J'ai l'air d'un zombi. Mon teint est cadavérique, j'ai des cernes bleues jusqu'en bas des joues et les lèvres gercées. J'essaye de me maquiller mais n'y vois pas de réelle différence. Je me traine en cours du mieux possible mais somnole la moitié de la journée. Hannah n'essaye pas de me réveiller et compatit. Elle s'excuse encore de m'avoir transmis ses virus et on mange ensemble à l'heure du déjeuner. Je n'avale pas la moitié de mon assiette et me demande comme je vais parvenir à me rendre jusque dans le Bronx. Mon sac pour ce soir traine à mes pieds et je n'ai pas envie d'annuler. Je ne veux pas mettre les Mekki dans le pétrin parce que je suis malade. Zayd travaille tard pour avoir des revenus décents et sa maman aussi, je ne veux pas les priver d'aller gagner leur pain simplement parce que j'ai un air grippal.
Je le savais : Ce trajet en métro est horrible. Je n'ai pas de place assise et je manque de tomber plusieurs fois. J'ai envie de dormir et de ne rien faire d'autre, je me sens encore mal et me force à aller mieux. J'arrive en face du bâtiment pile à l'heure et monte les escaliers avec difficultés. La porte s'ouvre sur Shadan qui prend une mine inquiète – ou horrifiée ? – elle me tire à l'intérieur et me fait m'asseoir dans la cuisine où elle me prépare du thé. La dose de miel qu'elle y met me fait écarquiller les yeux.
- Tu boire ça, sentir meilleur après.
Je la remercie en appréciant la boisson chaude. Mes mains gelées autour du mug s'imprègnent de sa chaleur et me réchauffent tout le corps. Shadan parle aux filles et je comprends au ton employé qu'elle leur demande d'être gentille avec moi. Gentilles, elles le sont toujours.
- Tu fais flipper. dit Zora en grimaçant.
Je la remercie d'un pouce en l'air et elle glousse avant de retourner dans sa chambre. Neha, elle, est au petit soin. Elle me promet qu'elle a fait ses devoirs et va mettre son pyjama sans que j'aie besoin de lui demander. Zora fait chauffer le repas et on s'installe autour de la table toutes les trois. Je mange peu mais les filles mangent pour moi. Il en reste suffisamment pour Zayd, on a toutes fait attention à ne pas l'oublier, surtout moi. Zora demande à sa sœur de l'aider à débarrasser la table et commence à faire la vaisselle. Je les remercie mais me sens mal à l'aise de ne rien pouvoir faire. C'est à vingt-deux heures tapante que la porte d'entrée s'ouvre sur un Zayd trempé. Ses cheveux dégoulinent et je ne cesse de me dire qu'il pourrait faire parti d'une de ces publicités pour gel à effet mouillé. Il se débarrasse de ses chaussures et de son manteau puis nous rejoint en deux enjambées. Il remercie Zora d'avoir fait la vaisselle et quand son regard de pose sur moi, je brûle.
La plus grande emmène Neha jusqu'à la salle de bain et Zayd s'assied face à moi. Sa main posée sur la table traîne à quelques centimètres de la mienne, je meurs d'envie de le toucher.
- Tu te sens mieux ?
- Oui, ça va.
Il pince les lèvres et déplie les doigts pour venir me caresser les phalanges. Un des nerfs de mon index doit être en relation directe avec mon entre jambe. J'essaye de ne rien laisser paraitre mais je suis certaine que le mot luxure est inscrit dans mon regard.
- On regarde un film ? me demande-t-il.
- Oui. Tu veux ton repas ? dis-je en retour.
Il craque un sourire à un million de dollars et mon cœur se pince.
- Va t'allonger, j'arrive. déclare-t-il sans jamais cessé de sourire.
Je ne sais pas ce qui me fait le plus craquer chez lui, si c'est son sourire, son regard ténébreux ou ses cheveux aussi noirs que l'ébène. J'ai déjà louché sur plusieurs garçons en m'imaginant les embrasser, mais jamais à ce point. Je veux plus que ça, je veux passer des heures avec Zayd. Je m'allonge sur le matelas qui me tend les bras et m'enroule dans la couette en fermant les yeux. J'entends Zayd s'activer dans la pièce voisine et il vient s'asseoir délicatement à mes côtés. Il prépare l'ordinateur, je l'entends tapoter sur le clavier. Quand son corps s'enfonce sur l'oreiller à mes côtés j'ouvre de nouveau les yeux et soupire de contentement. Je n'ai pas envie d'être ailleurs qu'ici.
VOUS LISEZ
Pas d'arabe à la maison.
Storie d'amoreÉlevée par une famille aisée dans la banlieue New-yorkaise Alice n'a jamais réellement réalisé les conditions dans lesquelles certaines personnes pouvaient vivre. Alice n'a jamais côtoyé des personnes à la culture différente. Ses parents, choqués pa...