XIX

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𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 19

Ça y était, la première représentation. Grâce à la page qui commençait à être légèrement connue du lieu, la salle entière se trouva pleine. Il y avait, comme le voulait le propriétaire, un grand nombre de familles avec enfants, alors finalement, il remercia le ciel de l'avoir empêché de présenter une pièce violente.

Jungkook tenait dans sa main fermement celle de Taehyung, qu'il sentait légèrement humidifiée à cause du stress intense par lequel il était frappé à ce moment.

Il ressentait presque ses émotions à présent, totalement en fait. Alors que le pic intensif de stress arrivait, il prit le menton du jeune dramaturge au creux de sa main pour la lever légèrement vers lui et lui voler un bisou sur le front.

<<Ils vont adorer je te promets. Tellement qu'à la fin ils jetteront des fleurs sur la scène. Tellement qu'ils hurleront pour que tu fasses une seconde pièce juste pour eux. Je te jure.>>

Lorsque les lumières s'éteignirent et que le traditionnel discours qui indiquait au gens la nécessité d'éteindre leurs téléphones retentit, le châtain cessa de respirer pour la première fois de la soirée.

Les rideaux vermeils se levèrent outrageusement lentement, les gens applaudirent pour encourager les comédiens amateurs.

Et le premier acte débuta, sur Saejong, le jeune fils d'un écrivain, aux alentours d'une dizaine d'années, assistant à son enterrement prématuré. Il avait fallut, pour cela, prendre un comédien qui jouerait Saejong enfant. Juste à côté de lui, apparut, seul dans la lumière au milieu de la pénombre qui entourait les deux versions du même personnage, Saejong, adulte.

Et il raconta pendant de longues et émouvantes minutes, alors que sa jeunesse à ses côtés pleurait toutes les larmes de son corps, des anecdotes, de courtes et de longues histoires que son père lui racontait, un éternel sourire nostalgique déposé allègrement sur ses lèvres roses. Il semblait réellement ancré dans une mélancolie profonde, et c'était ce qui avait été le plus compliqué à lui faire apprendre. Taehyung avait passé un nombre incroyable d'heures à lui faire travailler les expressions de tristesse, pour y voir des différences, pour séparer la mélancolie du chagrin, la tristesse d'un coeur brisé et celle de la perte d'un être cher.

Les spectateurs apprirent, par le biais de cette monumentale scène, toute l'étendue de l'imaginaire fantastique du défunt père du personnage de Saejong, et tout son talent indéniable pour l'écriture qu'il avait décidé de garder pour lui et sa famille, plutôt que de l'offrir au commerce.

Jungkook, connaissant déjà par coeur une partie du discours profond du jeune homme, jeta un coup d'oeil circulaire pour découvrir des visages émerveillés chez les enfants, qui semblaient adorer les histoires que racontait Saejong. Ils étaient de son côté, du sien et de celui de son père, de manière claire.

Après avoir raconté pratiquement tous les souvenirs de son père, la jeune version de l'homme et son futur tout deux disparurent pour laisser place à Saeron et Hyoseong discutant d'un livre.

Elles semblaient passionnées. Réellement passionnées. Au début, elles ne parlèrent pas du résumé de l'histoire qui faisait de ce livre un chef d'oeuvre exceptionnel, mais justement d'à quel point il était exceptionnel. Elles faisaient une éloge incroyable du livre, et les mines perplexes des spectateurs explicait leurs incompréhensions face à cette scène. Où était le rapport avec la longue scène précédente ?

Elles continuaient pendant longtemps à expliquer en quoi ce livre avait changé leur vision du monde, les avait faites s'engager pour des causes humanitaires en voyant les points de vue du héros et de ses amis, décrétant à la fin de leurs descriptions, des étoiles dans les yeux, que ce livre était sans doute le meilleur jamais écrit en terme de narration, d'écriture, d'originalité d'histoire, de personnages intéressants. Toujours sans raconter l'histoire même, ce qui était véritablement compliqué à faire. Cette scène avait donné énormément de fil à retordre au châtain.

Et puis, elles firent un résumé détaillé de l'histoire se complétant l'une l'autre. Et les spectateurs comprirent qu'ils s'agissait de l'une des histoires, très précisément, qu'avait écrites le père de Saejong. Sauf qu'il était sensé ne pas les avoir publiées. Il fallait que cette scène donne assez d'informations pour que lorsque le spectateur comprenne qu'il est question de l'une des histoires du début tout, chaque mot, prenne tout son sens.

Le coeur de Taehyung se souleva dans sa poitrine lorsque les spectateurs hurlèrent, étonnamment surtout les enfants, au plagiat, lorsque les deux femmes d'âge mûr avaient annoncé le nom de l'écrivain, Song Junhong, qui n'était véritablement pas celui du père du jeune homme qui avait ouvert la pièce.

C'est ainsi que se termina le premier acte, légèrement plus court que les deux suivants. Il avait duré un peu plus de vingt-cinq minutes, mais moins d'une demi-heure. Tout était calculé à la minute près, en fait.

Les spectateurs ne virent pas le pas sage au second acte mais Taehyung, lui, sentait se rapprocher la fin et cela lui donnait un stress incroyable.

La scène suivante mettait en scène Saejong rendant visite aux deux femmes, leur parlant comme à des grand-mères. C'est dans une discussion entre les trois personnages que les spectateurs eurent une information capitale, Saeron et Hyoseong connaissaient le père de Saejong, et depuis longtemps. Ainsi, elles auraient dû savoir la passion dévorante du géniteur défunt pour l'écriture. Mais non. Puisqu'il ne l'avait partagée qu'avec sa famille. Cette idée renforça la vision des liens familiaux qui avaient autrefois unis Saejong et son père.

Puis elles lui parlèrent du livre. Le comédien de Saejong eut son meilleur jeu d'acteur à ce moment là, sûrement dû à l'adrénaline. Son état de choc fut incroyable, tout le monde dans la salle fut pris d'une envie irrépressible de le prendre dans ses bras. Puis il entra dans une colère noire, criant sur les deux femmes qui ne faisaient qu'hausser les sourcils et les épaules en racontant des histoires de coïncidences, de manière particulièrement énervante. Il hurla véritablement toute l'étendue de sa haine pendant quelques petites minutes qui eurent une portée interminable, pour faire comprendre aux spectateurs que les deux femmes ne voulaient véritablement pas entendre raison.

À nouveau, Saejong se trouva seul sur la scène, expliquant pourquoi tout ceci l'avait tant énervé, et surtout pourquoi la perspective de la coïncidence avait depuis longtemps été enlevée de la liste des possibles hypothèses. De toute façon, il ne voyait pas une hypothèse mais qu'une explication sûre et certaine qui faisait bouillir en lui, d'après ses dires, son sang dans ses veines sous la colère.

Il raconta alors que ce Song Junhong était, longtemps avant, lorsque le soleil se levait encore sur la maison d'enfance du jeune homme, un ami très proche de son père. Et qu'il était la seule personne, à part lui et sa mère, à connaître ses talents d'écrivain inexploités. Il avait lu, en avant première, tous les livres jamais édités du père de Saejong, avec toujours un grand intérêt et un oeil vicieux de manipulateur, pour le faire changer quelques aspects de l'histoire qu'il n'appréciait pas. Et pour cause, seul, il ne pouvait pas le faire. Junhong était incapable d'écrire, à peine capable de parler à voix haute sans faire d'erreurs de grammaire. Il comprenait à présent pourquoi certains passages avaient été modifiés pour lui.



1210.


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Plus qu'un chapitre et l'épilogue wouah

-𝐃𝐑𝐀𝐌𝐀𝐓𝐔𝐑𝐆𝐄 ᵏᵛOù les histoires vivent. Découvrez maintenant