Cher Journal

Chapitre 25

Cher journal,

Ça me fait bizarre de relire tout ça. Ça va faire maintenant longtemps que je n'avais pas réouvert tes pages. En fait, ça fait même deux ans. Je suis maintenant à la fac. Je suis toujours avec Marie. On a emménagé ensemble quand on est allé à Paris. Je fais des études en sociologie et elle des études de psychologies. Nous sommes très heureux ensemble. Papa me manque, surtout dans cette période de la vie où nous passons un cap en changeant de ville, donc de rythme, où nous nous faisons d'autres types d'amis, plus importants, avec des discussions et des échanges plus fort. Après l'épisode Benjamin, le lycée s'est beaucoup mieux passé pour moi. Alors que j'étais tout seul au self, il est venu s'installer en face de moi. Au début, j'ai eu un peu peur mais nous avons parlé pendant un long moment. Ça a été très intéressant. Il m'a expliqué qu'il ne s'était pas rendu compte qu'il avait un tel impact sur moi. Pour lui, c'était juste une façon comme une autre de me provoquer, de me faire bouger un peu, pour voir comment je réagissais. On n'est pas devenu les meilleurs amis du monde, mais on a quand même changé notre relation. J'ai beaucoup remercié Marie pour ce qu'elle a fait. D'autant plus que j'ai eu l'occasion de faire la même chose avec un pote plus jeune que moi. Ça a été difficile, autant pour lui que pour moi, mais ça a été. En plus, ça m'a permis de prendre conscience d'une chose hyper importante : ça n'est pas une tare de ne pas réussir à se défendre tout seul. On n'est pas plus une merde pour autant. Mais il faut juste prendre le temps de s'en rendre compte. Aujourd'hui, je suis heureux de ce que je suis devenu. J'ai beaucoup évolué, même si je sais que j'ai encore un long chemin à parcourir avant de gagner pleinement en maturité. Je te remercie vraiment d'avoir été là pendant toutes ces années. Tu m'as été un être vraiment précieux. Un objet de transition primordial dans ma vie. Mais bon, le temps passe et il faut passer à autres choses. Ça m'a fait bizarre de retomber sur toi, de relire tes pages. Mais ne t'inquiète pas, tu resteras toujours près de moi, comme une part de mon enfance qu'il ne faut pas oublier.

Cher journal, au revoir.