Le Grand Retour (2)

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Jace

Ça fait plus de dix minutes que je suis planté comme un con devant le portail de la propriété de mon père.

Dix minutes que j'attends.

Attendre quoi ? J'en sais foutre rien parce que je n'ai pas été foutu de taper le code qui permet d'ouvrir le portail.

Et s'il avait changé depuis trois ans ?

Réfléchis putain, qui change le code de son portail, hein ? Personne.

Je m'avance un peu, prêt à taper ce putain de code mais me ravise au dernier moment. Une vieille femme avec son chien approche, son toutou plus proche d'une peluche que d'un véritable être vivant commence à s'exciter et à aboyer dans tous les sens pour une raison qui m'échappe, mais en tout cas ça me casse bien les couilles. La vieille me regarde d'un mauvais œil et ralenti même le pas en arrivant à mon niveau.

Quelle connerie elle va me sortir, encore, celle-là ?

-Je pense que si on ne vous ouvre pas, c'est qu'il y a une raison monsieur.

Il me faut un certain temps pour comprendre l'italien rapide et sans effort qu'elle emploie. Je ne la regarde pas, reste fixé sur les arbres de la propriété, pour éviter d'insulter une femme de quatre-vingt-dix ans qui ferait sûrement une attaque au moindre mot déplacé.

-Je connais assez bien les propriétaires, commence-t-elle. Je pense que vous n'avez pas votre place ici.

Même en la regardant du coin de l'œil je peux la voir jeter un regard dédaigneux et presque dégoûté sur mes nombreux tatouages. C'est donc ça. Madame est de la vieille, très vielles, école. Je ne devrai pas être surpris, cette femme a l'âge d'être mon arrière-grand-mère, sa jeunesse est bien loin et bien différente de la mienne. Pourtant, je ne comprends toujours pas pourquoi les personnes âgées refusent d'avancer avec leur temps.

-Moi aussi, je les connais bien.

Je marque une pause et pivote légèrement pour être face à elle. Je ne devrai pas penser ça, mais je la domine de toute ma taille et une sensation de supériorité grimpe en moi sans que je ne puisse l'arrêter. Sans que je n'aie envie de l'arrêter, plutôt.

-Je suis le fils du propriétaire.

Elle fronce légèrement les sourcils et prend le temps d'analyser chaque millimètre carré de mon visage. Je ne ressemble pas vraiment à mon père, j'ai seulement ses yeux et vue l'âge de cette femme, je suis persuadé qu'elle ne s'intéresse pas au monde dans lequel je vie, donc elle ne doit pas avoir la moindre idée de qui je suis.

Je lui sourit hypocritement, m'approche du portail et tape ce code de merde qui me nargue depuis trop longtemps. Le portail s'ouvre, sous les yeux surpris de la vieille femme et je pénètre dans la propriété.

-Passé une bonne fin de journée.

Mon sac de sport sur l'épaule, je commence à avancer dans l'allée bitumée, alors que le portail se referme derrière moi. L'allée n'est pas très longue juste une cinquantaine de mètre, c'est assez pour que la maison soit cachée de la vue des passants derrières les grands arbres aux fleurs roses, qui encadrent toute la propriété. Une idée de Maria, je suppose.

J'essaie d'avoir une démarche assurée alors que j'approche de la maison ultra moderne de mon père, mais je commence à flipper comme un môme qui rentre de l'école après avoir fait une connerie. Ça m'emmerde, mon père ne m'a jamais fait peur, il ne savait pas me gérer et à rapidement abandonné en me laissant faire ce que je voulais. Il ne voulait pas que je le déteste autant que je détestais ma mère.

L'Or et l'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant