Chapitre vingt: La Guerre civile

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New York, jeudi 23 juin 2016

Le soleil plombait sur la Grosse Pomme et, malgré la canicule, je faisais partie des braves qui couraient à travers Central Park. Millie m'avait accompagnée, mais m'avait rapidement abandonnée pour retrouver la sainte climatisation et le café glacé du Starbucks le plus près. Mon métabolisme de muspelienne, s'il me trahissait pendant les grands froids hivernaux, était à mon avantage pendant la saison chaude. Annie et son plus récent coup de soleil en étaient jaloux.

Après un peu plus de dix kilomètres et une longue gorgée d'eau, je jetai mon sac de sport sur mon épaule et quittai le parc pour mon appartement sans me douter une seule seconde de ce qui m'y attendait.

Devant l'immeuble, un homme vêtu d'un chic costume peut-être un peu excessif au vu de la température attendait. Sur les cinquante-quelques étages, plus du triple d'appartements et encore plus de résidents, il aurait pu y être pour absolument n'importe qui, si bien que je l'ignorai jusqu'à ce qu'il m'interpelle et que je le reconnaisse.

- Mademoiselle Andersen? m'apostropha le grand Tony Stark en personne.

- Ça dépend, répondis-je en levant à peine un œil vers lui.

N'importe qui d'autre dans la ville – et soyons honnêtes, beaucoup de gens au niveau mondial – aurait été impressionné par sa seule présence. Ce n'était pas tous les jours qu'Iron Man en personne venait t'attendre personnellement en bas de ton immeuble. Mais moi, je le voyais comme un mauvais présage.

Je continuai mon chemin sans m'arrêter et entrai dans l'immeuble. Le vent que je venais de lui mettre ne découragea pas le moins du monde le milliardaire. Il bloqua la porte de son pied avant qu'elle ne claque et ne se verrouille et demanda à nouveau:

- Vous êtes bien Alana Andersen?

Je me retournai et, poussant un soupir intérieur, répondis:

- C'est bien moi, cette fois-ci. Que me vaut l'honneur, Mr. Stark?

- Vous n'êtes pas une femme facile à trouver, vous savez?

Je sais, c'est voulu.

- Je vais le prendre comme un compliment, mais vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Si vous en veniez aux faits pour que je puisse reprendre ma journée?

- Très bien. J'imagine que vous avez entendu parler des Accords de Sokovie?

Je compris alors clairement où il voulait en venir; il en avait après Mystery. Si je m'en doutais depuis la seconde où je l'avais reconnu, j'avais maintenant toutes mes certitudes. Ce n'était pas pour autant que j'allais lui vendre ma couverture. Je jetai un rapide regard sur ma droite. Par je ne savais quel miracle, le portier n'était pas à son poste. Où il était, je n'en avais aucune idée, – probablement pas loin – mais il pouvait prendre tout son temps pour revenir. Stark devait être parti avant son retour. Juste au cas où.

- Comme quiconque qui suit l'actualité... répondis-je finalement.

Je ne suivais pas l'actualité. Millie était notre source d'informations à l'appartement (et Annie celle des potins).

- ... mais je ne vois pas le lien avec moi puisque j'étudie pour devenir psychologue, pas super-héroïne. Et si vous avez besoin d'un thérapeute, je vous conseille plutôt d'aller voir un docteur diplômé.

Stark gloussa et enfonça nonchalamment ses mains dans ses poches.

- Je ne crois pas que vous m'ayez compris.

- Et moi je crois que si. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai autre chose à faire.

Je tournai les talons et me dirigeai vers l'ascenseur. J'étais calme, en pleine possession de mes moyens, et pourtant, je me débrouillai tout de même pour figer malgré moi lorsque la phrase résonna à travers le hall désert:

- Pourquoi tuer un monstre et pas l'autre? Ça aussi ça restera un mystère?

- Khorosho, murmurai-je entre mes dents.

Je n'avais pas figé longtemps, – une demi-seconde – juste assez pour qu'un œil attentif le remarque. Une demi-seconde de trop. Je ne pris plus la peine de faire semblant lorsqu'il lança son « Je le savais! ».

- Vous voulez quoi? demandai-je, soudainement beaucoup moins amicale.

- J'ai besoin de Mystery.

Je me retournai et fusillai le milliardaire du regard. Il n'était pas question que mon alter-héroïne se retrouve gérée par le gouvernement de quel pays que ce soit. Même si ce n'était finalement pas exactement ce qu'il voulait, Tony Stark ne m'embarquerait pas dans ses problèmes.

- Pour faire une histoire courte, m'expliqua-t-il, depuis les Accords, certains Avengers sont désormais hors-la-loi. Je rassemble une équipe de super-héros pour les arrêter.

- Et en quoi ça me concerne?

Iron Man hésita une seconde, mais se lança tout de même dans l'énumération des raisons qui pourraient potentiellement me convaincre. Les expériences passées l'avaient prouvé ; les supers devaient être régulés. Eux peut-être, moi certainement pas. Par patriotisme, par simple volonté d'aider? Pour éviter d'être considérée hors-la-loi par 117 pays si Mystery devenait plus connue? Nah, je n'étais même pas Américaine – ni même Midgardienne – et j'avais déjà dit que ça ne me concernait pas.

J'écoutai attentivement Stark tenter de me convaincre en hochant la tête de temps à autre, démontant un à un ses arguments intérieurement. Lorsqu'il se tut, me regardant avec espoir, mon sourire poli disparut et je lançai un ferme « non », me retournai et appelai l'ascenseur. Iron Man, m'attrapa le bras pour m'empêcher de partir.

- S'il vous plaît? Si vous voulez être payée, l'argent n'est pas un problème.

Je louchai méchamment sur la main posée sur mon bras avant de relever la tête et d'octroyer mon plus faux sourire au milliardaire.

- Oh, mais si c'est comme ça... Rejoignez-moi sur le toit dans cinq minutes.

Je reculai dans l'ascenseur après m'être défaite de la poigne de Stark et appuyai sur le bouton du 47e étage. Je traversai rapidement l'appartement désert, troquant magiquement mes leggings et mon débardeur pour ma tenue vane et mon masque. Je laissai mon sac au milieu du couloir, ne gardant que Bedrag accroché au dos de ma ceinture, puis ouvris la fenêtre de ma chambre et me glissai à l'extérieur, mes bottes et mes gants me gardant collée à la paroi.

Je me hissai sur le toit au moment où Stark y arrivait de manière plus traditionnelle. Il eut à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu'il se retrouva plaqué au sol avec un pied sur sa poitrine l'empêchant de se relever et un nez en sang. 

- J'ai. Dis. Non, grondai-je. Vos chicanes de bébés avec le gouvernement n'ont rien à voir avec moi. N'essayez plus jamais de m'y mêler ou de m'acheter et trouvez-vous une marionnette qui voudra bien tout risquer pour des broutilles autre part. Je paris que le gamin du Queens s'en fera un plaisir.

Sans pour autant être complètement terrifié, Stark comprenait rudement son erreur. Je me penchai et lui crachai ma dernière phrase à quelques centimètres du visage:

- Et je vous jure, Stark, que le jour où j'apprendrai que mon nom s'est répandu par votre faute, vous serez mort avant l'aube. Clair?

- Limpide.

Je retirai mon pied de sa poitrine et Stark quitta les lieux dans la minute. Je n'avais aucune idée s'il trouverait Spiderman sans autres indications – très probable puisqu'il m'avait trouvée – ou ce qu'il deviendrait par la suite, mais je ne pouvais pas moins m'en soucier. Pour l'instant, ma couverture était toujours sauve et j'allais avoir la paix. C'était tout ce qui importait.



Notes de l'auteure

Petit chapitre (le plus court de tous, en fait) pour ceux qui se demandaient Team Cap ou Team Stark? Pour Khayalan, Team herself (sans grand étonnement) et perso, Team Cap.

Saphir

Secrets, mensonges et illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant