L'Or et l'Argent

Côte de boeuf et paparazzis (1)

Lisa

Ce dîner va être une véritable catastrophe.

Ma conscience me hurle cette phrase depuis que la porte de la loge de Jace a claquée dans son dos, dans un bruit sourd, dur et sec, qui laissait imaginer comme son humeur était massacrante.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir immense installé dans le dressing. J'ai opté pour une robe d'un rouge éclatant, longue jusqu'aux genoux. Elle est cintrée au niveau de la taille puis s'évase ensuite. Le décolleté en V n'est pas provocateur mais ajoute tout de même une importante touche de sexy. Pour une raison qui m'échappe, je ressentais le besoin d'être désirable. Le tissu est très fluide et léger, et rien que pour ça j'ai l'impression de donner raison à Jace quand il me disait que j'étais loin d'être frileuse. Est-ce qu'il va le remarquer ? Me faire une réflexion ? J'en doute, il à l'air bien trop énervé contre moi et si je ne l'avais pas vue revenir avec un costume, j'aurais presque pensé qu'il ne viendrait pas dîner.

Je m'approche du miroir pour observer mon visage. Mes doigts viennent toucher mes joues, dénuées de tout artifices. Je ne voulais pas en faire trop, puis je n'en ai pas besoin alors j'ai seulement maquillé mes yeux.

Je prends plusieurs inspirations, recule de quelques pas, lisse ma robe, plus pas nervosité que par nécessité et me détourne de mon reflet. Je ne sais pas pourquoi je stresse autant, ce n'est qu'un dîner mais je panique comme si j'avais dix-sept ans et que j'allais à mon premier rencard ou à la rencontre de mes beaux-parents. Ce n'est rien de tout ça mais mes relations avec Jace ne sont pas au beau fixe en ce moment. J'ai beau me dire que c'est ridicule parce qu'il s'est énervé pour une parole de Pearl, je sais qu'il n'y a pas que ça et moi aussi j'étais réellement vexée par les paroles d'Ethan. Notre relation a complètement déraillé au moment où ses lèvres se sont posées sur les miennes pour le tournage, il y a moins d'une semaine. Si je savais que de là, se créerait une tension sexuelle insupportable et un jeu bidon, j'aurais sûrement demandé à modifier la scène.

Un rire ironique m'échappe. Je me moque de moi-même. Bien sûr que non, même en sachant ce qui allait se produire, je n'aurai rien changé.

Plantée au milieu de mon dressing je tente de me détendre, quand la porte d'en face s'ouvre et se ferme dans un petit claquement. Moins brusque que ce matin, mais témoigne de l'agacement de mon partenaire et accentue ma panique. Je ne réfléchit plus et enfile une paire d'escarpin noir. Si je le fais attendre il va haïr plus que possible et alors que c'est ce que je souhaitais au départ, cette idée ne plait absolument plus.

Je saisie un manteau noir mi-long, le passe rapidement et sors de la chambre en attrapant mon sac à main. Je vérifie que j'ai bien tout ce qu'il me faut dans mon sac le temps de descendre les escaliers et surtout pour faire redescendre la boule de panique qui grimpe dans ma gorge. Aucun signe de Jace dans la maison, les portes vitrées sont fermées et je ferme brutalement les yeux, à la recherche d'une image de moi fermant les baies vitrées de ma chambre. Une fois rassurée, j'avance jusqu'à la porte d'entrée, légèrement entrouverte. Mes pas ralentissent presque instinctivement.

-Courage, Halloway. Me murmure-je en soufflant une dernière fois.

J'ouvre la porte en grand, le referme derrière moi puis me plante juste devant, comme un chien en attente de son os.

Jace me tourne le dos et je peux deviner sans mal à sa position qu'il s'allume une cigarette. Quand il se met à pivoter dans ma direction, mon cœur cesse de battre, mes poumons se vident de tout oxygène et mes mains se mettent à jouer nerveusement avec la lanière de mon sac. La vision qu'il m'offre est tout simplement époustouflante, en fait, je ne crois pas avoir déjà vue un homme aussi beau de toute ma vie.