Chapitre 10

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Encore des menaces. Je reste sans ouvrir la bouche, plus il me parle, plus j'ai l'impression de m'adresser à un psychopathe.

-Tu ne réponds pas petite fille? Tu as peur peut-être ?

Il m'attrape le menton.

-Tu me fais mal. Je grince

Il me lâche brusquement avec un sourire railleur. J'essaie de me contenir, pour ne pas l'insulter. Self contrôle Néa, self contrôle.

-Pauvre petite. Bon alors, ça fait quoi de savoir que tu vas peut-être crever ?

-Oh moi je vais m'en sortir. Mais vous deux, sans doute pas.

Ouais. J'ai encore loupé une occasion de me la fermer. Il me prend par la gorge.

-Qu'est ce qui te fais croire que tu vas t'en sortir ? 8% ma belle, c'est peu. Très peu. Et puis si ça se trouve, il y aura des effets secondaires, et finalement dans quelques mois, il n'y aura plus personne sur Terre. Fais pas trop la maline, tu vas te prendre un sacré revers en pleine gueule.

-Tu ne sais rien. En tout cas sois sûr d'une chose, ce masque que tu portes, il ne te protégera pas. Je me mets à ricaner, le stress atteint un niveau bien trop haut à supporter.

-Et toi, qu'est ce que tu sais?

Il me fixe, attendant que je prenne la parole. Mais j'hésite à lui révéler ce que je sais. S'il se rend compte qu'il va mourir et moi pas, qui sait comment il réagira... Il commence à s'impatienter, et se met à caresser mes cheveux, avant de tirer une mèche vers lui pour que mon oreille atteigne sa bouche.

-Tout peut bien se passer. Si tu me le dis, je te laisserai partir. Si je m'aperçois que tu mens, tu pourras dire au revoir à ton joli petit minois. Tu as 5 secondes. Un. Deux. Trois. Quatre.

Je réfléchis à toute vitesse, impossible de trouver un mensonge qui tienne la route.Mieux vaut préserver ma santé pour le moment. Presque dans un état second, je lui balance la vérité à la figure.

-C'est les groupes sanguins !!! Seuls les B+ ne sont pas affectés !

Il sort une pièce de sa poche:

-Pile, tu mens, face tu dis la vérité.

Il lance la pièce, et m'annonce tout sourire:

-Bien. Je te crois.

Il se retourne et marche d'un pas résolu vers son sac. Quoi?... C'est tout? Mais il a vraiment un souci ce type. Il ouvre son sac, en sort une pochette qui contient de nombreux documents. Je le vois sortir deux actes de naissance. Il les parcourt rapidement du regard, et son sourire disparaît immédiatement. Il les roule en boule et les balance à l'autre bout du hangar avec un cri de rage, avant de se mettre à frapper violement les murs de tôle. Il frappe, encore et encore, produisant un bruit monstre qui résonne dans tout mon corps. Son frère se réveille en sursaut et hurle son prénom à plein poumons.

-Samuel ! Samuel ! Sam !!!

Il finit par se retourner, et en apercevant son frère, il se calme instantanément et se précipite sur lui.

-Oh mon dieu Arthur je suis désolé de t'avoir réveillé mon grand, pardonne moi.

Des larmes coulent le long de ses joues. Il s'essuie le nez avec sa Manche et soulève le petit garçon dans ses bras.

-Aïe! Samuel tu serres trop là !

-Excuse moi, renifle-t-il.

C'est en voyant son regard dévasté que je comprends enfin. Samuel est B+. Arthur ne l'est pas. Le petit garçon est condamné. Il le repose doucement.

-Sam, j'veux du chocolat ! J'ai encore faim!

-Oui bien sûr, va te servir, autant de chocolat que tu veux. Tu peux même tout prendre.

-Oh trop cool!

Et il fonce vers le chocolat. Samuel se tourne vers moi.

-Il a 8 ans... C'est pas possible... On doit pouvoir faire quelque chose!

Je ne réponds pas. Je n'ai jamais été douée pour réconforter les gens, et le fait qu'il accorde autant de crédit à mes propos me surprends toujours autant.

Soudain, le petit entre dans mon champ de vision, la bouche couverte de chocolat.

-Eh toi au fait, comment tu t'appelles ? Toi aussi t'as peur de la maladie?

-Je m'appelle Néa, et ouais, moi aussi j'ai peur.

-Nan mais t'inquiète ! Ici on est à l'abri, la maladie, elle nous trouvera pas ! Je peux rester avec toi si tu veux pour te rassurer !

-Ouais carrément.

Tant que tu restes, ton   frère ne me feras pas de mal, alors fais toi plaisir. Tout content, il s'assoit en face de moi et commence à me parler de son petit chat, Noisette. Je l'écoute à moitié, surveillant en coin les mouvements de Samuel, qui fait des allers retours nerveux. Au bout de quelques minutes, le petit lance :

-C'est l'heure de dormir, viens avec nous Sam !

Euh.. Pas sûre que ce soit une bonne idée... Le petit sautille, plein d'espoir alors que son frère renifle en me fixant avec mépris. Il ouvre la bouche pour ordonner à son frère de s'écarter de moi, quand soudain, ce dernier se met à vaciller. Merde.

-Sam, j'ai la tête qui tourne je crois.

Le jeune homme se précipite sur son petit frère et l'attrape au moment même où il s'écroule. Il marmonne vaguement qu'il a mal à la tête avant de perdre connaissance.

-Arthur ! Arthur!! Putain réveille toi t'as pas le droit de faire ça ! Arthur merde !!

Il le secoue désespérément, et je ne parviens pas à détacher mes yeux du spectacle. Les larmes de Samuel viennent mouiller le T shirt du petit. Il se tourne vers moi.

-Fais quelque chose ! Sauve le bordel!

Il arrache en un geste l'anneau qui me retenait prisonnière.

-Sauve le ! Me hurle-t-il

-Je... Je suis désolée mais...

Il ne m'écoute même pas et se met à marteler avec fureur la poitrine de son petit frère, dans ce qui ressemble vaguement à un massage cardiaque. J'entends un sinistre craquement qui retentit. Il vient de lui péter une côte. Je tente de le raisonner, ne pouvant me résoudre à partir maintenant.

-Samuel écoute... Ton petit frère est parti, ça ne sert à rien, arrête.

Il s'écarte brusquement et me désigne sa poitrine qui se soulève.

-Il respire encore, il va s'en sortir! Tiens bon Arthur d'accord ??

Et il se remet à s'acharner sur la poitrine du petit.

-Samuel... Dans une petite heure tout au plus, son cœur cessera de battre. Accompagne le jusqu'au bout. Ne le laisse pas tomber. S'il te plaît.

Pour qu'on se souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant