Chapitre VIII : Requiem for a dream

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Adam ne trouva pas le sommeil cette nuit-là, hanté par les quelques mots que Larry lui avait glissé avant de le quitter : « On paye toujours pour ses erreurs... Tôt ou tard. Et la pire des punitions, c'est le goût amer que laisse la culpabilité ! ». Cette phrase se répétait en boucle dans son esprit, à tel point qu'il en arrivait à imaginer sa propre mère dans chacun de ces mots.

Sixteen, elle, ne ferma pas l'œil de la nuit, anéantie par tout ce qu'elle avait appris. Elle se remémorait alors sa conversation avec Adam lorsqu'ils étaient à Manchester. Et si elle avait toujours refusé de croire en ses théories, la réalité s'était imposée chaque jour un peu plus à elle, malgré tous ses efforts pour l'ignorer.

Elle aurait tellement aimé à cet instant être dans ses bras, mais persuadée qu'elle s'en sortirait seule, elle s'enfermait dans un silence qui la détruisait. Elle se voulait tiraillée entre ses sentiments pour Adam et ce passé, trop lourd à porter, qu'ils avaient partagé. Elle redoutait plus que tout de n'être à ses yeux que son amie Zoe.

Et lorsqu'elle avait ressenti ce regard, rempli d'espoirs, de nostalgie et d'impatience qu'il avait posé sur elle, elle ne pouvait qu'imaginer celui d'un petit garçon de huit ans retrouvant celle qu'il avait perdu il y a maintenant vingt ans. Mais pourtant, elle le percevait aussi brûlant de désir pour la femme qu'elle était aujourd'hui. Et malgré elle, elle s'y perdait désespérément, comme incapable de lutter.

Larry lui, revivait ce soir-là cette journée du 14 février 1999 qui avait vu sa vie bouleversée. Il ne pouvait s'empêcher de penser à celle qu'il avait aimée passionnément, celle qu'il n'avait jamais pu oublier en vingt ans. Elizabeth Davis n'avait cessé d'habiter son esprit tandis que Sixteen avait peu à peu comblé le vide qu'elle avait laissé dans sa vie.


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Dans la vie, lorsqu'on choisit un chemin glissant et que l'on tombe ; on accuse la fatalité. On appelle ça le destin. Ce qu'on oublie en revanche, c'est qu'il n'y a pas de fatalité. Nous sommes les maîtres de notre destin. Nous sommes nos propres maîtres. Nous sommes les capitaines de nos âmes. Nous sommes ce que nous choisissons d'être. Il n'y a rien de destiné, ce n'est qu'une question de choix.

Et quoi de plus facile lorsque l'on fait un mauvais choix que de prétendre qu'on y était destiné ? Rien n'arrive sans une bonne raison même si la réalité est parfois douloureuse. On dit aussi que nous ne voulons voir ce que ce que nous avons envie de voir ; même si la réalité s'impose chaque jour un peu plus à nous malgré tous nos efforts pour l'ignorer...


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L'enfant que je fus avait trouvé des réponses aux questions qu'il s'était posé... Et l'adulte que j'étais devait à présent faire face à ces réponses.

Aux premières lueurs du jour, Adam alla sonner à la porte de Sixteen. Après de longues minutes d'attente qui lui parurent une éternité, elle se décida à lui ouvrir. Il se retrouva face à son ami Zoe comme incapable de parler. Mais en sentant les premières notes fruitées de son parfum, en plongeant son regard dans le sien, il fut épris de l'envie irrésistible de la serrer, de l'embrasser.

Zoe était celle qui l'avait tourmenté, Sixteen celle qui l'avait fasciné, bouleversé, comme incapable de s'en libérer. Sixteen se réfugia dans ses bras. Une vague de frisson la parcouru lorsqu'Adam déposa dans le creux dans son cou un baiser.

- Tu trouverais ça ridicule si je te demandais comment tu te sentais ? Lui chuchota-t-il d'une voix douce, légèrement rauque.

- Ça t'étonnerait si je te répondais perdue ? Perdue et en même temps je ne me suis jamais sentie autant à ma place.

Sixteen ways to TurnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant