Chapitre quatre: Élément aidant

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Wirnaj, samedi 29 septembre 2012

Des plaines, des déserts, du sable, du gravier, quelques collines, le tout en gris, se succédaient sous les nuages et les quelques rayons de soleil de Wirnaj. Nous parcourions ces décors monotones, chacun de notre côté, cherchant encore et toujours l'endroit où, des millénaires plus tôt, quelqu'un était venu déposer la pierre des Enfers.

J'avais réussi à rallier le Prince Asgardien à ma cause. En fait, il n'avait pas semblé s'intéresser plus qu'il ne le fallait à la puissance d'Inferna. Toutefois, il ne s'estimait toujours pas satisfait et se demandait encore qui j'étais. Je lui refusais cependant ces informations. C'était sans doute ce qui le poussait à explorer le désert des monstres en ma compagnie. S'il ne pouvait m'extorquer des infos dans l'immédiat, peut-être que la patience et la gentillesse joueraient en sa faveur. Il m'aidait, attendait dans l'espoir que je finisse par me confier.

Son aide était appréciée, mais jamais il ne prendrait connaissance de ce passé que j'aurais préféré oublier. Même Annie et Millie, mes deux meilleures amies, n'en savaient presque rien. Elles savaient que je ne venais pas de la Terre, elles étaient au courant de quelques détails minimes, mais ne savaient presque rien de précis et s'en contentaient, sachant pertinemment que je détestais mon enfance, mon adolescence et le début de mon âge adulte. Les plus belles années de ma vie étaient les 26 qui avaient suivies ma fugue et le début de ma quête à la recherche de la pierre des Enfers, avec une préférence pour les quatre que j'avais vécues à Midgard. Les mille premières étaient un désastre et je n'avais envie d'en parler à personne, pas même à moi.

Mes lugubres pensées furent interrompues par un éclat de lumière verte qui s'éleva dans le ciel. Loki. Il avait trouvé Inferna.

J'oubliai aussitôt mon passé pour me tourner vers le futur. Un futur où j'avais Inferna, un futur où j'aurais prouvé ma valeur, un futur où l'on reconnaîtrait que les agissements de jadis étaient des erreurs.

Je saisis Bedrag et m'envolai en direction de l'éclat vert qui flottait dans le ciel. J'atterris, puis traversai les deux cents mètres qui me séparaient encore de l'endroit où se tenait Loki au pas de course.

Le Dieu de la malice était accroupi derrière une bute de sable grisâtre. Réflexes obligent, je l'imitai. Derrière la colline se dressait une immense grotte d'où résonnaient les grondements sourds d'un monstre probablement plus grand que tous ceux que j'avais pu croiser, affronter ou tuer depuis le tout début de mon exploration.

Rien ne m'assurait qu'Inferna se trouvait bel et bien dissimulée au fond de cette grotte. L'unique moyen d'en avoir le cur net était de mettre à terre cette bestiole et d'explorer son antre.

- J'espère que tu es prêt à te battre, chuchotai-je à Loki.

- Sans arme contre ce truc? Je l'ai vu, Khayalan. C'est du suicide.

Je retirai deux dagues des holsters sanglés à mes cuisses et une autre de ma botte, puis lui tendis les trois lames.

- Voilà, avec ça tu devrais t'en sortir. Essaie de ne pas les briser.

Je raffermis ma poigne sur mon sceptre et passai outre la dune pour atteindre la grotte. Je gravis la paroi extérieure et, bravant les lois de la gravité, envahis l'antre du colossal gardien d'Inferna, déambulant au plafond.

Le gardien en question devait bien mesurer un bon huit mètres de haut pour quatre de large et douze de long. Minimum. Ses écailles, aiguisées comme des rasoirs, étaient d'un noir de jais. Ses griffes et ses dents de la longueur d'une épée luisaient même dans l'obscurité. Ses têtes – six, au total – surveillaient l'entrée, les différents couloirs de roche ou bien le fond de la galerie principale dont on ne voyait même pas le bout. Une hydre des légendes midgardiennes, ou du moins quelque chose qui s'en rapprochait.

Secrets, mensonges et illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant