Chapitre 12

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Les premières lueurs du soleil percent à peine à l'horizon quand Rivière se réveille. Son sommeil a été agité. Tant de questions se posent dans son esprit, tant de doutes, tant de regrets.

Je me fais silencieuse. La sensation d'avoir tout gâché ne me quitte pas depuis la veille. Nous aurions pu trouver notre équilibre un jour : peut-être aurais-je fini par apprécier Vogue, peut-être l'aurais-je aimé, moi aussi. Au lieu de ça, nous sommes revenues au statu quo, un état d'insatisfaction des deux côtés.

Rivière repousse ses couvertures en sentant la pellicule de sueur sur son corps. La chaleur est étouffante dans la chambre. Ressentant soudainement le besoin d'air pur, elle se lève et sort sur le perron. Elle s'accroche à la balustrade et accueille avec réconfort la fraîcheur du matin.

Elle sursaute en entendant un petit « Oh ! » d'étonnement à sa gauche. Ses yeux tombent alors sur une petite silhouette. C'est un petit bout de femme avec un visage d'ange et de longs cheveux blonds.

– Excusez-moi, je ne voulais pas vous faire peur ! s'empresse de s'excuser Rivière avant de s'expliquer. J'avais besoin d'air. Il fait si chaud à l'intérieur !

– Ce n'est rien, la détrompe la jeune fille. J'ai simplement été surprise, je ne m'attendais pas à croiser quiconque si tôt.

Le regard de Rivière tombe sur le sac dans ses mains. Il est rempli de viennoiseries, un peu trop pour une seule personne, surtout pour un corps miniature comme le sien.

– Vous en voulez ? lui demande l'inconnue en suivant son regard.

– Oh, merci c'est gentil mais ça ira. J'irai chercher mon petit déjeuner plus tard. De plus, vous devez avoir des amis qui attendent ces viennoiseries avec impatience.

La jeune fille sourit à Rivière avec timidité.

– Au fait, je m'appelle Rivière.

– Crépuscule d'hiver, répond la jeune fille.

– Enchantée de faire votre connaissance, Crépuscule d'hiver. Vous voyagez donc avec des amis ?

Elle acquiesce en souriant.

– Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, poursuit Rivière. Vous devez avoir hâte de déguster ces petites merveilles. Quant à moi, une douche ne me fera pas de mal...

Après quelques dernières banalités, Crépuscule d'hiver s'en va. Je me plonge dans un état de demi-sommeil tandis que Rivière profite de la fraîcheur d'une douche. Je la laisse voguer à ses pensées sans intervenir. Nous avons toutes les deux besoin d'intimité après les événements de la veille.

Je reviens à la conscience après un moment et réalise qu'un peu plus de temps que je ne le pensais a passé. Il fait nuit noire. Je devine que la journée en est à son terme, ou bien que la suivante a déjà commencé. Rivière revient d'une petite marche nocturne. En fouillant dans sa mémoire, je vois qu'elle ne parvenait pas à dormir alors elle a décidé de partir prendre l'air.

« Comment a été ta journée ? » je lui demande.

« Te revoilà. » remarque-t-elle.

« Tu n'as pas répondu à ma question. »

« J'ai revu Vogue. Il m'a proposé qu'on déjeune ensemble. J'ai accepté car je ne voyais pas comment refuser. Mais cela lui fait du mal que je sois si distante avec lui. »

« Alors ne le soit pas... »

« Tu sais bien que je ne peux pas être proche de lui, May. Je m'y refuse. »

La fille et l'âme [Les Âmes Vagabondes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant