Chapitre 5

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La soirée tomba assez vite. Les trois nouveaux arrivants avaient passé le reste de la journée à faire connaissance avec chacun d'entre eux. Wendy, qui se méfiait d'eux au début, se prit d'affection pour ce groupe de garçons. Chacun d'entre eux avait quelque chose de spéciale. Une personnalité bien distincte et attachante. Micheal et Jean s'était eux aussi lié d'amitié avec ces garçons. Leurs relations à Londres étaient bien trop mornes, tristes, sans conviction. Maintenant, ils avaient une vingtaine d'amis fidèle avec qui ils allaient passer un bon bout de temps.

Wendy s'avança près du feu et rejoignit Peter assis sur un tronc d'arbre posé au milieu de la plaine. Il tournait dans ses mains une flûte que Wendy avait déjà vu. La flûte de Pan.


-Pan ? Comme le dieu de la nature, pas vrai ?


Peter releva la tête vers elle et lui sourit. Il lui indiqua la place à côté de lui pour qu'elle prenne place à côté de lui, ce qu'elle fit.


-Exact. En arrivant ici, je n'était que Peter. Mais, pendant toutes ses années où j'étais seul, j'ai eu le temps d'en apprendre un peu plus sur les mythes, légendes...Clochette m'emmenait dans des bibliothèques de votre monde. Je me déguisais et volait les livres. Ça peut paraître idiot, mais j'aime apprendre malgré tout.


Wendy sourit et prit la flûte que Pan avait posé sur ses genoux. Elle l'observa, toujours en souriant.


-Ce n'est en rien idiot. Et je te comprends. J'aime aussi apprendre. Apprendre ce que je veux juste savoir.


Peter sourit à son tour en l'observant. Un frisson le parcourut et il dut se contrôler pour ne pas le faire voir. Il avait ce sentiment de bien-être à chaque fois que Wendy s'approchait un peu de lui. Il n'avait jamais connu ça et maintenant qu'il comprenait, il aimait ça. Pourtant, il essayait d'enfouir ce sentiment au plus profond de lui. Il avait toujours renié ses émotions, quelle qu'elle soit. Et il était bien décidé à continuer. Wendy lui tendit la flûte. Il la prit en essayant de contrôler le léger tremblement de ses mains.


-Peux-tu en jouer ? S'il te plaît.


Peter la regarda dans les yeux. Il plongea dedans sans s'en rendre compte. Il ne pouvait plus la quitter des yeux. Il sentait son cœur accélérer et ses mains trembler. Il n'avait jamais fait face à l'amour de sa propre personne, mais il avait lu tellement d'histoires dessus qu'il savait à peu près à quoi s'attendre. Il se demandait si c'était cela. Si c'était ce qu'il ressentait sur le moment. Comment lui, Peter Pan, pouvait-il tomber amoureux ? Ce n'était qu'un enfant. Il ne voulait pas grandir. Et aimer voulait dire grandir. À cette réflexion, Peter eut un frisson, mais de peur cette fois. Il ne voulait pas grandir, il voulait rester enfant et innocent. Pour cela, il allait devoir renier cette émotion qui ne faisait que croître dans son cœur et son esprit.

Il prit la flûte et la porta à sa bouche. Il souffla dedans et un son majestueux en sortit. Le son se répandit dans toute la plaine, aux oreilles de tous les enfants. Tous les enfants tournèrent la tête vers lui. Ils se levèrent et se mirent en cercle autour du feu. Micheal, Jean et Wendy, eux, observaient Peter, qui, les yeux fermés, faisait partager un agréable moment. La musique s'intensifia et les garçons commencèrent à danser autour du feu. Ils s'agitèrent de façons étranges qui devait être une danse du pays imaginaire. Les trois enfants étaient amusés par ce qu'ils voyaient. Leurs corps s'agitaient eux aussi au rythme de la musique. Wendy et les deux garçons ne purent s'empêcher de se joindre aux autres et de danser. La magnifique mélodie les transportait et les guidait dans leurs pas. Ils ne pouvaient plus s'arrêter. Ils aimaient ça. Ils dansaient, ils étaient heureux, ils oubliaient tout ce qui se passait autour. Peter se leva et, toujours la flûte à la bouche, il se mit à danser avec eux. La soirée continua ainsi des heures durant. Ils n'étaient pas fatigués, ils ne voulaient pas dormir. Juste danser, s'amuser, manger et faire tout ce que bon leur semblait.


La lune était haute dans le ciel quand les enfants tombèrent de fatigue. Peter avait cessé de jouer et tous les garçons avaient rejoint leurs cabanes. Pour les invités, Peter avait demandé à trois des garçons perdus de se répartirent dans les autres cabanes pour leur laisser une cabane libre. Micheal et Jean était partis se coucher mais Wendy n'avait pas sommeil. Elle commençait à culpabiliser d'être partie, d'avoir abandonnée ses parents. Elle ne voulait pas grandir, certes. Mais c'était tout de même ses parents. Elle n'avait pas le droit de faire ça. Qu'allaient-ils penser d'elle ? Si elle revenait, allaient-ils lui pardonner ? Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle s'en voulait terriblement. Une larme s'échappa et les autres suivirent. Peter arriva à ce moment et s'assit à côté d'elle. Il fronça les sourcils quand il vit qu'elle essayait de lui cacher ses larmes. Il se râcla la gorge, mal à l'aise.


-Que se passe-t-il, Wendy ?


Elle le regarda dans les yeux et les larmes recommencèrent à couler. Elle n'essaya pas des les dissimuler et craqua complètement. Elle serrait ses mains pour ne pas qu'elles tremblent. Elle s'en voulait d'être partie, mais elle s'en voulait encore plus d'apprécier cet endroit.


-Je ne sais pas si c'était une bonne idée de venir ici...lâcha-t-elle au bout d'un moment de silence.


Peter parût surpris, puis, baissa la tête.


-Je comprends que ce soit dur pour toi, mais regarde ce qu'il y a autour de toi. On pourra faire la fête autant qu'on le souhaite, s'amuser de jour comme de nuit, manger ce que tu veux. Demain je te ferais visiter toute l'île. Je peux te prouver que cet île est mieux que n'importe quel monde. Fais-moi confiance.


Wendy essuya ses larmes et regarda Peter. Une boule s'installa dans le creux de son ventre mais elle appréciait. Elle ne put s'empêcher de sourire en regardant Peter. Ce garçon était spéciale, il savait faire des choses que nul autre ne savait. Peter était un garçon qui ne voulait que le bonheur des autres. Il ne pensait qu'à faire le bien. Il était rassurant. Comment Wendy pouvait-elle partir ? Elle aimait cet endroit et les garçons qui y vivaient. Elle décida d'attendre le lendemain pour visiter l'île pour prendre une décision. Pour savoir si elle allait rester ici, ou repartir chez elle.


Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant