Chapitre 30 : Diaz

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Derrière la porte titanesque se trouvait un tout autre monde. Un monde sans gêne ni valeurs, un monde de sottise et de réunion, de liberté presque. Une tout autre ambiance y régnait. Les lois du monde ne semblaient pas s'appliquer dans cet endroit. Le sol était entièrement recouvert de tapis rouge-sang, les murs étaient en partie faits de velours noir. Diaz n'avait jamais vu de place avec des personnes si différentes les unes des autres, si uniques. Des Phantoms étaient mélangés aux Paragons, des élitistes servaient des verres aux Lost Souls. Il n'y avait rien qui rappelait la dure réalité extérieure. Et à la tête de tout ça, une dame des plus raffinées présidait sur un trône de taafféite bordeaux, un matériau si rare mais si magnifique. Le parfum de cette pièce était un mélange de Luna Rossa, qui avait une forte odeur habituelle pour un homme de caractère, et de lilas.

- Viens, qu'est-ce que t'attends ? - a dit Jess et a avancé sans plus attendre.

Diaz l'a suivi, incertaine de ce qu'elle pouvait bien trouver dans cet endroit si réservé. Son amie et elle se tenaient maintenant devant Betsy, la dame en rouge.

- Jessica, tu es donc venue, - a-t-elle dit d'une voix presque mielleuse, - je vois que tu n'es pas seule.

Jess c'est rapproché d'elle en ployant le genou.

- Oui, madame, je vous ai amené Diaz comme vous me l'avez demandé, - a-t-elle dit en baissant la tête.

Comment ça elle m'a "amené comme demandé" ? Je ne suis quand-même pas une marchandise.

- Très bien, alors on ne va pas perdre de temps, montrez-lui la salle d'opération, - a répondu Betsy en désignant deux hommes à ses côtés.

- Je ne comprends pas, qu'est-ce qui va m'arriver ? Jess, tu ne m'as pas expliqué ça ! - a rétorqué Diaz, inquiète.

- La meilleure chose qui soit, voilà ce qui va t'arriver, - a dit Betsy avant que Jess ne puisse prononcer un seul mot.

Sans plus attendre, les deux hommes ont sorti une Spiritball et ont de nouveau emprisonné Diaz, impuissante face à la situation. Dans cette nouvelle salle l'air n'était plus le même. Il faisait froid et tout était fait de métal, quel qu'il soit. Au centre se trouvait la même machine que celle des individus cruels dans les rues un peu plus tôt, à quelques détails près. Un emplacement était réservé à la boîte dans laquelle se trouvait Diaz et un corps étrange se trouvait déjà à l'intérieur qui, au passage, ne semblait plus très vivant.

La dame en rouge a fait son apparition quelques minutes plus tard.

- Vous pouvez commencer le processus de transfusion, - a-t-elle ordonné.

Jessica était au près d'elle et ne disait pas un mot. Un masque lui recouvrait la moitié du visage.

- Qu'est-ce que vous allez faire ? Il est encore vivant ce corps ? Il y a quelqu'un à l'intérieur ? - a crié Diaz pour qu'on puisse l'entendre par-dessus le bruit de la machine.

- Ne pose pas trop de questions, ma jolie, tu voulais un corps, le voilà, allez, au boulot ! - a prononcé Betsy avant de s'installer sur la seule chaise rembourrée.

Le cube a été inséré dans la machine et les tubes ont commencé à se remplir. Dès que le liquide a atteint le corps, celui-ci s'est violemment plié vers l'arrière et des cris ont résonné. Pendant deux longues heures, cette personne hurlait, se débattait, en vain. Avec le temps les cris se faisaient de plus en plus rares, jusqu'à cesser complètement. L'esprit en était libéré avec succès et celui de Diaz se faisait maintenant aspirer pour combler le vide créé dans cette enveloppe charnelle. Et l'autre âme, elle, s'est vu retirer par l'un des tubes connectés à un dispositif libellé "les autres". Il a fallu du temps pour que l'esprit de Diaz se mette en place dans sa nouvelle maison. Mais elle était enfin là, présente en chair et en os. Ses yeux se sont ouverts et elle a inspiré brusquement. Elle se trouvait désormais dans un corps de Phantom, le seul corps féminin de ce type dans toute la ville.

Mais le processus n'était pas fini. Pour être un réel Phantom, avec tous les pouvoirs requis, son âme devait être mise en harmonie avec une autre, c'est ça qui donne la force à ces militaires. Seuls les premiers 500 Phantoms ont cette capacité, les autres ne sont que des recrues parmi les civils sachant à peine se battre. Il allait donc y avoir un numéro 501, créé artificiellement dans cet endroit douteux.

- Vous avez fait votre choix, madame ? - a demandé l'un des deux hommes.

- Oui, - a-t-elle répondu d'une voix sèche, - prenez l'âme de Jessica.

Le cœur de Jess s'est arrêté un court instant, ses yeux étaient plus écartés que jamais, elle n'arrivait pas à y croire. Elle qui a dédié tant de temps à cette organisation, elle allait enfin accomplir quelque chose de bien, quelque chose qui la relèvera aux yeux de la dame en rouge. Elle allait enfin être quelqu'un de réellement utile. Sans dire un mot, elle a avancé vers une autre machine et a ôté tous ses vêtements au passage. Elle était prête à commencer sa nouvelle vie. Les hommes l'ont installé et lui ont branché tous les tubes. Elle criait de douleur mais elle n'avait pas le choix. Il fallait souffrir avant d'avoir un quelconque résultat.

- Allez-y, - a-t-elle dit quand on lui a enfin retiré le masque.

De la même manière son âme a été séparée de son corps et bientôt ce n'était plus qu'une enveloppe sans but, un simple emballage. Sa Spiritball a été mise dans la machine de Diaz et la liaison a débuté. L'esprit a été libéré dans le corps de Diaz mais ne semblait pas vouloir y rester. Comme si Diaz le repoussait. Une bataille s'est créée entre les deux âmes et a duré jusqu'à ce que les deux soient à cours de force. C'est à ce moment-là que ça s'est produit. Les esprits ont fusionné pour donner naissance à quelque chose de nouveau, de plus beau. Ce n'était plus Diaz et ce n'était plus Jess, c'était un être totalement différent. C'était le Phantom 501.

Héritage : Tome 1 : Amnesia CorpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant