Chapitre seize: La Convergence

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Asgard, samedi 18 mai 2013

Une heure. Une douloureuse petite heure que j'aurais préférée interminable.

C'était tout ce qui me restait avant de devoir définitivement quitter le Royaume des Ases. Avant de rentrer à Midgard et d'y rester, sans la possibilité d'entrer en contact avec l'homme que j'aimais. Pour l'éternité.

J'entrai dans les donjons à une vitesse folle, manquant tomber à force de déraper sur les lisses planchers dorés. Un Einheri qui arrivait en sens inverse m'arrêta, me forçant à freiner sèchement.

- Sans vouloir vous manquer de respect, mademoiselle, me dit-il poliment, je crois que vous seriez mieux de quitter le Royaume au lieu d'être ici.

- Je sais ce que je fais, répondis-je en le contournant rapidement. J'ai soixante minutes, prévenez-moi quand il m'en restera dix.

Je me mis à sprinter de plus belle en direction de la cellule où était retenu mon amoureux. J'y arrivai alors qu'un groupe d'Einherjar se dispersait. Seuls deux d'entre eux restèrent dans les alentours, effectuant leur ronde habituelle parmi les prisonniers. Je m'arrêtai près du champ de force doré me séparant du Prince d'Asgard, à bout de souffle. Si j'étais arrivée ne serait-ce que quelques secondes plus tôt, j'aurais pu serrer Loki dans mes bras une toute dernière fois. Seulement si...

Celui-ci était dos à moi dans sa cellule, – qui, visiblement aménagée rien que pour lui, était bien plus confortable que celle où j'avais séjourné des mois plus tôt – tout de même serein malgré ses poings serrés.

- Hey, Lokes, murmurai-je doucement, les yeux dans l'eau.

Loki se retourna vivement, étonné d'entendre ma voix alors que j'aurais déjà dû me trouver à des années-lumière de distance.

- Sweetheart, qu'est-ce que tu– commença-t-il.

- Il ne nous reste qu'une heure. S'il te plaît n'en fait pas un sermon. Je serai partie à temps, c'est promis. Je veux juste... je veux juste faire comme si rien n'était. S'il te plaît...

L'expression de Loki s'adoucit. Il s'assit sur le rebord de sa cellule et je fis de même. Nous étions uniquement séparés par le champ de force électrifié qui pour l'heure disparut dans une nuée d'étincelles vertes. Je souris à mon homme et pris sa main à travers l'illusion. Nous étions soudainement sous les étoiles, dans les jardins asgardiens, à discuter de tout et de rien, comme si rien n'avait dérapé, comme si Jötunheim n'était jamais arrivé.

L'heure me sembla à la fois éternelle et beaucoup trop courte. Autant j'avais l'impression d'être en compagnie de Loki depuis un long moment, autant, lorsque l'Einheri  vint m'avertir qu'il ne me restait que dix minutes, brisant au passage notre cocon illusoire, j'aurais voulu rester ainsi assise des heures encore. J'aurais voulu figer le temps.

- Mademoiselle Kalinovsky? répéta l'Einheri devant mon manque de réaction.

- Mmh... Oui, merci, répondis-je vaguement, les yeux fixés sur ma main où celle de Loki ne s'était jamais réellement trouvée.

Le garde s'éloigna sans un autre mot. Retenant mes larmes, je me retournai vers Loki qui m'observait à travers la paroi dorée.

- C'est l'heure, Sweetheart. Il faut que tu partes.

- Pourquoi Kalinovsky Alaricsdóttir? demandai-je, voulant étirer le temps.

- Lan, soupira Loki. Là maintenant, gagner du temps ne peut te causer que du tort.

- S'il te plaît?

Loki souffla, mais répondit tout de même.

- Tu te souviens quand tu m'avais dit « Pour toi, Asgardien, ce sera Kalinovsky. » ? Je ne fais qu'obéir en te couvrant. Ils te croient Asgardienne.

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