Chapitre six: Dans le labyrinthe

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Catacombes d'Asgard, dimanche 21 octobre 2012

Nous n'étions pas dans la grotte depuis deux minutes que l'on n'y voyait déjà plus rien. Dehors, la nuit était tombée. Plus aucune lumière ne nous parvenait. Mes yeux avaient beau être adaptés à voir dans la noirceur, l'obscurité était beaucoup trop dense pour que je puisse distinguer quoi que ce soit. Je me fiai alors à mes autres sens.

L'endroit était silencieux. Seuls les bruissements de nos pas coupaient le silence. Aucune odeur anormale ne me parvenait et mon sixième sens me montrait Bedrag que j'avais discrètement laissé à l'entrée de la grotte. Il était certain que nous traverserions un labyrinthe. Retrouver notre chemin serait primordial. Quoi de mieux que quelque chose qui nous indiquerait l'endroit précis de la sortie?

Nous avancions lentement, longeant les murs pour ne pas manquer un tournant. Pour l'instant, nous allions en ligne droite, nous enfonçant de plus en plus profondément au cur de la montagne.

- Sweetheart? appela Loki, plutôt éloigné du point où je me trouvais. Où es-tu?

- Ici, répondis-je instinctivement.

À tâtons, le Prince finit par trouver mon bras droit. Il posa une main glaciale sur mon épaule. À ce moment, j'aurais bien aimé que ma tunique ait des manches.

- Tu as les mains froides, protestai-je en me défilant.

- C'est plutôt toi qui es bouillante, rétorqua-t-il. Donne ta main. Il ne faut pas se perdre.

Je levai les yeux vers l'endroit approximatif où le Dieu de la malice se trouvait. Comme s'il avait perçu mon regard, il expliqua :

- Si l'on est séparés, il y a un risque que l'un de nous ne retrouve plus la sortie.

- Tu as peur de te perdre? le narguai-je d'une petite voix.

- Je pensais plutôt à toi. Si ma mémoire est bonne, tu n'aimes pas beaucoup être prise quelque part.

- Ici, il y a une sortie.

- Perds-toi et ce sera comme s'il n'y en avait plus. Donne ta main.

- Tu connais Marco Polo?

- Pardon?

- C'est un jeu midgardien. Je crie Marco; tu réponds Polo. Suis ma voix.

Je repris ma marche dans la noirceur de la caverne. Au deuxième Marco sans réponse, Loki me rattrapa et prit ma main.

- Pas question que je m'abaisse à agir comme un enfant midgardien.

Je soupirai. J'aurais essayé, au moins.

Ce n'était pas tant le froid (même s'il jouait un certain rôle) qui me mettait mal-à-l'aise, mais plutôt la proximité avec le Dieu de la discorde. Ce qui était complètement stupide, puisque j'avais déjà été bien plus près de lui. Pourtant, je ne pouvais empêcher mes joues de s'empourprer légèrement.

On marcha dans le noir encore une heure ou deux avant de faire une pause. Le sommeil, très peu présent cette fin de semaine, me vint rapidement. Je me réveillai quelques heures plus tard, repris les doigts de Loki entre les miens et on continua notre route. Nous effectuâmes plusieurs virages, on rebroussa chemin dans un grand nombre de culs-de-sac et on s'enfonça de plus en plus loin au cur des catacombes du Royaume des Ases.

Beaucoup d'heures, de kilomètres, de discussions banales, de silences désagréables, d'accords et de désaccords plus tard, nous étions devant la porte fermée d'une pièce. En lourde pierre et sans poignée, elle s'ouvrait en coulissant vers le haut.

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