New York, samedi 18 novembre 2017
Les techniques de combat de Millie s'étaient grandement améliorées au fil des années. Elle était rapide, endurante et n'hésitait pas à user de toutes ses capacités. La lutte était serrée; certains curieux autour de nous avaient même interrompu leur entraînement pour nous observer. Au bout d'une minute ou deux, j'avais repris l'avantage, mais un soudain pincement à la poitrine – comme si quelque chose venait de m'être arraché – me déconcentra juste assez longtemps pour permettre à Millie de donner le coup qui la fit gagner.
- Hey, ça va? s'inquiéta mon amie en voyant que je restais assise au sol, une main sur mon cur, fixant le vide.
La douleur était partie aussi vite qu'elle était venue. Ça n'avait même pas vraiment fait mal, ça m'avait seulement surprise. Je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait signifier.
- Ouais, ça va, la rassurai-je en levant la tête. C'était juste une crampe ou... peu importe.
Je changeai aussitôt de sujet en soulignant sa victoire. Millie répliqua que j'avais été distraite, mais je rétorquai qu'en combat réel, on pouvait tout utiliser à son avantage. Si c'était dans les règles et que je ne l'avais pas délibérément laissée gagner, elle était victorieuse.
Quelques minutes plus tard, après avoir enfilé ma robe noire et noué mon bandana bleu nuit dans mon cou, je donnai deux coups secs sur la porte de la cabine de douche où Millie profitait encore de l'eau chaude.
- M'attends pas pour rentrer, ok? lançai-je. Je vais marcher un peu.
- D'acc, à tantôt!
Le vestiaire était vide. Je fis disparaître mon sac de sport, le remplaçai par mon sac à main et sortis. Une fois dehors, mélangée aux Midgardiens, j'oubliai bien vite ma crampe. Ça n'avait pas d'importance; rien n'en avait. Tout allait bien.
À cet instant, je n'avais encore aucune idée de ce qui allait me tomber dessus. En cette douce journée d'automne, je profitais simplement de la fraîcheur avant que le froid de l'hiver ne s'installe pour de bon sur la ville. Tout autour, la Grosse Pomme était tout aussi achalandée qu'à son habitude. Les passants se pressaient sur les trottoirs et les voitures klaxonnaient les unes contre les autres malgré que celle qui menait la file ne pouvait rien changer aux feux de circulation. Sur ma droite, de l'autre côté de la rue, ils étaient en train de démolir un bâtiment. Quelques touristes se mélangeaient aux civils, certains marchant avec confiance vers leur prochaine destination, d'autres semblant un peu perdus. Une journée comme les autres à New York City.
J'allais continuer mon chemin sans plus m'attarder sur le paysage lorsqu'une femme avec deux gamins accrochés à ses jupes me tapota l'épaule. Dans un anglais cassé où je décelais un accent espagnol, elle me demanda poliment des directions pour Central Park où elle devait apparemment rejoindre son mari et sa fille. J'allais lui répondre vaguement en français que je n'étais pas de la ville – pas que ça à faire, servir de guide touristique –, mais je figeai. Par-dessus son épaule, je remarquai deux silhouettes plantées devant les ruines de ce qui avait été une résidence pour personnes âgées.
Je m'arrêtai au milieu d'un mot. Je les connaissais. Le premier, grand, blond, yeux bleus et musculature à faire rêver bien des filles était un héros aux yeux de tous et un prince aux yeux des Royaumes célestes. Thor, fils d'Odin, Dieu du tonnerre et protecteur des Neuf Royaumes.
Le second, bien que tout aussi grand, était son exact opposé. Élégamment vêtu d'un costume noir, (contre un vieux jeans, un t-shirt et une veste pour Thor) ses cheveux noirs plaqués vers l'arrière, il me tournait le dos, mais je savais que s'il m'avait fait face, j'aurais vu les plus beaux yeux verts de l'univers. C'était un homme que j'avais connu. Un homme que j'avais d'abord détesté, un homme à qui j'avais ensuite fait confiance. Un homme que j'avais aimé; un homme que j'avais pleuré. Un homme qui était supposé être mort.
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Secrets, mensonges et illusions
Fanfiction« Qui es-tu, fille d'illusions? -Tu ne le sauras sans doute jamais. » Experte dans le d...