L'Or et l'Argent

Bonne année (3)

Lisa

-Alors voilà. Je suis maladroit. Je ne fais pas les choses bien, je ne mesure pas l'ampleur des paroles qui sortent de ma bouche et j'ai même causé la mort de plusieurs personnes. Je ne suis pas un type bien. Mais avec toi... j'ai envie de l'être.

Ma respiration s'accélère et devient irrégulière. Ses paroles ont l'effet d'une véritable bombe sur mon pauvre cœur maltraité et je peine à m'en remettre. Je sais qu'il a du mal avec tout ce qui touche aux sentiments alors qu'il me dise tout ça me touche sincèrement.

-Et toi... Kate. C'est quoi ton histoire ?

Cette fois, mon cœur loupe un battement et ma respiration se bloque. Bien sûr, j'aurais dû me douter que si Stan avait fourché une fois sur mon prénom, il allait le faire à plusieurs reprises. Même si je sais depuis longtemps que ce moment allait finir par arriver, j'aurais préféré l'éviter parce que maintenant que nous y sommes, je doute de moi et mon histoire comme il dit.

-C'est compliqué.

Sa tête se tourne légèrement sur le côté pour me signifier qu'il m'écoute.

-Je t'ai déjà expliqué une partie de l'histoire en te parlant de mes parents. En fait...

Je pose mon front contre son dos et souffle un bon coup avant de poursuivre.

-C'était des trafiquants.

Tout le corps de Jace se tend. Il tient plus fermement la balustrade et moi, je me tiens à lui comme si c'était ma bouée de sauvetage, dans la tempête intarissable qu'est ma vie.

-Je t'avais expliqué que ma mère avait accouché dans une clinique un peu spéciale. Aux yeux de l'État je n'existais pas. Pourtant j'étais inscrite dans une école jusqu'à ma première année de lycée et les services secrets connaissaient mon existence.

Mes parents s'étaient pourtant grandement renseignés sur la clinique où je suis née. Ils avaient questionné des amis à eux, des trafiquants avec qui ils commerçaient, alors tout portait à croire que la clinique était sûre. Pourtant, mes parents se sont fait avoir comme des débutants et cette idée me reste en travers de la gorge depuis que j'ai appris le pot aux roses. Ils se vantaient d'être les plus forts, d'être protégé par je ne sais qui, les voir échouer m'a mis en rogne.

-Certaines instances gouvernementales, comme la CIA, savent des choses que nous ne pourrions jamais imaginer. Que mes parents n'avaient pas imaginé.

Jusqu'à ce que la vérité leur explose à la gueule.

-Pourtant ça paraissait évident. Si j'étais sur la liste des élèves du pays, j'étais forcément sur des registres. Secrets, cachés ou confidentiels, peu importe. Mon nom était quelque part.

Il était même partout. La clinique n'était pas sûre pour une famille comme la mienne, qui avait une liste d'ennemis longue comme le bras. Ennemis qui ont sautés sur l'occasion en apprenant ma naissance et n'ont pas attendu longtemps avant de donner mon nom au gouvernement. Mais ça, je ne lui dis pas, c'est un détail inutile.

-Alors lorsqu'ils ont su que la CIA m'avait trouvé ils ont tout mis en œuvre pour me protéger si jamais il leurs arrivait quelque chose.

J'ai naïvement cru que mes parents allaient faire partie des criminels qui arrivent à échapper à la justice pendant la totalité de leur vie alors que leur sort s'est scellé le jour où je suis venue au monde.
Ma grand-mère m'a raconté en long, en large et en travers le jour de ma naissance. Je le connais par cœur, maintenant.

Каtherina... Наследницу нашего состояния зовут Katherina Nabokov.

C'est la phrase que mon père a dit lorsque j'ai pointé le bout de mon nez, ma mère lui aurait souri en réponse, avant de chuchoter mon nom. Je venais de naître et ils me voyaient déjà comme l'héritière de leurs fortunes de mafieux.