Chapitre IV : La mémoire dans la peau

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Francis Scott Fitzgerald a écrit :

« C'est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers les rives du passé. »


Adam venait de déterrer un petit coffre en fer à peine rouillé par le temps. Et c'est non sans une pointe d'excitation qu'il en souleva le couvercle. Il en ressortait de ce précieux trésor quelques babioles, des jouets d'enfants dont un petit koala en peluche. « Je l'avais offert à Zoe pour son anniversaire. » s'exclama-t-il avec un sourire empreint de nostalgie.

Trois petites enveloppes soigneusement cachetées venaient recouvrir le fond de la petite boîte. Et tandis qu'Adam s'amusait à nouveau avec les quelques jouets que renfermait son trésor, Sixteen avait déjà pris possession de ces petits papiers jaunis par le temps. Elle éprouvait une certaine excitation à décacheter la première enveloppe. Elle comprit alors ce qu'avait pu éprouver Adam en tenant entre ses mains cette petite boîte qu'il convoitait depuis tant d'années.

- « Quand je serai grand je voudrais voler comme un super héros ! ». Original pour un enfant de huit ans. Admit Sixteen visiblement amusée par leurs jeux d'enfants.

- Il s'appelait Smith, Owen Smith, il n'avait pas à être original. Rétorqua-t-il avec un mépris qu'elle ne lui connaissait pas.

Elle en fut presque surprise. Il demeurait silencieux, à contempler ce petit koala qu'il avait choisi avec la plus grande attention. Et c'est tout naturellement que Zoe l'avait glissé dans ce coffre. Cette peluche était ce à quoi elle avait le plus tenu. Quant à Adam, dans ce jeu d'enfants, il avait laissé une balle de tennis dédicacée de la main de Pete Sampras. Et Owen avait abandonné une partie de sa collection de carte Panini.

- Qu'est-ce qu'il est devenu ? Se risqua-t-elle à demander,

- Il a effectivement reçu le pouvoir de voler... des tableaux. Il était à la tête d'un trafic d'œuvre d'art avant de se faire arrêter au Moyen-Orient.

Face à l'ironie désagréable d'Adam, Sixteen resta de marbre, trop occupée à ouvrir l'enveloppe renfermant son rêve d'enfant.

- « Je voudrais être écrivain ! », ça c'est original ! S'exclama-t-elle.

Il esquissa un léger sourire face à la naïveté et l'innocence d'un enfant de huit ans.

- Je suis devenu éditeur, ce n'est pas si mal. Rétorqua-t-il comme pour justifier ce pseudo échec.

- Mais ce n'était pas votre, ton rêve. Remarqua-t-elle avec bon sens.

- Il faut avoir quelque chose à raconter pour être écrivain...

- Il faut surtout le courage de se lancer.

Sixteen Collins avait cette foutue manie de sans cesse vouloir avoir le dernier mot. Adam ne le supportait pas, d'autant qu'il avait la même.

- Et de quoi rêvait la petite Sixteen Collins à l'âge de huit ans ?

Avec sa question pétrie d'arrogance, il espérait la déstabiliser. Et malgré tous les efforts de la jeune femme pour le cacher, il y était parvenu.

- Ne me dis pas que tu n'avais pas de rêve ?! Lâcha-t-il d'un ton cynique presque méprisant.

Sixteen demeurait muette, comme indifférente à ses propos. Elle préférait sans doute se concentrer sur la dernière enveloppe. Celle de Zoe. Et avant même qu'elle n'ait put en sortir la petite carte qu'elle renfermait, Adam lui l'arracha des mains.

Sixteen ways to TurnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant