Chapitre 13 : Diaz

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Elle était seule. Essoufflée. Ses jambes l'abandonnaient peu à peu. Elle ne savait pas où elle était, ni où elle allait. Les horribles créatures ne la poursuivaient plus. Mais elle n'avait aucune idée de ce qui l'attendait ici. Ce quartier était totalement ravagé, il n'y avait aucune verdure, très peu de lumière, aucune forme de vie. Même les rats n'y trainaient pas. Au loin, des chiens sauvages torturaient une chair putride. Il faisait noir et froid. S'il y a un an quelqu'un avait dit à cette fille de président qu'elle allait se retrouver à la rue un jour, elle lui aurait ri au nez. Maintenant elle rigolait moins. Sans argent elle ne pouvait aller nul part. D'ailleurs elle n'aurait même pas su où aller. Si seulement elle était partie avec Steve ... Sa peau fragile était couverte de taches rouges, brûlée par l'eau acide de la douche du motel. Elle avait mal, elle était désespérée, elle n'avançait plus.

Un homme s'est approché d'elle. Grand, mince, couvert de rides. Il était vêtu d'un manteau noir et d'un Fédora de la même couleur. Ce chapeau lui donnait un charisme incroyable. L'homme avait clairement du mal à tenir debout sans sa canne ornée d'argent. Il a regardé Diaz pendant quelques minutes avant de parler.

- Lève-toi, tu n'as rien à faire ici, - a-t-il dit sèchement.

Lentement, avec beaucoup de peine, elle s'est levée. Elle n'avait pas d'autre choix que de l'écouter et de le suivre.

- Dépêche-toi, beaucoup de gens sont à tes trousses, il ne faut surtout pas que quelqu'un te reconnaisse, je ne veux pas de morts ici, il y en a déjà assez qui pourrissent dans les rues, - a-t-il continué sur le même ton.

Après quelques minutes de marche, ils se tenaient devant une petite porte noire d'une maison qui semblait écrasée entre les deux autres à ses côtés. L'homme a sorti une vieille clé rouillée et l'a tournée dans la serrure.

- Entre, je te prie, - a-t-il dit en allumant une lampe en kérosène.

L'intérieur sentait l'humidité et le vieux parfum de grand-mère, le papier peint tenait à peine sur les murs et le sol, ainsi que tous les meubles, était couvert de poussière. Mais malgré tout ça, Diaz avait le sentiment d'être chez elle, en sécurité. C'était étrange, comme si elle y avait passé la plupart de ses vacances étant enfant.

- Merci de m'avoir aidée, monsieur, - a enfin prononcé Diaz.

- Ce n'est rien, vraiment, - a-t-il répondu timidement.

- Visiblement vous me connaissez mais je ne sais rien de vous, - a-t-elle dit d'une voix interrogatrice.

- Il n'y a rien à savoir, tu peux dormir ici cette nuit mais si tu veux rester il va falloir travailler, je ne loge pas gratuitement. Profite pour te laver, ici l'eau est pure, ça apaisera tes brûlures. La salle de bain est au bout du couloir, juste à côté de la chambre d'amis. Pas la peine d'essayer d'ouvrir les autres portes, elles sont toutes fermées à clé.

Sur cette réponse brusque, Diaz s'est retirée de la vue de l'homme. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire ni du travail qu'elle devra fournir si elle décide de prolonger son séjour. La décoration de la maison était simple, quelques cadres sur les murs, vieux vases vides dispersés sur toutes les tables, ... La seule chose intéressante était l'armoire transparente du salon, de loin on y voyait vaguement quelques trophées et médailles.

Dans la douche, l'eau coulait paisiblement sur le corps abimé de la jeune fille. Elle repensait à tout ce qui lui était arrivé depuis sa fuite mais elle ne le regrettait pas. L'état de Steven l'inquiétait, s'en est-il sorti finalement ? Il lui manquait.

Une fois sortie, elle n'avait plus la force de faire quoique ce soit. Elle s'est donc couchée dans son lit, à peine les yeux fermés elle dormait déjà. L'homme, lui, restait dans le salon, il ne dormait pas, ne lisait pas, il était simplement assis, perdu dans ses pensées. Lui aussi a perdu quelqu'un, il y a bien longtemps. Enfaite, il a perdu deux êtres chers qui ne faisaient qu'un à ses yeux. Ses fils jumeaux, Stephen et Darcy. 

Héritage : Tome 1 : Amnesia CorpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant