Alter ego (2)

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Jace

Je suis John quand tout le monde sort du bureau, pour qu'il me mène à ma loge. J'ai passé le rendez-vous à écouter et j'ai laissé Lisa parler en notre nom, parce qu'elle le fait très bien et que moi je me serai sûrement contenté de défendre ma cause, en la laissant dans sa merde.

Je suis tellement crevé que j'ai hâte de tourner cette scène parce que je sais qu'elle va me remettre d'aplomb. La nuit dernière a été un véritable enfer. Je me suis endormi en flippant à mort parce que j'avais peur que Lisa découvre la vérité. Je me suis réveillé vers une heure à cause d'une nouvelle crise et alors que je pensais que j'allais la gérer seul, comme d'habitude, en attendant patiemment que ça passe, Lisa est revenue vers moi en un rien de temps avec un verre d'eau et une serviette mouillée. Ça me fait chier de l'admettre mais le fait qu'elle se soit occupée de moi m'a vraiment aidé, je n'ai jamais géré une crise aussi bien depuis que j'essaie désespérément de me sortir de cette merde.

Un rire faux s'échappe de mes lèvres quand je repense à ce que je viens de m'imaginer. Non, je n'essaie pas désespérément, j'essaie parce que je veux voir si je suis capable de m'en sortir seul, je veux voir jusqu'où je peux aller, après je replongerai comme d'habitude, dans les fonds noirs et irrésistibles de l'enfer, dans lesquels j'ai mis les pieds bien trop tôt pour me tirer d'affaire aussi facilement.

-Pourquoi tu rigoles ? M'interroge John en ouvrant la porte de ma loge.

Je ne réponds pas et laisse John s'imaginer ce qu'il veut. Après tout, c'est le roi de l'imagination ce con.

Quand Lisa s'est énervée, il y a à peine dix minutes, j'ai réellement cru qu'elle allait quitter le tournage sans laisser le temps à quiconque de réagir. Et sur le coup, j'ai flippé. Pas parce que je voulais qu'elle continue à tourner avec moi, mais parce que j'avais peur qu'elle me laisse dans ma merde après ce qu'elle a fait pour moi hier, et aussi parce que je veux gagner ce putain de jeu de merde. C'est égoïste de ma part, oh oui, très égoïste, mais je n'y peux rien.

La vérité c'est que depuis qu'on habite dans la même maison, je me suis habitué à sa présence au quotidien et si je devais rester seul dans cette baraque ça me ferait chier.

J'ai été tellement surpris, que je ne suis pas sûr de m'en être remis, mais Lisa m'a défendu devant les autres pour une chose que j'avais merdé. Quand je l'ai vue avec le cadre dans les mains, tout ce qui n'était pas plus important que le secret d'Everly s'est tiré de mon cerveau en deux secondes chrono. Je pensais que Jenna répondra à ses appels comme n'importe quel agent mais visiblement, elle semble avoir du mal avec son boulot en ce moment.

Je grogne et lance un regard noir à la maquilleuse qui vient de me mettre son pinceau dans l'œil en signe d'avertissement. Quel comble pour un réalisateur de renommée mondiale, de ne pas avoir une équipe efficace.

Après plus d'une trentaine de minute à ruminer sur l'entretien, Lisa et notre guerre stupide, je quitte la loge et rejoins le plateau, prêt à tourner la scène.

-Bien, tout le monde est prêt ? En place !

Je vais rejoindre Lisa dans une salle du palais de justice montée de toute pièce par l'équipe. Il n'y a quasiment rien, quelques tables et chaises, un ordinateur portable et une pile de dossier.

-Jace sur la chaise. Affalé, comme dans mon bureau.

Je ne relève pas sa petite pique bien placée et m'installe comme monsieur le souhaite. Lisa se tient à plusieurs mètres de moi, la hanche appuyée contre le bord d'une table. Penser à la monstrueuse engueulade qui va suivre me fou les jetons, j'ai un mauvais pressentiment qui me hurle de ne pas m'emporter et de ne pas tout foutre en l'air en interprétant mal les paroles qu'on va se jeter à la gueule.

L'Or et l'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant