Chapitre 9

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La figure attristée de Mina nous provoque un pincement au cœur, à Rivière comme à moi, bien que nous sachions que c'est uniquement temporaire. Mina ne peut pas accompagner Rivière lors de la tournée de la troupe de théâtre, elle a tant à faire ici. L'université, ses amis...

Cependant, être éloignée de Rivière lui plaît aussi peu qu'à nous. Le seul réconfort que nous avons, Rivière et moi, est celui de savoir Mina en sécurité. Elle résidera temporairement chez des amis à elle, pendant la durée de l'absence de Rivière. Elle n'aime guère être seule dans cet appartement.

– Au moins, tu as toujours May avec toi, fait remarquer Mina. Cela doit être bien d'avoir toujours une amie en sa compagnie.

Rivière sourit.

– Je suis contente de l'avoir avec moi, acquiesce-t-elle. Mais cela m'attriste également qu'elle ne puisse pas récupérer son corps...

Mina hoche la tête.

– May sait que cela n'est pas de ta faute, pas vrai ?

– Oui, elle le sait.

Quelqu'un frappe à la porte.

– Ce doit être Vogue-sur-les-flots, suppose Rivière.

Un sourire malicieux apparaît sur le visage de Mina.

– Chut ! l'avertit Rivière.

– Quoi ? Je n'ai rien dis, réplique Mina avec innocence.

Mina se précipite pour aller ouvrir la porte avant Rivière qui se met à rougir. Je ris devant le comportement puéril de Mina.

– Bonjour, Vogue ! s'exclame-t-elle. Rivière t'attendait avec impatience.

Le regard de Vogue croise celui, gêné, de Rivière. Il lui sourit affectueusement et elle a l'impression que son cœur se met à fondre.

« Reprends-toi, Rivière ! » je lui dis.

« C'est ce corps, il semble me contrôler plus que je ne le contrôle... »

« Ce sont les hormones... »

« Comment fait-on pour les contrôler ? »

« On ne le peut pas, j'en ai bien peur. »

Vogue s'approche de Rivière et l'embrasse sur la joue. Elle croise le regard de Mina par-dessus l'épaule de Vogue qui les contemple avec des yeux amusés.

– Prête pour le départ ? demande Vogue.

– Prête ! s'enthousiasme Rivière.

Elle se saisit de son sac mais Vogue s'empresse de le lui prendre des mains.

– Je m'en occupe, la rassure-t-il.

– C'est gentil, le remercie-t-elle.

– Je t'en prie.

Rivière se tourne vers Mina.

– Tout va bien aller ? lui demande-t-elle une dernière fois.

– Oui, ne t'inquiètes pas. Mes amis passeront bientôt me chercher. Mais tu vas me manquer.

– Oh, toi aussi, Mina.

Elle serre Mina fort contre elle et cela me renvoie à de vieux souvenirs.

Je dégringole les escaliers à toute vitesse, excitée comme une puce. J'attends ce moment depuis si longtemps. Judith nous a invitées, moi et d'autres amies, à venir passer une semaine de vacances dans la maison de bord de mer de ses grands parents.

La fille et l'âme [Les Âmes Vagabondes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant