Chapitre vingt-deux: Sakaar

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Sakaar, jour 9

Je repris conscience lorsque j'atterris brusquement sur le sol de ce qu'on pouvait sans hésitation qualifier de dépotoir. Je n'avais aucune idée où je me trouvais, combien de temps j'avais été inconsciente ni de quelle fucking manière j'avais survécu dans le vide de l'espace sans mon masque.

Mon instinct de survie et d'analyse s'enclencha bien vite. En seulement quelques secondes, j'étais sur mes pieds et j'avais retrouvé mes vieilles habitudes que j'avais lorsque j'arrivais dans un endroit inconnu lors de mes voyages. Me cacher et attendre. Analyser mon environnement et calculer mes options.

J'étais seule, loin de Midgard. En cas de besoin, Bedrag était toujours à ma ceinture et j'avais deux kunaïs – un dans chaque gant. Ma magie était intacte. Je pouvais me défendre, mais si j'avais à communiquer, ça pourrait s'avérer plus épineux.

L'été dernier, puisque qu'elle allait bientôt déménager avec Chris, Annie nous avait convaincues Millie et moi de faire un méga ménage de l'appartement, question de tout démêler et juste parce que ça fait du bien une fois de temps en temps. Dans mon cas, ça avait inclus ma seconde dimension personnelle. Les brassards qui me servaient entre autres de traducteur universel étaient donc bien rangés dans l'un des tiroirs de ma commode.

Je n'avais sur moi que ma tenue vane et en réserve que mon sac de sport, – avec débardeur, leggings, serviette et espadrilles – ma sacoche – contenant mon cellulaire, mes clés et mon porte-monnaie – et mon masque.

Pas grave; je saurais improviser.

Un vaisseau traversa le ciel troué de portails donnant sur la galaxie. Dissimulée derrière un tas de ferraille et de déchets, je le regardai disparaître à l'horizon. Sachant que je ne tirerais pas grand-chose de ma cachette actuelle, je me mis en route. L'objectif : trouver une cité, me fondre dans la masse et prier pour que je sois capable de me procurer un vaisseau puis repartir vers Midgard.

Alors que je marchais en longeant prudemment les montagnes de déchets, je surpris une larme à couler sur ma joue. Loki venait de traverser mon esprit. Il avait fait croire à sa mort pendant quatre ans avant d'être découvert. Il était réapparu dans ma vie une heure à peine, le temps de rouvrir mes blessures, avant de disparaître à nouveau.

Dans un élan de rage, j'envoyai mon poing dans le bout de ferraille le plus près. J'étais en colère. Contre lui, contre moi, contre l'univers en entier. Mais surtout lui. Il était celui qui avait tout déclenché. C'était sa faute si j'avais failli me perdre moi-même, si je m'étais faite enfermée par le sorcier de New York, si je m'étais retrouvée mêlée contre mon gré à la bataille contre la Déesse de la mort, si je me trouvais sur une planète qui m'était complètement inconnue dans une partie de l'univers dont j'ignorais jusqu'alors l'existence.

Si j'étais seule, brisée et amoureuse à nouveau.

Quelques vaisseaux passèrent au-dessus de ma tête sans me voir avant que l'un d'eux ne me prenne pour cible. Je n'eus que peu de temps de réaction. Le vaisseau se posa devant moi sans que je m'y attende et je n'eus que le temps de courir derrière une colline et de me rendre invisible avant que son pilote n'en descende. C'était une femme – une brunette aux yeux bruns – qui portait une armure gris métallique. Ses cheveux étaient tressés en une coiffure complexe et quelques lignes étaient dessinées sur son front et ses joues à la peinture blanche.

- Où est-ce que t'es, ma jolie? minauda-t-elle comme pour elle-même. Je sais que t'es pas loin.

Elle avait raison. La distance qui nous séparait ne me permettait même pas de dégainer mon sceptre et de m'envoler pour lui échapper. Seule la patience pourrait me sauver. J'attendis qu'elle s'éloigne, mais elle fit plutôt un pas dans ma direction. Par réflexe, je reculai d'un pas. Mauvaise idée; quelque chose craqua sous mon pied.

Secrets, mensonges et illusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant