Chapitre 20

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J'observe Doc pendant qu'il prépare son matériel sur un chariot et qu'il l'emmène jusqu'au lit de la jeune fille. Mélanie l'aide ensuite à la retourner sur le ventre, puis elle dégage les cheveux sombre de sa nuque gracile.

– May ? appelle Doc. Peux-tu prendre la cryocuve vide et l'apporter jusqu'ici ?

Je sors de mon état de latence et suis ses consignes. Je saisis le caisson cryogénique vide de tout habitant et m'arrête près du lit, à côté de Mélanie.

– Tu peux la donner à Mélanie, poursuit Doc. Je te réserve un autre travail.

Je m'exécute une nouvelle fois, un peu comme dans un état second. Je ne sais plus vraiment ce que je fais ici. Sans plus de préambules, Doc commence alors son travail. Il incise la peau de la fille à la base du crâne, là où une fine cicatrice existe déjà. Au même endroit où je peux sentir la mienne quand je touche ma nuque. La sentir sous mes doigts me permet de me souvenir. C'est un rappel de la raison pour laquelle je survis, une raison de me battre.

Doc applique un produit sur l'entaille qu'il m'explique être un anti-hémorragique, puis il écarte les lèvres de l'ouverture et insère son scalpel un peu plus sous les muscles de la nuque. J'ai peur un instant qu'il endommage quoi que ce soit puis je réprime ces pensées. Je dois fais confiance à Doc et à ses capacités. N'a-t-il pas réalisé l'exacte même opération sur moi il y a peu de temps ?

Doc repose son scalpel sur le chariot et dirige ses doigts vers l'entaille. Sans m'en rendre compte, je retiens mon souffle. Je ne vois pas vraiment ce qu'il fait d'où je me trouve, mais il le fait d'une main experte et avec la plus grande douceur.

De longues secondes passent et, sans que je m'y attende, elle est déjà là. L'âme est là, dans la paume de Doc. Elle est magnifique, au delà de tous ce que les souvenirs flous de Rivière m'avaient préparée. Je contemple un petit ruban argenté, étincelant, se remuer dans la main de Doc, ses petits filaments nacrés s'agitant de toute part comme pour se dégourdir les jambes.

– Tends moi tes mains en coupe, me demande Doc.

Après une seconde d'hésitation, je fais ce qu'il me dit. J'observe la minuscule créature se glisser entre mes paumes et frôler ma peau avec douceur.

– Tu vas ensuite pouvoir la placer dans la cuve que Mélanie tient, finit de m'indiquer Doc avec douceur, conscient des émotions qui me traversent.

Je prends encore quelques secondes pour contempler l'âme, pour savourer son contact, puis je tends à regret les mains vers la cuve et regarde la créature s'y glisser. Mélanie la ferme ensuite et enclenche le mécanisme d'hibernation.

Je remarque que Doc a entreprit de fermer l'entaille dans la nuque de la jeune fille et, avant que je le réalise, l'opération est déjà terminée.

– Et maintenant ? je demande, encore un peu émue par le moment passé.

– Maintenant, on lui donne le temps de revenir à elle, si elle est encore là.

– Si elle ne revient pas seule, on peut l'y aider en lui parlant, intervient Gaby que je n'ai pas vu arriver. Je pourrais te montrer, si tu veux ?

Je lui souris.

– J'aimerais beaucoup. Et, Doc... Puis-je dormir là cette nuit ? J'aimerais être là si jamais elle se réveillait...

Doc acquiesce avec un sourire bienveillant.

– Bien sûr, cela ne pose aucun problème, me rassure-t-il.

La nuit venue, la fille n'est pas revenue à elle. L'homme adulte dont l'extraction a été réalisée plus tard ce soir par Doc et Candy non plus. Doc s'éclipse un moment et je décide de suivre les conseils de Vagabonde et de parler à la jeune fille.

La fille et l'âme [Les Âmes Vagabondes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant