Profondément endormi dans mon lit, une violente sonnerie me fit sursauter. Je tournais sur moi-même pour éteindre ce putain de réveil. Dans la précipitation et l'esprit en vrac, je voulus atteindre mon fauteuil mais en posant ma main dessus je le repoussais du bout des doigts puis m'affalais comme une merde sur le sol.
Putain ! Dépité, je regardais autour de moi afin de chercher un appui pour m'aider à me relever. Ma chambre était éclairée par la lumière du jour, puisque j'avais oublié de fermer les volets la veille. C'était une belle journée qui s'annonçait malgré le froid mordant de la ville de New York.
Mes yeux se posèrent à nouveau sur mon maudit fauteuil. J'allais devoir ramper comme un connard pour m'y asseoir et cette perspective m'arracha un énième juron. Trois jours que je n'étais plus libre de mes mouvements, prisonnier d'une nouvelle vie que je n'avais pas choisie. Merde, m'apitoyer sur mon sort n'était pas mon genre. J'avais été footballeur, les coups encaissés me rendaient plus fort dans ma détermination à me battre.
Seulement cette fois, les choses étaient différentes et composer avec cet handicap semblait insurmontable.
Le mot handicap me donnait déjà la nausée alors en être victime me mettait plus bas que terre. C'était le cas de le dire.
Soudain, on frappa à la porte.
— Est-ce que tu vas bien ? J'ai entendu ton réveil sonner. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.
Je serrais les dents. Keyla voulait prendre soin de moi, et c'était tout à son honneur. Mais bordel ce matin j'étais de mauvaise humeur. Couché sur le sol j'avais l'impression qu'on m'avait ôté toute virilité. Être dépendant des autres était humiliant.
— Il va falloir que tu me répondes, je suis désolée d'insister.
J'aimais énormément Keyla mais à ce moment précis, elle me faisait rudement chier. J'en voulais à la terre entière avec cette envie de cracher ma haine à la gueule du monde. J'inspirai un grand coup et commençais à me hisser tel un serpent vers mon fauteuil.
— C'est bon, je gère !
Hier soir, crevé, j'avais oublié de bloquer les roues, putain !
— L'infirmier que tu as eu à l'hôpital est arrivé. Quand tu seras prêt, rejoins-nous dans le salon s'il te plaît.
Je m'assis sur le fauteuil, essoufflé. Comme si j'avais couru un marathon. Tout résidait dans la force de mes bras, ils allaient devenir mes alliés. J'entendis les pas de Kayla s'éloigner.
À ma demande, je n'avais passé que trois jours à l'hôpital et on m'avait obligé à avoir des soins à domicile, ce qui semblait évident.
Je pris mon courage à deux mains, sortis de la chambre et me dirigeais directement dans la salle de bains, se situant juste à côté. Heureusement, le lavabo était à ma taille et je pus faire ma toilette du visage. On frappa à la porte que je n'avais pas fermée.
— Bonjour, bien dormi ?
Je me tournais vers l'infirmier vêtu de sa tenue blanche. C'était un mec assez efféminé, qui prenait trop soin de lui, au point où je m'étais posé des questions au sujet de sa sexualité.
Nate savait que je ne lui répondrais pas, il connaissait la situation. Comme toujours, je hochais simplement la tête. Il avança et proposa de m'aider à me déshabiller. Nous avions pris une chambre d'hôtel adaptée aux personnes handicapées. J'ignorai que ça existait. D'ailleurs, pour quelle raison m'y serais-je intéressé avant ?
Dans la douche à l'italienne se trouvait un espèce de banc et une barre sur laquelle je pris appui. Je déglutis, mal à l'aise comme à chaque fois où j'étais assisté. Et vu qu'aujourd'hui mon humeur était exécrable, il fallait que je m'en prenne à quelqu'un.
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Au-delà de ton silence
RomantikJ'avais tout. Star de l'équipe de football, fils unique, des parents aimants, la vie me souriait et l'avenir semblait prometteur. Mais quand on croit briller parmi les étoiles, la chute au sol est redoutable. Il ne reste plus rien, mise à part les...