Chapitre dix-sept: Hitacin Surturson

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Les temps furent durs. New York ne vit de ma tristesse que ma robe bleu nuit, bien qu'à l'intérieur, j'étais complètement détruite. Longtemps, je n'avais pu regarder le ciel sans me rappeler qu'au loin, derrière ces étoiles, au Royaume des Ases ne m'attendait plus personne.

Loki Laufeyson avait péri en aidant bravement son frère adoptif dans la bataille contre les elfes noirs lors de la Convergence. Loki, l'homme dont j'étais amoureuse, était mort.

J'avais refusé d'y croire, j'avais pleuré, j'avais crié, j'en avais fait des cauchemars et je m'étais isolée. Seule avec mes illusions et les doux mensonges que je pouvais me créer, j'étais passée à deux doigts de sombrer dans la folie et d'atteindre le point de non-retour. Un tel point où tout serait parfait, mais où au final, je ne pourrais que durement savoir que rien n'était réel. Et plus jamais je ne pourrais m'échapper de ce rêve empoisonné que je me serais moi-même créé.

Ce n'était pourtant pas l'idée de bâtir ma propre prison, mon pire cauchemar déguisé en un futur sans faille, qui m'avait ramenée à la réalité, mais plutôt la gifle monumentale que m'avait administrée Millie. Malgré l'incertitude d'Annie vis-à-vis de cette méthode qu'on pouvait sans doute qualifier de douteuse, elle m'avait littéralement frappée pour me sortir de ma torpeur.

Sur le coup, ça avait marché.

Mais il avait ensuite fallu le travail d'équipe acharné de Millie, Annie, Isa et même de Chris et son coloc Alec pour me maintenir à flot. Pour me soutenir, me donner des conseils, me sacrer une claque lorsque je dérapais, me changer les idées, m'écouter et me donner le temps de guérir. Je n'aurais jamais cru y arriver. La douleur était trop grande. Il me manquait; jamais je ne le reverrais...

Et malgré tout ça, j'étais pourtant bel et bien assise sur le toit de mon immeuble, Annie et Millie à mes côtés, observant le ciel nocturne.

- Si là, maintenant, je te donnais le droit d'invoquer une illusion, questionna Millie, qu'est-ce que tu ferais?

Sans répondre, je souris tristement et enclenchai ma magie. Aussitôt, le ciel de la Grosse Pomme se dégagea, révélant un ciel étoilé digne des plus beaux. Mes Midgardiennes sourirent. Émue, Annie prit ma main et la serra entre ses doigts.

- Tu vois? Je t'avais dit qu'avec du temps tu pouvais t'en sortir. Je suis fière de toi, Lan.

- Il me manque, dis-je, une boule dans la gorge, fixant la plus brillante des étoiles, la seule qui n'appartenait à aucune constellation midgardienne. Et il ne cessera jamais de me manquer. J'aurais pu me projeter à ses côtés, j'aurais pu tout abandonner. Mais à quoi bon si ce n'est même pas réel?

***

New York, samedi 2 mai 2015

- Prête? me lança une Millie tout sourire aux cheveux encore détrempés. Le Roi Lion nous attend!

Ajustant ma robe bleue à manches courtes et saisissant mon sac de sport, j'acquiesçai et suivis ma colocataire hors des vestiaires du gym. Dehors, le soleil printanier plombait sur la Grosse Pomme, nous faisant plisser des yeux.

- Argh... Ça te dérange de rentrer à pied? demanda alors Millie après avoir lu le message qui s'était affiché sur son téléphone. Joël n'est pas rentré travailler. Encore. Je vais le remplacer, pas longtemps.

- Comme si j'avais autre chose à faire de toute façon, ris-je. Va travailler; les factures ne se payeront pas toutes seules.

- Dis celle qui arnaque le système depuis 2008. Tu diras à Annie que je m'occupe du souper. Shawarma pour tout le monde! Et attendez-moi pour le film!

Secrets, mensonges et illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant