Chapitre un: Le désert des monstres

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Wirnaj, dimanche 2 septembre 2012

Sous la lumière des lunes qui perçait à travers l'épaisse couche de nuage grisâtre s'étendaient les plaines désertiques et inhabitées de la planète Wirnaj. L'unique source de vie prenait la forme de minuscules bestioles aux longues dents pointues et probablement venimeuses et de créatures qu'on pouvait sans problème qualifier de monstres. Le désert gris s'étendait à perte de vue, prenant place sur la majeure partie de la planète. Très rares étaient les points d'eau et la seule source de nourriture disponible était la viande que pouvait procurer la chasse d'une bête qui réussissait à survivre ici. Pourtant, il devait bien avoir une raison pour que je m'aventure dans ce paysage de mort. N'importe quelle personne normalement constituée ne mettrait jamais les pieds dans cet endroit. Mais je n'étais pas une personne normale. Cependant, même en étant quelqu'un qui sortait du lot, nul (du moins, je l'espérais) n'était assez débile pour s'exiler ici sans justification valable. Surtout pas moi.

Bien évidemment qu'il y avait une raison à ma présence en ces terres arides et désolées.

Tout au fond du sac qui était accroché à ma ceinture se trouvait un morceau de papier chiffonné où étaient griffonnés les mots qui m'avaient entraînée jusqu'ici. Mon unique raison; mon unique but.

« Puisque l'homme est trop avide, la relique fut déplacée hors de sa portée dans le désert des monstres. »

La pierre des Enfers était quelque part sur cette planète et j'allais la trouver. Peu importait le temps que cela me prendrait; peu importait ce que cela me coûterait. J'avais beaucoup de temps libre et pas grand-chose à perdre, de toute manière.

Derrière moi, quelques cailloux dégringolèrent d'une colline escarpée aux airs de falaise. Je me retournai vivement et, par réflexe, dégainai une dague qui, quelques secondes plus tôt, reposait tranquillement dans ma botte. Sur le haut de la colline, une bête pas plus grosse qu'un loup, mais non moins menaçante, se tenait prête à m'attaquer, les griffes et les crocs dehors.

- Grillé. Vas-y, essaie de me manger maintenant, le défiai-je.

Pour la simple raison que je restais plantée là sans tenter la moindre fuite lui donna l'impression que j'étais une pauvre proie blessée. Il ne pouvait pas être plus dans l'erreur. Lentement, je pris la dague qui se trouvait dans mon autre botte. S'il partait, tant mieux pour lui. S'il venait, tant pis.

Il sauta. Moi aussi. Il tenta de me griffer; il finit embroché. J'écartai mes lames, lui ouvrant la cage thoracique au passage. Il avait choisi de venir, tant pis pour lui. Ce n'était certainement pas un pseudo-loup qui allait venir à bout de moi.

Je remis mes dagues dans mes bottes après les avoir essuyées sur la fourrure de la bestiole. J'ôtai mes cheveux noirs de mes yeux en renvoyant ma frange vers l'arrière et essuyai le sang – orange – qui sur ma peau claire paraissait presque fluo. Mes vêtements avaient eux aussi souffert des éclaboussures sanguines, mais ma tunique – qui était noire – avait moins été éprouvée que mes amples pantalons – qui étaient verts. Le pire était mes gants qui étaient tout simplement imbibés d'hémoglobine.

Je soupirai, mais continuai tout de même mes recherches. J'aurais le temps de nettoyer tout ça plus tard. Inferna était plus importante, pour l'instant.

J'avançais, jetant de fréquents coups d'il derrière moi, marchant carrément à reculons à certains moments, scrutant les alentours, surveillant le moindre recoin qui pourrait servir de cachette à cette relique légendaire qu'était la pierre des Enfers. Les minutes et les heures passaient. La matinée avait disparu, suivie par le début d'après-midi et, même si le soleil plombait, l'ambiance de Wirnaj restait grise. Les décors quasi-identiques se succédaient et rien qui n'était susceptible de camoufler Inferna n'avait pointé le bout de son nez. Seul point positif, aucune autre bestiole n'avait tenté de me manger.

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