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Point de vue : Camélia 


- Ça va ?

La voix résonne dans la salle. Je lève la tete et regarde derrière moi à travers le mirroir. Nabil est adossé au mur, ses lunettes m'empechent de voir où il dirige son regard. J'arrache quelques feuilles de papier pour m'essuyer le visage. Heureusement que je ne me suis pas maquillée ! La distance qui nous sépare se réduit au fur et à mesure que je me rapproche de la sortie. Alors, que je m'apprete à ouvrir la porte, il reprend :

- Je ne poserai pas la question une troisième fois : est-ce que ça va ?

Mes pas s'arretent nets. Étant plus grand que moi, je suis obligée de lever la tete pour regarder son visage. Je ne suis pas en état de former une phrase cohérante alors je me contente de hocher la tete. Nous continuons à nous fixer. Comme toute à l'heure, je ne suis pas tout à fait à l'aise lorsque nous échangeons un regard. C'est comme s'il pouvait entendre mes pensée, me comprndre. Cet épanchement de sentiments ne me ressemble pas mais alors pas du tout ... 'faut que je me ressaisisse. Ma réponse à l'air de lui suffir puisqu'il me fait signe de sortir. Je reprend la direction du carré suivie de près par Nabil, je sens son souffle au sommet de mon crane. Nous tombons nez-a-nez avec le reste du groupe. Le regard de Zoran croise le mien avant de se planter derrière moi... j'espère qu'il ne s'imagine rien... j'aurais droit à un interrogatoire plus tard car mon frère prend la parole :

- On bouge à la maison.

Je laisse les gars passer devant avant de suivre le petit groupe. Une fois en bas, Zoran donne les dernières directives de la nuit au staff. J'en profite pour rassembler mes affaires. Mon casque en main, je les rejoins devant les portes de la boite.

- Camélia, tu rentres avec moi.

Je ne bronche pas. Lorsque Zoran parle comme ça, j'ai interet à obéir. Ses amis sont prets à partir. Mon frère et moi montons dans son Audi. Le trajet jusque chez nous se fait dans le silence, je ne suis toujours pas apte à parler. Le portail automatique s'ouvre pour nous laisser entrer dans le parking souterrain de l'immeuble. Les deux autres voitures se garent de chaque cote de la notre. Encore une fois je reste en retrait. Zoran monte avec la majeure partie du groupe, moi j'accompagne ce qu'il reste... enfin plutot Nabil, c'est le dernier. L'ascenseur redescend enfin. Nous attendons patiemment qu'il nous amène au bon étage. Nabil continues a fumer à coté de moi. Ses nuages de fumée volent au-dessus de ma tete. Qu'est-ce qu'il fait cet ascenseur ?! Enfin le son signalant l'arrivée de l'ascenceur retentit.

Arrivés à notre étage, je pousse la porte d'entrée puis la referme derrière Nabil. Il attend que je l'accompagne joindre les autres. Nous traversons donc le long couloir vers le salon. Les voix sont de plus en plus fortes à mesure que nous nous approchons. Zoran s'occupe de ses invités, leur sert des verres. Il est tellement sociable... tout le contraire de moi en fait.

- Nabil, un verre ? Demande mon frère alors que nous entrions tout juste dans la pièce.

- Ouais.

- Je te laisse te servir frère, tout est dans le bar la-bas ; dit-il en pointant le meuble au fond de la pièce. Cam' tu restes avec nous ?

Je vois dans son regard comme de l'inquiètude... je déteste le voir comme ça : comme si j'étais faible, que je n'irais jamais mieux... c'est pourquoi je préfère m'éclipser. Je murmure un faible « non ». Zoran hoche simplement la tete puis comble la distance qui nous sépare. En passant son bras autour de mes épaules, il dit :

- Je reviens tout de suite.

Les garçons me lance des « salut », « bonne nuit ». Zoran me guide dans le couloir vers ma chambre. Une fois dans celle-ci il se poste face à moi.

- J'ai vu que quelque chose t'avais perturbé ce soir... si tu n'as pas envie de m'en parler, je comprends mais n'oublies pas que maintenant on est là, je suis là ! Je ne laisserai personne te refaire du mal, ok ?

- ...

- Ok Cam' ?

- Ok...

Je ne suis pas convaincu... enfin je sais pertinemment que si on souhaite me faire du mal, Zoran ne pourra rien. Cependant, lui certifier ma confiance en lui me permet de le rassurer. S'occuper de sa sœur est déjà assez courageux de sa part, je veux lui éviter tout stress supplémentaire. « Depeches-toi de partir que je puisse pleurer » j'hurle dans mon fort intérieur. Zoran m'embrasse le front avant de partir.

Afin seule. Je peux tomber le masque. Mes épaules s'affaissent et mes yeux commençent à s'humidifier. Je pars prendre une douche dans la salle de bain qui se trouve en face de ma chambre. Je m'y enferme.

L'eau bouillante coule sur mon corps endolorit. Elle se confond aux larmes qui ne s'arretent plus. Le bruit des gouttes couvrent mes pleurs. Je suis vraiment faible...

Après cette très longue douche, je sors enfin, emmiflouée dans mon pyjama. La main sur la poignée de la porte de ma chambre, j'entends le plancher craquer. Je tombe sur Nabil qui me fixe... 

La rose est grise (N.O.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant