Chapitre 2

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Peter observa la mère des trois enfants sortir de la chambre. Les enfants, quant à eux, s'endormir presque aussitôt. Peter tourna les talons et commença à partir. Mais, sans vraiment comprendre pourquoi, il mourrait d'envie de pénétrer dans cette chambre qu'il observait depuis si longtemps. Il fit demi-tour et vint se poster près de la fenêtre. Attentif aux moindres bruits, il s'envola et passa à travers la fenêtre qu'il déverrouilla d'un claquement de doigts. L'air chaud de la pièce l'enveloppa aussitôt à l'intérieur. Il posa les pieds à terre et ressentit comme une excitation naissante. Cela faisait plusieurs années qu'il n'avait plus pénétré dans une tel pièce : chaude, confortable, accueillante. Une vraie chambre. En observant les alentours, une sensation de manque l'envahit. Il se remémora alors sa propre enfance dans sa modeste chambre. Son lit négligé, sa petite commode usé, son miroir fissuré, tout ça lui manquait. Même si son enfance avait été sous le signe de la sévérité et de la cruauté, Peter avait toujours eu espoir d'un avenir prometteur. Jusqu'au jour où il est devenu plus grand. Il avait compris qu'il ne pourrait pas rester un enfant et faire ce qu'il désire. Il avait appris les règles pour devenir adulte, pour vivre dans cette vie qui semblait si cruelle, si dure. Il n'y avait jamais pensé avant. Il était trop petit pour ça. Mais le jour où ses parents l'avaient obligé à venir travailler dans une ferme alors qu'il n'avait que douze ans, lui avait fait comprendre qu'il ne voulait pas de cette vie là. Il voulait une vie où il pourrait jouer, s'amuser à toute heure, rencontrer des enfants avec qui il pourrait rire. Alors, le soir de ces seize ans, terrorisé à l'idée de devenir adulte, il s'était enfui de sa maison et avait rejoint un grand parc où il avait l'habitude d'aller jouer. Il avait passé la nuit à marcher, à essayer de trouver une solution pour vivre comme il le voulait. C'est à ce moment là qu'une petite lumière doré c'était présenté à lui. Bizarrement, il n'était pas terrifié, au contraire. Il accueillit la petite fée qui se présenta sous le nom de Clochette qui lui avoua être seule et abandonnée par sa famille. Peter et Clochette parlèrent pendant un long moment. Peter expliqua à Clochette ce qui l'avait poussé à faire ce geste et Clochette, en retour, lui donna une solution à tous ses problèmes.

En effet, la petite fée essayait depuis plusieurs jours de trouver une personne pour venir avec elle dans un monde où le temps était arrêté, où personne ne peut grandir, où tout le monde peut faire ce qu'il veut et pour Peter, de rester un enfant pour toujours. Peter avait pensé à ces parents. Seraient-ils triste ? Non, certainement pas. Il désirait plus que tout de rester un enfant et avait aussitôt accepter la proposition de la petite fée. Ensemble, ils étaient parti pour ce monde qui sera désormais leur maison.

Il marcha dans la pièce et inspecta les lieux. Il s'éternisa surtout sur la bibliothèque qui l'intriguait depuis plusieurs semaines. Il toucha le dos de chaque livre et en tira un au hasard. Il l'ouvrit et découvrit avec horreur qu'il ne savait plus lire. Il ne reconnaissait aucune lettre, ne comprenait pas les sons qu'elles faisaient. Il prit peur et reposa le livre sur l'étagère. Il s'envola légèrement pour observer les quelques livres posés au plus haut de ce grand meuble.


-Comment fais-tu cela ?


Peter se cogna la tête contre le plafond et perdit l'équilibre. Il s'écrasa sur le sol en se frottant la tête. La jeune fille que Peter observait depuis si longtemps se tenait devant lui, dans sa robe de nuit, les cheveux pourtant si bien coiffée et avec ce visage si doux. Il eut peur au début, mais à force de la regarder, il y prit goût et ne la quittait plus des yeux. Au contraire, il prenait un plaisir à la détailler d'aussi près, de pouvoir contempler celle qu'il rêvait de rencontrer. Néanmoins, Peter compris ce que cela voulait dire. Cette fille connaissait maintenant l'existence de Peter Pan. Et ça, Peter ne le désirait pas. Il se releva et posa ses mains sur ses hanches, se tenant bien droit. Il fit une révérence, sans vraiment savoir ce qu'il devait faire. La jeune fille sourit puis fit à son tour une révérence en tirant sur les côtés de sa robe.


-Comment t'appelles-tu ? demanda la blonde.


Peter eut un moment d'hésitation puis sans savoir pourquoi, ses mots glissèrent automatiquement hors de sa bouche.


-Peter Pan.


La jeune fille sourit et s'inclina légèrement encore une fois.


-Moi c'est Wendy Darling. Comment fais-tu pour voler ?


-Je sais tout faire. Je suis Peter Pan.


Wendy fronça les sourcils à cette réflexion.


-Devrais-je te connaître ? Et par ailleurs, il me semble impossible que tu saches « tout faire ».


Ce fut au tour de Peter de froncer les sourcils. Il paraissait blessé et convaincu qu'elle avait tort. Mais avait-elle vraiment tort, après tout ? Il décida de ne pas y penser et de s'enfuir aussitôt. Il tourna les talons et monta sur la fenêtre.


-Non. Attends, implora Wendy. Où vas-tu ?


Peter se tourna vers Wendy et eut un moment d'hésitation. Avait-il vraiment envie de partir d'ici?


-Je retourne chez moi.


Wendy s'avança rapidement et rejoignit Peter sur le bord de la fenêtre.


-Et où est-ce ?


Peter fut gêné par cette proximité. Jamais de sa vie il n'avait côtoyé de fille. Jamais il n'avait appris à se comporter en présence d'une dame. Pourtant, à ce moment précis, il finit par apprécié cette contiguïté. Il se prit même à désirer sentir son parfum et toucher ses cheveux qui flottait au vent frais de ce mois de décembre. Il se concentra sur le ciel et pointa son doigt vers une étoile qui brillait plus que les autres.


-Deuxième étoile à droite, et tout droit jusqu'au matin.


Wendy le regarda avec un air étonné. Elle ne comprit pas immédiatement ce que l'enfant dans sa chambre voulait dire. Elle ne savait pas si c'était une adresse ou bien une simple blague. Peter continua de fixer cette étoile qui brillait de milles feu avec un sourire. Wendy songea qu'il disait peut-être vrai, même si cela semblait impossible. Mais en y pensant, le garçon pouvait voler. Cela suffisait à Wendy pour le croire.


-Tu vis dans les étoiles ?


Peter rigola légèrement et se tourna vers Wendy.


-Non. L'étoile que tu vois n'est qu'une simple entrée. Derrière cette magnifique étoile se trouve mon monde.


-A quoi ressemble ton monde ? J'aimerais en savoir plus.


Peter regarda avec sérieux Wendy. Elle, en retour, le gratifia d'un énorme sourire.


-Bien. Mais descendons d'abord. Ce n'est pas le plus confortable.


Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant