L'appartement est recouvert de bâches en tout genre et j'ouvre le premier pot de peinture. Hannah m'aide un peu mais doit partir pour son cours de Cheerleading. Je continue seule mais mes bras se fatiguent vite. J'ai encore changé d'avis, j'ai opté pour un gris souri pour l'un des murs de salon et un mur rouge orangé pour la cuisine. La cuisine n'est pas encore commencée et le salon n'est pas encore à moitié peint. Je n'ai pas envie d'impliquer mes parents dans cet exercice, j'ai envie de tout faire des mes mains et de me sentir réellement chez moi une fois la décoration refaite. Au milieu de la pièce à vivre traine toujours ce vieux canapé dont je ne veux pas mais qui fera parfaitement l'affaire dans un premier temps. Le lit une place collé contre un mur sera troqué contre un deux places qui restera au même endroit : J'aime avoir mes aises quand je dors.
Il est seize heures trente et mon téléphone vibre sur le plan de travail à demi couvert de la cuisine. « J'arrive » dit le message et mon cœur s'emballe. Zayd est sur le chemin. Je sais qu'il a dû fermer boutique pour venir et cela me fait autant culpabiliser que plaisir. Je pense beaucoup trop à lui mais en viens à me dire que tout finira par passer lorsque je ne verrais plus les Mekki. Je suis censée les aider que le temps de ma scolarité, sauf qu'en attendant, trois ans c'est long. J'ai parfois l'impression qu'il se rend compte de l'effet qu'il produit, ne serait-ce que lorsqu'il me lance son sourire en coin en se rendant compte que je l'observe. Il doit avoir des tonnes de conquêtes, des filles qui lui courent après et d'autres qui connaissent la chaleur de ses bras et de ses baisers. Je me demande ce que cela ferait de sentir ses doigts sur ma peau. Je laisse les miens courir sous mon nombril en m'efforçant de ne pas penser à lui mais c'est souvent son visage qui me vient en tête quand j'ouvre les portes du paradis en me faisant plaisir seule. J'ai honte mais je ne peux pas m'en empêcher.
Au plus je le vois, au plus l'envie se fait présente au creux de mon ventre. L'attirance est tentation. La tentation est le mal. L'immortalité sexuelle est un péché comme le dirait mes parents. J'ai beau ne pas être extrêmement croyante, ces choses là me restent en tête. Devrais-je faire l'amour uniquement après le mariage ? Non, mais j'aimerais le faire uniquement avec un homme et personne d'autre. J'aimerais que mon seul et unique compagnon soit mon partenaire pour la vie. Je ne peux pas imaginer Zayd comme partenaire de vie, cela serait bien trop compliqué, à commencer par ma famille qui ne voudrait certainement plus entendre parler de moi. N'est-ce pas un peu tiré par les cheveux que de renié ses enfants parce qu'ils aiment quelqu'un qu'eux n'ont pas choisi ? Pourquoi devrais-je à tous prix finir avec un homme aussi blanc que la neige ? Je suis suffisamment blanche pour deux, je ne bronze même pas l'été !
J'ai de la peinture partout, les cheveux attachés en queue de cheval et j'ai mis du déodorant plutôt deux fois qu'une. Quand mon téléphone vibre encore je frôle la crise cardiaque. Zayd est arrivé, il est en bas de l'immeuble. Inspire, expire, inspire, expire. J'affiche mon plus beau sourire en me penchant par-dessus le balcon. Il me fait signe et grimpe les escaliers métalliques pour me rejoindre.
Evidemment il est à coupé le souffle. T-shirt gris à l'effigie d'un groupe que je ne connais pas, pantalon noir et chaussures assortie. Il pose sa veste en cuir sur le lit et je l'imagine étendu là, avec moi. Tentation.
- Tu as bien avancé. dit-il en découvrant le mur du salon.
Je hausse les épaules et il me demande ce qu'il peut faire. Je baragouine quelques explications et il n'attend pas plus longtemps pour attraper un rouleau et s'affairer sur le mur. Je reste ébahie par sa beauté, par ses muscles qui se tendent sous son t-shirt et son visage concentré. J'observe ses tatouages, ses mains fermées sur le manche télescopique du rouleau de peinture. Ses jointures deviennent presque blanches. Ses cheveux frisent dans la nuque et merde qu'est ce que j'aimerais y passer les doigts.
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Pas d'arabe à la maison.
RomanceÉlevée par une famille aisée dans la banlieue New-yorkaise Alice n'a jamais réellement réalisé les conditions dans lesquelles certaines personnes pouvaient vivre. Alice n'a jamais côtoyé des personnes à la culture différente. Ses parents, choqués pa...