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Point de vue : Camélia 

- Zoran veut que tu montes des bouteilles, me dit Victor alors je m'appretais à prendre mon service au bar. 

- D'acc, lui répondis-je.

Victor pris ma place pendant que je plaçais l'alcool sur la montagne de glaçon. J'aurais préféré rester au bar. Vraiment. Déjà que ça me barbe de devoir travailler sous les directives de mon frère, il fallait qu'il soit le patron d'une boite de nuit. En plus je parie qu'il me fera une remarque sur ma tenue... je l'avais prévenu, pas de mini pour moi...en tout cas pas dans le cadre du travail.

La corbeille prete je monte dans l'espace privatisé où m'attendait mon frere. Me voyant arriver Zoran se mis à sourire. Tous ses potes -j'imagine- dirigent leur tete dans ma direction. Merci Zozo, moi qui voulais etre discrète et partir une fois la commande deposée. C'est raté.

- Cam enfin ! Cam, combien fois je t'ai dis de t'habiller quand tu viens au club ?

Qu'est-ce que j'avais dit ?! Je reste silencieuse, peut-etre qu'il comprendra que je n'ai aucune envie de rester planter là plus longtemps. Ça autait été beaucoup trop facile bien sur ! Tout le groupe me fixe, je le sens.

- Bref, reprend Zoran, les gars je vous présente Camélia, ma sœur. Camélia, je te présente mes amis : Tarik, Karim, ...

Mon regard avance au fur et à mesure des prénoms sans en retenir aucun. Sauf ...

-... et Nabil, le petit frère de Tarik.

Nous echangeons un regard. Je m'en rend compte maintement mais il etait le seul à ne pas s'etre aperçut de mon entrée. Je ne sais pas combien de temps nous nous sommes regardé mais assez longtemps pour qu'une question de mon frère me sorte de ma trace.

- Tu nous rejoins ?

- Victor m'attend, dis-je simplement.

- Prends ta soirée pour une fois que je peux te présenter mes potes.

Qu'est-ce que je suis supposée repondre ? Je suis totalement bloquée là... J'hochais la tete, le sourire de Zoran se fit plus grand. Il se décale et me fait une place entre lui et Tarik. Ils suivent tous mes mouvements car leurs regards me transperçent de toute part. Un peu génée, je prend place entre les deux jeunes hommes. Mon frère enroule son bras autour de mes épaules. Alors que les garçons reprennent le cours de leur conversation, je prends mon téléphone. Pas de messages. Je vais devoir faire semblant d'etre occupée sur Instagram. Je fais défiler sans conviction les publications. Ça risque d'etre une longue soirée...

- Tu fais quoi dans la vie ? Demande une voix

Je releve la tete car je n'entend pas de réponse. Ce n'est quand meme pas a moi qu'on pose cette question ? Zoran, Tarik et Nabil me regardent. Ah ben si en fait.

- Euh ... rien de bien interessant, dis-je.

- Arrêtes ça Cam, intervient mon frère, tu fais un tas de choses ...

Je le regarde avec des yeux qui crient « Pourquoi tu veux qu'on parle de moi ? ». Il colle mes têtes et rigole. Yes, il laisse tomber. Tarik et lui recommencent à parler. Ouf, cela me soulage de ne plus avoir toute cette attention sur moi. Pourtant, il me semble que Nabil n'a pas détourné le regard. En effet, il me regarde en tirant sur son joint. C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il est comme moi, garder le silence ne le dérange pas. Je fixe le plafond et me concentre sur la musique. Alors que je commence à me détendre mon téléphone vibre. Le bras de Zoran toujours autour de mon cou, je retourne mon téléphone.

Un numéro inconnu. Un message. « Tu peux continuer à courir, je te retrouverais. ».

Mon sang ne fit qu'un tour. Je n'arrive pas à quitter mon écran des yeux. Je suis paralysée. Mon souffle devient court, ma respiration difficile. Il faut que je sorte. Je retire le bras de Zoran et me lève un peu brusquement.

- Eva me demande, je reviens ; lui laissais-je pour le rassurer.

Je n'attends pas sa réponse marchant en direction de la sortie. Mes membres tremblent et j'ai de plus en plus de mal à les maitriser. Je passe derrière le bar en vitesse, je récupère mon pull et cours vers l'arrière de la boite. Mes mains poussent violemment la porte. L'air me manque. Respire, respire, RESPIRE. Ma poitrine me fait terriblement souffrir mais il faut que je me calme. « Concentres-toi, Camélia concentres-toi, ... » me répète ma conscience. Les yeux fermés, la tête en arrière, j'inspire et expire longuement afin de reprendre mon calme.

Après quelques instant, mon rythme cardiaque se ralenti. Je sors un joint de la poche de mon pull. J'enfile le gros hoodie, réajuste la capuche avant de sortir mon briquet. Zoran ne sait pas que je fume, c'est surement mieux d'ailleurs. J'essaye d'arrêter mais avec le message de ce soir ça risque d'être difficile. Il ne provient peut-être pas de qui je pense ... Non, non. Pense à autre chose. Je me concentre sur mon joint. Faut pas que je tarde sinon Zoran viendra me tirer les oreilles. Une dernière taffe.

Je retire mon pull en re-rentrant dans l'établissement et sors un chewing-gun. La substance fait lentement effet. Mon corps est plus léger. De nouveau derrière le bar je me concocte un petit verre, avec un peu d'alcool, je devrais bien dormir. Je reprend le chemin du carré VIP mon verre en main. Je commence à le siroter. Les gars discutent toujours, Nabil en retrait. J'arrive dans leur champ de vision. Leur échange à l'air sérieux c'est pourquoi je me cale dans un fauteuil vide. De plus en plus tendue je profite de la musique. Enfin pas trop... je ne fais plus gaffe à grand chose mis à part mon cocktail. Mes paupières sont lourdes ... holala moi qui espérait que Zoran ne se rende compte de rien... Je suis dans la merde.

Le fauteuil s'affaisse à ma gauche ce qui me sort de mes pensées. Je tourne avec difficulté la tête vers la personne qui s'est placée à mes cotes.

- C'est Nabil.

Il a du voir que je fronçais les sourcils.

- J'aurais pas penser que tu fumais avec ta tête, lance-t-il dans une voix grave.

Je ne répond pas tout de suite.

- Faut un faciès particulier d'après toi ?

Les mots m'échappent. J'aurais du garder le silence. Alors, je l'entend doucement rire avant d'inhaler sa fumée. Mon esprit est brouillé mais de ce que je vois il est mignon. Ces yeux m'indiquent que lui aussi n'est pas clean. Quel duo ! Nous gardons le silence. Cote à cote nous observons le reste du groupe. Le sentiment d'apaisement s'estompe de plus en plus... Il me faut un peu plus d'alcool. Je me penche donc vers la table basse en face de moi et me verse quelques centilitres de liqueur. L'angoisse me regagne. Je sens mon cœur battre jusque dans mes oreilles. Je vide d'une traite mon verre en espérant que Zoran ne regarde pas dans ma direction. La chaleur envahit ma gorge puis le creux de mon ventre. J'attends quelques instants que la boisson fasse effet, qu'elle aténue mon touble. Rien. Mes mains recommencent à trembler lorsque j'aperçois l'écran de mon téléphone s'allumer. Je le saisis avant de le rapprocher lentement de mon visage. « Ni la drogue, ni l'alcool ne t'empechera de me craindre. Les cheveux detachés te vas mieux .... ». La seconde phrase du message me donne immédiatement la nausée. Est-ce qu'il me voit ? Je me dirige vers le balcon pour scruter la boite de nuit. Je scanne toute la salle à la cherche de l'expéditeur du message. Mes mains empoignent avec force la rembarde, mes jointures deviennent blanches. J'ai du mal à respirer... je vais craquer d'un moment à l'autre, c'est sur. Des perles de sueur se forment sur mon front, tout tourne autour de moi ....

D'un pas peu assuré je passe les fauteils. Arrivée dans le couloir, je commence à courir vers les toilettes. Je me précipite dedans. J'ai juste le temps de m'accroupir, je dégobille. Seulement, vomir ne me soulage pas... la boule d'angoisse est toujours nichée dans mon ventre. Je soupire, tire la chasse et pars m'asperger d'eau. Une main de chaque cote du lavabo, je garde la tete baissée en attendant de retrouver mes esprits. 

La rose est grise (N.O.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant