Secrets, mensonges et illusions

Chapitre dix: Doux souvenirs et horreurs du passé Partie II

Muspelheim, mardi 19 novembre 1737 – 17 ans

- Ce que vous êtes capable de conjurer, ce sont des illusions de base. Cette capacité peut être dérivée en trois autres : l'invisibilité, la métamorphose et les charmes.

Assise en tailleur à même le sol, les yeux clos, je canalisais ma magie comme Enthos m'avait appris à le faire. J'avais un parfait contrôle sur mes illusions; le temps était venu de préciser mes capacités.

Je m'étais déjà métamorphosée, mon fils en était la preuve vivante. Je n'eus aucune difficulté à répéter l'expérience même si je choisis bien évidemment de me transformer en quelque chose de plus discret qu'un dragon de huit mètres. D'abord un valss*, puis un jöni* satisfirent mon mentor.

L'invisibilité ne fut pas complexe, mais j'eus un peu plus de difficulté sur les charmes. La journée touchait à sa fin, la nuit était sur le point de tomber lorsque je réussis enfin, faisant virer mes cheveux au blond sans qu'un simple contact avec Enthos ne les fasse reprendre leur couleur originelle.

Alors qu'Enthos repartait à Vanaheim, au lieu de rentrer tout de suite au palais, changeant la couleur de mes yeux et plusieurs de mes traits, je pris la direction du village le plus près.

[NDA] Un valss équivaut à un cheval et un jöni à un chat, mais adaptés à Muspelheim, donc aux airs un peu plus démoniaques.

***

Muspelheim, mardi 4 février 1738 – 17 ans

- La télékinésie est un art qui demande beaucoup de concentration. Vous devriez bien vous en sortir puisque vous êtes capable de conjurer plusieurs illusions à la suite. Déplacer un objet demande de la force. La télépathie demande la même force, mais mentalement.

Mon professeur en fit la démonstration. Faire voleter quelques petites roches ne lui coûta aucun effort. Je vis ses doigts se crisper lorsqu'il augmenta la charge.

- Aussi, avec une bonne force mentale, la télékinésie permet de soulever certaines choses qui nous auraient été impossible de bouger sans.

Pour prouver ses dires, il remonta ses manches et, malgré quelques difficultés, fit voler Rebenok quelques centimètres au-dessus du sol. Mon dragon sembla très peu apprécier l'expérience et quitta la grotte en fusillant mon mentor du regard dès que ses pattes touchèrent le sol.

- À vous, me dit Enthos en me tendant la poignée de rocaille qu'il avait utilisée plus tôt.

J'allais m'en emparer mais stoppai mon geste à mi-chemin lorsque j'aperçus le tatouage sur l'avant-bras droit de mon professeur. Une flèche orientée vers le bas sur laquelle deux demi-cercles – l'un petit, pointant vers le bas, l'autre plus grand et se terminant en demi-flèche d'un côté, pointant vers le haut – se juxtaposaient. Le logo de la Royalty muspelienne.

- Qu'est-ce que...

Au lieu de m'emparer des petites roches que me tendait mon mentor, je saisis son poignet et observai de plus près son tatouage. Pas de doute, il était identique à ceux sur mes épaules. Enthos comprit mon interrogation et sourit.

- À Vanaheim, ce symbole indique qui possède des capacités magiques. C'est un beau hasard, n'est-ce pas?

- À Muspelheim, il représente la Royalty. Ma mère est une High. C'est ce qui lui a permis de me mentir.

Enthos se tut, ne sachant pas quoi dire. Le regard sombre, fixant le sol, je demandai :

- Vous avez des enfants, Enthos?