On est déjà à la fin des vacances de la pentecôte. Ma prof de français nous a donné un devoir à faire sur Romain Gary, un auteur juif. Il m'a pris une bonne semaine. C'était un travail complexe. Sympa, mais complexe. C'est toujours difficile de lire des livres quand on est « forcé ». D'ailleurs, on est deux a beaucoup travailler. Quentin révise beaucoup son bac dans sa chambre.
Cher journal,
La guerre ouverte avec Alban a pris un nouveau virage. Aujourd'hui, on était en sorti à Oradour-sur-Glane. C'est un village qui a été ravagé par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale au moment du débarquement de Normandie. On était tous les troisièmes à y aller. Juste après être sorti du bus et avant de rentrer dans le village, on était dans le musée. Je suis allé aux toilettes pour pisser. Il n'y avait plus de place dans les urinoirs, parce que tous les garçons avaient décidé de faire pipi à ce moment, donc je suis allé dans les toilettes fermées. Alors que je sortais, je me suis retrouvé bloqué. Je n'arrivai plus à ouvrir ma porte de cabine. Je forçais, mais ça ne marchait pas. J'ai entendu des rires et des bruits de pas. Je les ai reconnus : c'était Alban et ses potes. Alors que je continuais à essayer de sortir, ça ne marchait pas. J'ai attendu un moment. J'étais tout seul, assis et je pleurais. J'en ai vraiment marre. Je ne leur ai rien fait au début. C'est eux qui ont commencé. Ils voulaient quoi ? Que je reste à ne rien dire, que je continue à me faire insulter et embêter sans rien faire ? C'est normal que je réagisse. Au bout d'un moment, j'ai entendu des pas dans les toilettes et j'ai senti que quelqu'un enlevait ce qu'il y avait devant ma porte. Je suis sorti tout de suite avec mon sac en remerciant la personne sans la regarder. J'ai vu qu'il avait une chaise entre les mains. Je suis retourné en courant vers là ou m'attendait tout le monde. Mon prof d'histoire m'a vu. Il m'a engueulé très fort. Il m'a dit que ça faisait une demi-heure qu'ils m'attendaient, que je les avais retardés. J'ai vu Alban et ses potes rigolés. Le prof m'a dit d'aller avec lui devant, comme ça « je pourrais avoir un œil sur toi ». Je ne pouvais pas retourner avec mes copains. C'était tellement injuste. Pendant toute la visite, j'étais à côté du prof. Je n'arrivai pas à m'intéresser à ce qu'il se passait tellement j'étais occupé par mes pensées. Quand on est remonté dans le bus, le prof m'a autorisé à aller où je voulais. Je suis parti me mettre tout seul à une place. Marie s'est assise à côté de moi et m'a tenu la main. J'avais très envie de pleurer. Mais je ne l'ai pas fait : Alban n'était pas loin.
Dans quelques jours, c'est le brevet. Aujourd'hui, j'étais avec mes potes et Marie dans la cour. On discutait de films, d'histoires, de tout et n'importe quoi. Au bout d'un moment, j'ai vu deux élèves arriver vers moi. Ils m'ont dit que c'était des copains de ma sœur et qu'un des potes d'Alban était venu la voir dans le self en lui disant quelque chose de pas cool. Du coup, on est partis tous les six vers ma sœur. Quand je suis arrivé, elle était triste, pas bien. Je lui ai demandé ce qu'il n'allait pas. Elle n'a pas voulu me répondre. Du coup, ses copains m'ont expliqué que le pote d'Alban lui avait dit qu'elle était comme moi, « une merde ». A ce moment, je me suis mis à rechercher Alban du regard. J'étais très énervé. J'avais envie de les retrouver et de les défoncer. Marie l'a vu, et m'a dit que ça ne servait à rien. Mes potes m'ont dit que le brevet était dans quelques jours et que ça ne changerait rien pour Alban et ses potes. Ils m'ont dit que j'allais être puni pour rien si je me faisais chopper. Je sais qu'ils ont raison, mais j'avais tellement envie de les frapper. Au bout d'un moment, Marie s'est mise en face de moi et m'a dit qu'il valait mieux que j'en parle à ma mère avec ma sœur. Du coup, le soir, on s'est retrouvé à table et ma sœur à tout expliqué à ma mère. Ma mère était choquée. Marc n'a rien dit. Mon frère venait juste de descendre de sa chambre. Il a demandé à ma mère ce qu'il se passait. Ma mère lui a réexpliqué. Mon frère m'a regardé et m'a demandé si c'était les mêmes personnes avec lesquelles je m'étais battu. J'ai répondu que oui. Après, on a beaucoup discuté de ce qu'il fallait faire, parce que le collège ne ferait certainement rien. Au bout d'un moment, Marc a fini par dire que le brevet allait arriver et que cela ne servirait à rien de faire quelque chose. Dans quelques jours, ça ne serait qu'un mauvais souvenir.

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Cher Journal
Non-FictionSuivez les confidences d'un jeune garçon de sa sixième à sa première : histoire de cœur, de famille, conflits internes, amis... Et si c'était vous ?