Chapitre trois: Élément perturbateur

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Wirnaj, vendredi 14 septembre 2012

J'atterris pile poil sur le symbole qu'avait laissé le Bifröst sur le sol gris de Wirnaj en soulevant un nuage de poussière. Bedrag passa de sa véritable forme à celle d'une vingtaine de centimètres. Je le plaçai dans mon dos, à sa place, juste au-dessus de mon sac, hors de la vue des deux Princes d'Asgard qui m'attendaient les bras croisés et l'air sérieux. Personnellement, je n'avais pas que l'air sérieux, j'avais l'air fâché.

Sans mes clés, j'avais dû passer la semaine à suivre mes colocs partout ou à devoir escalader la façade de notre immeuble pour entrer par la fenêtre de ma chambre. Mais même si mes bottes et mes gants adhéraient aux murs, se foutant totalement des lois de la gravité, grimper 47 étages après une longue journée à l'université, c'était chiant.

- Je crois que vous avez quelque chose qui m'appartient, Asgardiens, grondai-je en tendant la main.

- Oh, tu parles de ça, Midgardienne? me nargua Loki en brandissant mon trousseau de clés.

Celui-ci était composé de ma clé pour l'appartement, des doubles de tout le monde (celui de la voiture de Millie; celui de l'appartement de Chris Williams, le petit ami d'Annie; celui de la résidence universitaire d'Isa Gordon, une amie d'enfance de Chris et camarade à l'université) et d'un porte-clés acheté dans une des nombreuses boutiques souvenirs de New York.

- Oui, je parle de ça. Donne.

Je tendis la main pour l'attraper, mais, tel un gamin, Loki leva le bras au-dessus de sa tête, mettant le trousseau hors de portée.

- Dîtes-nous qui vous êtes, exigea Thor.

- Je n'ai pas à vous le dire, Asgardiens.

- Alors dis adieu à tes précieuses clés, rétorqua Loki en les faisant disparaître par magie.

Je soupirai d'exaspération. Pas que j'étais particulièrement attachée à mes clés, mais j'en avais marre que les Asgardiens viennent s'immiscer dans ma vie. Je ne pouvais pas avoir la paix, un peu? Qu'avais-je de si intéressant pour que ces deux princes s'obstinent à découvrir qui j'étais? Rien! Oui, j'étais mystérieuse, oui, je me rendais dans le désert des monstres sur une base régulière, et alors? Qui je dérangeais? Personne!

- Vous savez, je m'en fous que vous gardiez mes clés ou pas; ça va juste me coûter une blinde refaire des doubles. Ce qui me dérange, c'est que le porte-clés est une juste une excuse pour me faire parler. Peu importe ce que je vais bien pouvoir faire, vous allez toujours me harceler. Je pourrais juste repartir, mais ça ne ferait que retarder l'échéance.

- Révélez-nous votre identité et nous vous laisserons tranquille, dit l'aîné.

- À une condition.

Tant qu'à être obligée, autant profiter un peu de la situation.

- Laquelle?

- Thor, mes colocs sont fans de toi depuis le mois de mai. Alors, viens juste dire coucou, jaser un peu, prendre des photos...

- C'est tout? s'étonna le cadet.

- Oui, c'est tout. Tu t'attendais à quoi?

Le marché fut conclu. On se serra la main pour officialiser le tout. Je fis ma part du contrat; je leur dis mon prénom. Sans nom de famille, sans autres précisions. Je gardais tout de même quelques secrets.

- Je m'appelle Khayalan.

***

Manhattan, New York, samedi 15 septembre 2012

Secrets, mensonges et illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant