lui refuser.

Je le sens se raidir à mon contact, je sais qu'il n'est pas tactile mais moi je le suis un peu, surtout dans un moment pareil. Je finis par le lâcher, et après avoir serré la main de Clément avec un sourire franc et sincère.

Alvin rentre chez lui, je le regarde longer le trottoir puis tourner à gauche et disparaître.

- Ça va ? me questionne Clément, me ramenant à la surface.

Je le regarde, ses traits sont légèrement froncés, comme s'il était inquiet et je lui réponds :

- Je vais bien t'en fais pas, je suis juste content d'avoir Alvin comme ami, de ne pas l'avoir perdu et qu'il ait osé venir seul, j'ai pas beaucoup d'amis à vrai dire, et je veux pas les perdre, je les aime mes amis, bien qu'il soient contre toi et notre amitié, déclaré-je un brin nostalgique, alors que je vois Clément se rapprocher et venir me prendre dans ses bras.

Je me sens un peu gêné, je ne l'avais pas vu ce coup-là, mais je me laisse faire, ma tête posée sur son torse me permet d'entendre les battements de son cœur, et petit à petit je me sens mieux. La tristesse que je ressentais il y a encore quelques minutes a été vaincue et je ne suis pas heureux pour autant, mais je me sens juste bien, là contre la chaleur de son corps.

- On devrait y aller, pas que je n'aime pas te prendre dans mes bras, mais faut y aller tant que la pluie ne se remette à tomber, dit-il en regardant le ciel.

Oh non, j'avais un peu oublié qu'on devait retourner jusqu'au lycée pour rejoindre sa voiture, pour éviter de payer un ticket de stationnement devant le café, mais il a raison on devrait y aller, alors je me détache de lui à contre-cœur, lâchant un petit soupir de frustration.

Par chance on est plus rapides que pour venir, on se retrouve rapidement au sec dans sa voiture et au chaud, Je tourne la tête vers lui, son regard gris est fixé sur la route et ses mains sont accrochées au volant.



Il semble en pleine réflexion et je n'ose pas trop intervenir, car je ne sais pas comment réagir, je ne suis pas habitué, alors je fais ce qu'on me ferait si j'étais à sa place.

Je viens poser ma main sur la sienne, en signe de gratitude, il me jette un regard surpris suivi d'un sourire.

- Merci beaucoup, sache que j'aurais aimé te connaître mieux avant et ne pas laisser tes actes dicter ma pensée, mais sache que je suis heureux d'avoir fini par mieux te connaître, et que je serai toujours là pour toi, dis-je en réalisant qu'il est devenu une personne importante dans ma vie.

Il me lance un petit sourire comme réponse, il n'a sûrement pas l'habitude de ce genre de propos à son égard, mais je me devais de lui dire, encore une fois, et qu'il n'en doute pas.

- Nous sommes arrivés, me dit-il alors que je tourne la tête vers ma maison.
- Tu veux venir chez moi un peu, on pourrait se commander un truc et apprendre à se connaître, enfin je ne t'oblige pas, je veux juste passer un peu de temps avec toi, dis-je en perdant le fil de ma pensée alors que je me ridiculise devant lui, tandis qu'il me regarde se retenant de rire.

- Je pense que c'est possible oui, mais je veux un bisou sur la joue avant, quémande Clément un sourire espiègle sur le visage.

Je viens déposer mes lèvres sur la peau douce de sa joue, alors que je le sens sourire comme un idiot, ce qui me fait rougir un peu.

Il fait chaud tout à coup je devrais sortir de cette voiture avant que je ne fonde, je me détache de lui et sors de sa voiture et me dirige vers ma maison, suivi par mon ami.

Cette soirée promet d'être des plus surprenantes, me dis-je à moi-même.

Quand l'étoile s'éteintOù les histoires vivent. Découvrez maintenant