chapitre 34

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Je suis consciente que je ne suis plus totalement fraîche. Les verres que j'ai bu sont bien passés et les prochains ne vont pas m'aider. Adrian, en face de moi fait, me nargue. Il joue avec la balle, me fixe sourire en coin, un air de défi au visage.

Adrian - Prête ?

Je m'appuye sur la table de mes deux mains et plante mon regard dans le sien.

Moi - Comme jamais !

Adrian - Alors c'est parti !

Il tourne sur lui-même et lance la balle d'un geste souple. Elle atterri en plein dans le verre du milieu. Julien lance sans attendre la sienne et ne loupe pas non plus. Bon bah... À votre santé ! Je retire les balles avec une moue déçue et rebutée par les mélanges qu'on s'apprête à boire. Je tend un verre à ma coéquipière. On trinque rapidement et bois sous les encouragements des spectateurs qui se font de plus en plus rares. On entends des "cul-sec ! Cul-sec !". Quand je pose fièrement le verre sur la table je reçois des applaudissements.
Les échanges s'enchaînent et effectivement ma partenaire de jeu n'est pas très utile. Les garçons ont bus à eux deux ce que j'ai bu seule. 4 verres pour moi, 3 verres pour je ne sais pas son nom, elle en a renversé un, 2 pour Adrian et 3 pour Julien. Je viens tout juste de marquer par chance. La fille à côté de moi s'assoit.

... - Je... je peux plus... si je bois encore je vomis

Julien - Tu continue seule ?

Adrian me regarde d'un air satisfait et ne cache pas son sourire. Je hoche la tête difficilement et relance les deux balles sans succès. Encore 2 verres et j'ai perdu. Je ne vais jamais réussir à gagner la partie. Il reste 5 verres de leur côté de la table. D'ailleurs elle tourne, tout tourne un peu autour de moi, je vais jamais viser dans les verres dans cet état. Les garçons relancent et heureusement pour moi les balles n'atteignent pas les verres. Je demande une bouteille d'eau.

Julien - hep hep hep ! Tu finis la partie avant de boire de l'eau.

Je lui tend mon majeur et lance les deux balles de façon hasardeuse. Loupé. Adrian me fixe, je fais de même, j'ai l'impression d'être sur un bateau et que je vais tomber. Mais je tiens bon. Il lance la première balle qui atterri dans l'avant dernier verre. Puis la seconde qui plonge à mon grand regret dans le dernier verre.

Adrian - T'es pas obligé de les boire si tu admet que tu t'es pas de taille et que j'ai gagné.

Même si le marché est vraiment tentant je secoue négativement la tête. Je plonge mon regard dans le sien et ne le lâche plus. J'attrape le premier verre et le descend lentement d'une traite. Je le pose puis prends le deuxième. Le sourire d'Adrian s'efface peu à peu, ses sourcils se froncent et il de concentre sur chacun de mes gestes. Je lève le verre en sa direction comme pour dire "à ta santé", le regard toujours encré dans ses yeux qui s'assombrissent petit à petit. Je porte le verre à mes lèvres et l'incline pour laisser le liquide me brûlé l'œsophage. Je bois tout aussi lentement regardant de travers Adrian qui se contracte muscle par muscle. Une fois le verre fini je le dépose en tapant du plat de la main sur la table. Je lève les sourcils et incline la tête en souriant. Je m'appuie sur la table parce que mes jambes commencent sérieusement à se ramollir. La partie finie le monde qui restait autour de la table se disperse. Julien me lance un regard que j'ignore et balance un "je vais pisser" sur un ton irrité. Toujours plongée dans ses yeux, je me dirige tant bien que mal vers Adrian. Je passe à côté de lui et en profite pour lui donner un coup d'épaule volontaire. Je lui souffle à l'oreille.

Moi - Tu as simplement gagner une partie de bière pong, JE suis de taille alors lâche moi...

Je passe derrière lui et me retourne pour poser ma main sur son épaule.

Moi - Passe une bonne soirée... dis-je sur un ton milieux et hypocrite

Il se retourne face à moi en attrapant mon poignet. Il me tire vers lui et serre de plus en plus sa prise. Sa respiration est sonore et les muscles de sa mâchoire trahissent son agacement.

Moi - lâche-moi !

Je me débat un peu en me tortillant. Il attrape mon autre poignet pour m'empêcher de bouger plus.

Adrian - Tu vas m'écouter attentivement...

Je me tortille de plus belle et il me secoue d'un geste sec violent. J'en ai un haut le coeur, j'ai besoin d'eau et de m'asseoir.

Adrian - Tu m'écoute maintenant ?

Je ne bouge plus mais ne répond pas pour autant.

Adrian - Jouer avec moi c'est une chose même et je dois avouer que tu m'agaces vraiment, mais tu devrais arrêter de t'amuser pour ce soir et aller dormir dans un endroit sûr.

Un endroit sûr ? Arrêter de m'amuser ? Il se prend pour qui là ?

Adrian - T'es plus en état, tu vas faire une connerie ou il va t'arriver une merde.

Je tiens bizarrement sur mes pieds, Adrian me retiens un peu et j'essaye de formuler une phrase malgré le brouillard qui s'est formé dans ma tête.

Moi - T'Es qUi tOi PoUr me dIRe... Ça, C'eSt PAs pAce'qUe T'es SExY qUe tu pEux Me DIre cE'qUe J'dois fAIrE ! C ToI Qu'A cOmmEnce mOi j'Ai rIen FaIt MaiNtEnAnt jE VaIs aLLer BoirE de l'EaU Et m'AmUsER !

Adrian - Alice arrête ! Sérieusement tu devrais m'écouter. Tu m'énerve franchement là, ne sois pas constamment contre moi surtout si c'est pour ton bien que je dis ça.

Il se fout de moi là ? Pour mon bien, c'est une blague ?

Moi - POUR MON BIEN TU TE FOUS DE MOI EN FAIT ? TU M'EMBRASSE ET APRÈS TU GALOCHE TOUUUUTES LES FILLES QUI TE TOMBENT SOUS LA MAIN ! TU CROIS ÊTRE LE PLUS FORT, CELUI À QUI ON DONNE, PARDONNE TOUT ! MAIS NON T'ES PAS IRRÉSISTIBLE MÊME SI T'AS UN CUL D'ENFER ! T'ES LE SEUL DONT JE DOIS M'ÉLOIGNER. JE TE DÉTESS...

Il plaque sa main sur ma bouche pour me faire taire.

Adrian - Tu gueule là ! Et contre moi en plus ! Crois-moi je suis pas celui dont tu devrais t'éloigner, du moins pas le seul. Alors arrête ! Arrête de me tenir tête ! Tu le fais constamment et c'est très mauvais !

Je gigote de nouveau et le tape de ma main libre. Enfin le taper est un grand mot, je jette ma main dans l'air dans tous les sens, on dirait plus que je chasse une mouche. Je veux qu'il me lâche. Je trébuche mais il me retiens par le poignet et la taille. Il me colle contre lui pour me permettre un appui.

Moi - Laisse-moi s'il te plaît.

Je ne bouge plus tellement et ma voix se casse. Il relâche sa pression et me lâche totalement quand je semble retrouver une stabilité convenable.

Adrian - Fais attention à toi c'est tout, fais pas de conneries...

Sa voix est basse et énervée. Il rentre en trombe dans la maison laissant derrière lui une ambiance de destruction. Je ne réplique pas, j'en ai pas la force. Je m'engouffre à mon tour dans la demeure à la recherche d'eau.
Je trouve des bouteilles d'eau vides. J'en prends trois et commence à les rincer, on sait jamais ce qu'il y a eu dedans. Je les remplis ensuite au robinet et en descend une rapidement. J'ai soif. Puis une bouteille d'eau sous chaque bras je me fond dans la foule pour traverser le salon à la recherche du canapé. Une fois ma cible en visuel je marche en esquivant les gens qui dansent. Je m'affale lourdement dans le meuble, gardant contre moi les deux bouteilles d'eau. Mes paupières sont lourdes et mon estomac se balance dans tous les sens comme ma tête. J'ouvre une bouteille et la bois lentement.

TensionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant